SNCF RATP La tendance est à la reprise mais aussi à la radicalisation

samedi 24 novembre 2007.
 

Grève. Alors que le trafic revient à la normale, des grévistes dressent le bilan de leur action.

Gare de Lyon, SNCF

Fief de Didier Le Reste, patron de la CGT cheminots, la gare de Lyon, à Paris, n’a pas suivi l’appel à une suspension de la grève défendue par le syndicat majoritaire à la SNCF. Deux AG sur trois ont reconduit le mouvement. Au grand dam des délégués CGT, qui contraient les arguments de SUD rail en arguant d’un faible nombre de grévistes (14,5 % selon la direction). « Quand la CGT a appelé à la reprise, ça a été la cohue, les grévistes n’ont pas compris. Car hier, on n’a rien obtenu sur nos revendications, rien ! dit Anissa, guichetière militante à SUD rail que Libération suit depuis le 14 novembre. Un fossé se creuse entre les cheminots et la CGT. » Elle se prépare à une AG plus « houleuse » aujourd’hui. Voire à « être obligée » de retravailler demain.

Marseille, SNCF

Seuls les conducteurs continuent la grève. Deux AG sur trois ont voté la suspension du mouvement. « Une façon de ménager sa monture », note Marc Pastorelli (CGT). Et d’être réaliste : « On est partis à 75 % de grévistes. On en est à 22 % », admet André Ori (CGT). La CGT a donc gagné, contre SUD et FO.« Sidérant, dit Fred Michel, de SUD. Huit jours de grève pour ça. Du saupoudrage, des cacahuètes. » SUD, bastion de radicalité ? « Quelle radicalité ? On est entré en grève sur certains points, on n’a pas eu satisfaction, on continue ! » Un agent regrette : « On aurait dû bloquer ! Pas de train. Le jeu du chat et la souris avec les CRS, on sait faire. » Un autre : « On a perdu la guerre ! D’habitude, on négocie et, si ça échoue, on fait grève. Là, on a fait grève pour arriver à des négos. Le monde à l’envers ! »

Paris, RATP

Jean-Paul Boisserand, le machiniste RATP que Libération suit depuis le début, est amer. A l’AG de Montrouge, la grève a été reconduite mais « demain devrait sonner la fin du mouvement ». Jean-Paul se sent lâché par la CGT, « même si des avancées ont été obtenues ». Sur le réseau RATP, la tendance était donc à la reprise hier : 11,7 % de grévistes contre 16,4 % la veille. La direction est optimiste : le trafic bus, métro et RER devrait être proche de la normale avec, notamment, le redémarrage de la ligne B du RER.Le vote de la reprise sur cette ligne, qui n’avait quasiment pas marché depuis le début du conflit, est un symbole fort de l’essoufflement du mouvement. « La tendance est peut-être à la reprise, note Philippe Touzet, de SUD RATP, mais aussi à la radicalisation : des dépôts ont voté la reconduction avec un taux de grévistes minoritaires. » De nouvelles négociations devraient avoir lieu lundi.

de MICHEL HENRY (à Marseille), LAUREEN ORTIZ et LUC PEILLON


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message