Lycéen de Nantes grièvement blessé : le policier en cause ira au tribunal (7 articles)

jeudi 12 août 2010.
 

1) Lycéen blessé au flashball à Nantes : le policier ira au tribunal (Ouest France le 10 août 2010)

Son lanceur de balles avait occasionné la quasi-perte de l’œil d’un lycéen, pendant la dispersion de l’occupation du rectorat, en 2007. Le gardien de la paix est renvoyé en correctionnelle.

« Renvoyer devant le tribunal un gardien de la paix qui agit sur ordre, c’est très surprenant, s’étonnait hier avec amertume Olivier Tonnerre, secrétaire zonal du syndicat de police Alliance. Le collègue est intervenu sur instruction de l’autorité légitime, suite à une réquisition de l’inspecteur d’académie dont les locaux venaient d’être envahis. »

C’était en novembre 2007. En toile de fond, les luttes anti-loi Pecresse sur l’autonomie des universités. Les manifestants s’étaient invités dans l’enceinte du rectorat de Nantes. C’est au cours de la dispersion du groupe qu’un lycéen de 17 ans était touché à l’œil par le tir d’un lanceur de balles. L’utilisation de cette arme, alors expérimentale, n’était pas encadrée à l’époque. Depuis, des instructions relatives aux conditions de son emploi ont été publiées.

Après de nombreux épisodes judiciaires, parmi lesquels l’ouverture d’une information judiciaire confiée à deux juges d’instruction, le gardien de la paix a finalement été mis en examen début mars pour violences volontaires avec arme ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à huit jours, avec usage d’une arme, par personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions. Fin mai, Xavier Ronsin, procureur de la République de Nantes, avait requis le non-lieu pour le mis en examen, considérant notamment que le policier avait agi dans un contexte de légitime défense puisque, argumentait-il, « l’information judiciaire a établi que des projectiles avaient été jetés sur les forces de l’ordre ».

Hier pourtant, les juges ont signé l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel. « C’est une très grande satisfaction quant à la manière dont le dossier a permis de cerner les responsabilités, et sans doute sur l’impossibilité totale que le policier ait pu agir dans un cadre de légitime défense », estime Franck Boëzec, avocat du lycéen.

« C’est très positif si nous avons confirmation écrite de cette décision, considère le père du jeune homme blessé. Mais cela vient après une procédure anormalement longue de près de trois ans. » Pour autant, nuance-t-il, ce renvoi est une étape nécessaire mais non suffisante, pour « que toute la lumière soit faite sur les responsabilités de la hiérarchie policière et préfectorale dans cette affaire importante pour les droits de tous ».

Agnès CLERMONT

Source : http://www.ouest-france.fr/actu/act...

2)Le Canard Enchaîné (fin novembre 2007) : Des choses qui n’existent pas

de Jean-Luc Porquet

AVEZ-VOUS entendu parler de Pierre ? C’est un lycéen de Nantes. Il a 17 ans. Voilà deux semaines, le mardi 27 novembre, il est allé manifester contre la réforme sarkozyste de l’université. Il se trouvait sur les pelouses du rectorat, avec un bon millier de manifestants, quand les CRS et les flics sont, arrivés, et ont chargé. Brutalement. En tirant au Flash-bail. Pierre a reçu une balle dans l’œil. Transporté en urgence à l’hôpital. Dès le lendemain, le préfet se sentait en mesure d’affirmer aux journalistes que le diagnostic était "plutôt rassurant".

Ce préfet est formidable. Il est plus rapide que les médecins du CHU. Lesquels, deux jours plus tard, estimaient le pronostic « incertain » et relevaient un "potentiel de risque de perte complète de la fonction visuelle" : "Des complications peuvent-survenir (décollement de la rétine, glaucome post-traumatique)." A l’heure qu’il est, Pierre est sorti de l’hôpital. Il a 23 jours d’ITT. Et le pronostic est toujours incertain.

Alors, aviez-vous entendu parler de Pierre ? Les médias ont été d’une discrétion de violette à son sujet. Après tout, un gamin qui risque de perdre un œil, ça n’est guère une information. Il n’avait qu’à pas. Il ne nous intéresse pas. Les seules victimes dignes d’attention sont celles auxquelles s’intéresse l’omniprésident Sarkozy.

Savez-vous qu’à Nantes, le jeudi 29, près de quatre mille jeunes ont manifesté pour protester contre les violences policières, et notamment celle-là ? Il semblerait que tout le monde ne trouve pas parfaitement normal le fait que le droit de manifester s’accompagne désormais du droit à avoir un œil en moins. Mais qu’est-ce que quatre mille personnes ? Dans les médias nationaux, rien ou presque. Savez-vous qu’en fin de semaine dernière 30 universités françaises étaient encore bloquées ? 31 selon SUD-étudiants, entre 13 et 17 selon les anti-bloqueurs de « Libère ta fac »... Et que 41 lycées l’étaient aussi ? Là encore, les médias ont été d’une discrétion remarquable. Après tout, les principaux syndicats lycéens et étudiants Fidl, UNL et Unef ne soutiennent plus le mouvement, donc la ministre Pécresse a gagné, donc les blocages n’ont plus lieu d’être, donc c’est comme s’ils n’existaient pas, donc ils n’existent pas : pourquoi parler de choses qui n’existent pas ?

Pour être informé du fait que les facs françaises bougent, qu’elles bruissent encore de débats, d’assemblées générales, de manifs, de grèves, il n’y avait, ces derniers quinze jours, qu’un seul recours : les sites Internet du réseau Indymedia, à Paris, Lille, Nantes, Grenoble, Toulouse, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand, ou Rebellyon à Lyon, Bellaciao à Paris, etc. Le tout formant une sorte de vaste place publique où claquent au vent les dazibaos, vivante, engagée, subjective, alimentée par des militants (donc pas forcément fiable : il faut recouper), avec tracts, vidéos, photos, appels à manifester, agit-prop, agendas, etc. Oui, c’est sur ce média alternatif, multiforme ouvert et bordélique qu’on pouvait (et qu’on peut toujours) s’en apercevoir, tellement il déborde de contributions ces jours-ci : la loi Pécresse, même assaisonnée de quelques milliards, ne fait toujours pas l’unanimité. Une info à transmettre à TF1...

3) Communiqué des parents de Pierre Douillard, lycéen blessé au visage par un flashball en manifestation devant le Rectorat de Nantes

30 novembre 2007

Alors que le pronostic médical sur l’oeil de notre fils reste très réservé en cet après-midi, nous, ses parents, voulons savoir quel a été l’enchaînement des faits qui peut conduire la police à viser au visage, avec un flashball, un lycéen désarmé qui n’a même pas 17 ans, alors que son groupe de manifestants s’était retiré du Rectorat et se trouvait sur la voie publique hier soir.

Nous réclamons au Recteur d’Académie (que nous rencontrerons ce soir à 19 heures), au Préfet, au Procureur de la République, une enquête sérieuse sur les faits d’hier soir, non seulement pour Pierre, mais pour défendre l’intégrité physique et les droits de tous les jeunes lycéens et étudiants à manifester pacifiquement.

Par ailleurs, nous demandons à tous les témoins des faits de bien vouloir prendre contact avec nous.

Nous demandons aux professeurs d’accompagner les jeunes lorsqu’ils manifestent sur la voie publique, afin de ne pas les laisser démunis face à l’arbitraire.

A tous les jeunes, nous demandons ne pas céder à la provocation, car c’est justement ce que souhaite ce gouvernement. Unis dans la non-violence active, nous serons plus efficaces.

Luc Douillard, Emmanuelle Lefevre

Si la télé, les journaux n’en parlent pas c’est à nous de se substituer à la télé et aux journaux.

Libérons l’information Merci

1er décembre 2007

Le pronostic reste réservé ce jeudi matin.

Il y a eu hier, grâce à l’examen au scanner, un aspect positif : il n’y aurait pas de rupture du globe oculaire, et donc pas de perte de liquide, ce qui serait confirmé ce matin par une meilleure tension de l’oeil.

Après une telle contusion de l’oeil, on peut espérer un recouvrement progressif de la vue, qui peut cependant prendre plusieurs mois.

On peut craindre également une perte de l’oeil.

Mais il reste ce matin deux éléments inquiétants :

La douleur qui persiste anormalement (qui pourrait être provoquée par une fracture à l’arcade ? )

Les oedèmes qui occupent plusieurs parties de l’oeil, dont la cornée, l’iris, la conjonctive, et qui empêchent actuellement d’examiner l’état réel de la rétine.

Si ces oedèmes ne devaient pas se résorber spontanément dans les jours à venir, on pourrait suspecter une plaie de l’oeil non ou mal cicatrisée, ce qui nécessiterait la possibilité d’une intervention chirurgicale, pour l’exploration de l’oeil, et éventuellement pour résorber la plaie.

Dans ce cas, cette intervention chirurgicale aurait lieu d’ici une ou deux semaines.

Actuellement, Pierre reste hospitalisé.

Précision : Après que la préfecture ait fait état à la presse d’informations plutôt rassurantes « recueillies auprès du CHU », le chef de clinique ophtalmologie nous a téléphoné ce midi pour assurer que ces informations ne peuvent provenir de son service, les médecins étant assujettis au secret médical.

4) COMMUNIQUE COMMUN des organisations syndicales

Les organisations syndicales CFDT, FO, CGT, FSU, UNSA, Solidaires, CFTC, UNEF, SUD étudiants et la FCPE de Loire Atlantique condamnent la répression policière dont les lycéens et étudiants nantais ont été les victimes.

La loi LRU sur les universités, l’annonce ministérielle d’une réforme du baccalauréat suscitent débats, contestations et actions à l’université et dans les lycées. La manifestation du 27 novembre à Nantes a rassemblé prés de quatre mille jeunes et s’est pacifiquement déroulée jusqu’au Rectorat où l’évacuation des abords, à la demande du Recteur, a donné lieu à une intervention brutale et disproportionnée des forces de l’ordre.

Nous condamnons fermement cette répression policière, en particulier la présence de la Brigade Anti Criminalité (BAC) accusée par plusieurs témoins de comportements violents. Ces forces de l’ordre sont toutes placées sous l’autorité du Préfet, dont la responsabilité est ainsi engagée. Un élève de 17 ans, grièvement blessé au niveau de l’arcade sourcilière et à la tempe par un tir de flashball à courte portée est toujours en soins au CHU avec un pronostic médical réservé.

Nous condamnons tant les méthodes que les propos du Recteur. Quel but poursuit-il avec ses injonctions interdisant, au mépris de leur sécurité, les réunions des lycéens dans leurs établissements, sa promptitude à demander une présence renforcée des forces de Police devant les lycées nantais et leur fermeture administrative, l’initiative prise d’évacuation brutale des abords du Rectorat, ce mardi 27 novembre 2007 ?

Nous interpellons solennellement le préfet et demandons l’ouverture d’une enquête judiciaire sur les événements de Mardi.

Répression contre les étudiants : Manifestation silencieuse Samedi premier décembre 10h pl Bretagne

5) Communiqué Fédération des Conseils de Parents d’Elèves 44 - FCPE 44 Ligue des droits de l’Homme - LDH Nantes

Plusieurs organisations associatives, syndicales et politiques réunies le 29 novembre demandent une enquête judiciaire sur les évènements survenus à proximité du Rectorat de Nantes le 27 novembre.

Si vous avez été victimes ou témoins des évènements survenus à proximité du Rectorat à Nantes le 27 novembre et que vous souhaitez porter plainte et/ou apporter un témoignage, vous êtes invités à vous rapprocher de la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves-FCPE (02) 40 69 79 62 - fcpe44@wanadoo.fr et/ou de la Ligue des droits de l’Homme (02) 51 86 22 39 - ldh.nantes@orange.fr qui apportera une aide juridique.

6) L’Assemblée Générale des étudiants en lettres et sciences humaines de l’université de Nantes reste sous le choc des événements d’hier

Hier, la manifestation réunissant près de 4000 lycéens et étudiants s’est dirigée vers le rectorat et l’a envahi calmement. Après ¼ d’heure d’occupation, les gendarmes mobiles et la BAC ont chargé le millier de lycéens et d’étudiants qui commençait à se retirer. Les coups de matraques se sont multipliés et plusieurs personnes ont été rouées de coups.

Enfin, alors que les manifestants étaient sortis du rectorat, plusieurs tirs de flashballs ont été lancés illégalement dont un a touché volontairement à la tempe un lycéen de 17 ans, le blessant gravement à l’oeil. En tout, ce sont au moins six jeunes qui ont été blessés et cinq personnes arrêtées.

L’AG s’indigne de la réponse apportée par le gouvernement à un mouvement pleinement légitime dans ses revendications comme dans ses modes d’action. Elle condamne la réaction scandaleuse du recteur à l’issue de la manifestation ainsi que son opposition à la tenue d’AG lycéennes.

Elle appelle l’ensemble des citoyens, lycéens, étudiants, parents, salariés, solidaires de notre mouvement à manifester dans le calme jeudi 29 novembre à 15h puis à se rassembler à 17h à Hôtel-Dieu pour protester contre les violences policières. Elle appelle tous les étudiants et les lycéens à continuer leur mobilisation pour obtenir l’abrogation de la loi Pécresse.

Rien ne nous fera reculer !

Nous demandons :

* la libération de tous les inculpés et l’arrêt des poursuites à leur encontre.

* la fin de l’utilisation des flashballs et des tasers par la police.

* La dissolution de la BAC (Brigade Anti-Criminalité) utilisée pour criminaliser les mouvements sociaux. la fin de la répression policière des mouvements sociaux.


7) Communiqué de l’Union Départementale et de l’Union locale CGT de Nantes sur la répression policière contre les étudiants et lycéens

L’union départementale CGT 44 et l’union locale CGT de Nantes comdamne avec la plus grande fermeté, l’intervention policière et particulièrement de la brigade anti criminalité ( B.A.C.) à l’encontre des étudiants et des lycéens , le 27 novembre 2007 sur le site du Rectorat.

Le nombre de partcipants à cette manifestation et le caractère pacifique de celle-ci rend incompréhensible et innacceptable, la violence de la repression dont ils ont fait l’objet.

Selon nos informations, des jeunes ont été sérieusement blessés.

L’UD CGT 44 et l’UL CGT de Nantes alertent l’opinion sur le caractère gravissime de tels actes.

Elles apportent leur soutien a la lutte des étudiants et des lycéens sur leurs revendications. Elles exigent que le gouvernement apporte des réponses concrètes et renonce à la loi PECRESSE qui conduit à mettre l’université publique sous la main mise du patronat.


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