Banlieues : rétablir le pacte républicain dans les quartiers

vendredi 30 novembre 2007.
 

Les émeutes de Villiers-le-Bel ramènent sur le devant la scène, les banlieues et la politique de la ville. La paix sociale et la paix civile sont atteintes.

Ces émeutes sont l’occasion de se reposer, encore une fois, les mêmes questions qu’en 2005.

- Pourquoi la voix des jeunes des quartiers populaires n’est-elle audible que lors de faits d’une exceptionnelle gravité, toujours sur un registre revendicatif et de manière (soit misérabiliste soit par des propos injurieux) toujours réductrice voire fausse ? Pourquoi ne parle-t-on jamais des banlieues et des cités dans un registre visant à saluer l’initiative, la création ou l’intégration républicaine ? Doit-on sans cesse rappeler que ces jeunes, qui s’opposent avec violence aux policiers appartiennent totalement à la société française, une société dont ils sont membres à part entière, quoi qu’on puisse en dire ?

- Quelles sont les insuffisances de la "politique de la ville", ou plutôt des politiques de la ville ? Pourquoi n’a-t-on, dans notre pays, aucun indicateur du malaise social dans nos quartiers autre que le nombre de voitures détruites ou le montant des dégâts après des émeutes ?

- Quand le gouvernement, aux responsabilités depuis six ans, va-t-il enfin se décider à refonder le pacte de solidarité nationale, pour établir une véritable intégration des banlieues dans la République, et ce à part entière ?

Quelles sont les critiques formulées à l’encontre de la politique de la ville ? Plusieurs de ses insuffisances, ou incohérences, ont été soulignées, telle l’ambiguïté des objectifs ou le fait qu’il n’existe strictement aucune visibilité précise des actions à mener. Plus grave, si cela se peut, la politique concernant les quartiers sensibles souffre d’une totale absence de continuité : chaque fois, celles mises en place par les gouvernements successifs viennet se greffer aux précédentes.

On le sait très bien, par exemple, et cette information finit par devenir une véritable tarte à la crème : les émeutiers font partie des personnes les plus fragiles : jeunes en situation d’échec scolaire ou en recherche d’emploi, bref, des jeunes exclus de la solidarité nationale.

Au fait, où en est le "plan Marshall" promis après les émeutes de novembre et décembre 2005 ? Le Sénat avait rendu un rapport demandant "un nouveau pacte de solidarité pour les quartiers", que sont ses conclusions devenues ?

Il est impératif de lever les obstacles de la rupture républicaine, de mieux travailler avec les associations et d’en asseoir l’implantation, de travailler la proximité. Mais est-ce normal que les associations aient, peu à peu, ermplacé les pouvoirs publics en matière de politique de la ville ?

Si, à Villiers-le-Bel comme ailleurs, le commissariat a été le service visé, n’est-ce pas un peu dû, quand même, au fait que partout, les services publics perdent du terrain, désertent le champ de bataille de la solidarité nationale ?

Si le public des ZUS, si ces jeunes qui manifestent avec violence sont si difficiles à aider et à calmer, c’est que certaines personnes, de plus en plus, d’ailleurs, se retrouvent exclus des critères sociaux.

Et que leur a dit le président Sarkozy et son gouvernement, depuis des mois maintenant ? Qu’il fallait "travailler plus pour gagner plus", qu’il fallait mettre en place, je cite un "plan tolérance zéro contre la glandouille" ! Formules lapidaires, caricaturales, qui ignorent la réalité d’un terrain dans lequel deux sortes de publics sont présentes : les "intégrés", qui veulent s’en sortir, sortir de ce ghetto, en suivant des cours, voire des cours d’alphabétisation ou de soutien scolaire, etc.

Et puis il y a les autres exlus, par la force des choses, des aides mises en place par le biais de la politique de la ville. Exclus d’eux-mêmes, sans doute, pour certains, mais exclus quand même.

Quoi qu’il en soit, il faut pour ces jeunes des raisons d’espérer. Des raisons de croire en l’avenir. Et cela passe, sans doute, par des dispositifs lourds et coûteux (on en revient au plan Marshall), par le dynamitage, oui, le dynamitage, de ces ghettos consrtits autours de grandes dalles de béton. Et puis il faut, surtout, leur rappeler qu’ils sont comme tout le monde, qu’ils ont le droit d’espérer, de recevoir les formations dont ils veulent, d’aller au cinéma, dans un beau lycée, à la médiathèque, au terrain de football ou de basket, etc.

Il faut que la jeunesse de ces quartiers, de ces communes, soit épaulée par l’Etat, au nom de la solidarité territoriale, et puisse se prendre en main et se responsabilise, en n’oubliant pas que la destruction du bien d’autrui et du bien collectif, n’est jamais acceptable. Que s’en prendre physiquement aux autres n’a jamais résolu aucun deuil, aucun malaise, aucun problème de fond.


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