Le protocole de Kyoto survivra-t-il ? Bali 4

mardi 18 décembre 2007.
 

Climat . Réunis à Bali (Indonésie), les 188 pays de la Convention de l’ONU sur le changement climatique n’ont pas réussi à se mettre d’accord.

« Une vérité qui dérange »... trop. Le documentaire d’Al Gore et les prévisions des scientifiques du Groupement intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), couronnés par le prix Nobel de la paix il y a deux mois, n’en peuvent mais : la Convention de l’ONU sur le changement climatique (CNUCC), réunie à Bali (Indonésie) depuis quinze jours, a, hier, frôlé l’échec.

Aucun texte signé

À l’heure fixée par Yvo de Boer, secrétaire exécutif de cette Convention, pour marquer la fin des débats, aucun texte n’était en passe d’être signé par les représentants des 188 pays présents. Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, en visite au - Timor-Oriental voisin, a annoncé qu’il serait de retour à Bali dès ce matin pour que le groupe restreint mis en place à l’initiative de l’Indonésie parvienne, malgré tout, à un accord pour lancer « l’après 2012 » à expiration de la première phase d’engagements du protocole de Kyoto.

Alors que pas un interlocuteur ne voulait parier sur un échec de la conférence, les exigences contradictoires de l’Europe, des pays en développement et des États-Unis semblaient des obstacles insurmontables pour tracer une feuille de route de négociations prolongeant le protocole de Kyoto, seul outil international pour freiner les émissions des gaz à effet de serre responsables du réchauffement. Toutefois, Yvo de Boer faisait, hier soir, état de « grands progrès » dans les discussions tout en assurant que beaucoup restait à faire.

Le principal point d’achoppement portait sur le préambule du texte et la mention,

ou non, comme « ligne directrice », d’une baisse de 25 % à 40 % d’ici 2020 des émissions des gaz à effet de serre dans les pays développés. Cette clause préconisée par les experts du GIEC suscitait l’opposition des États-Unis, à la tête d’un petit groupe de pays industrialisés dont le Canada et l’Australie. Pour sortir de l’impasse, la présidence indonésienne a mis en avant une proposition alternative suggérant que les émissions « culminent d’ici 10 à 15 ans pour être ensuite réduites d’ici 2050 à des niveaux très bas, bien en dessous des niveaux de 2000 ». Plus aucune référence n’est faite dans le préambule aux travaux du GIEC, référence à laquelle - tenaient particulièrement les représentants européens.

Face à la perspective d’un échec, Al Gore avait appelé la communauté internationale à avancer vers un accord en - mettant entre parenthèses les points rejetés par les États-Unis. Réalisme politique aidant, les délégués les plus fermes en venaient à insister sur l’importance suprême de « sauver » l’idéal de Kyoto et de ne pas « interrompre le processus ». Loin des exigences du GIEC : pour maintenir une augmentation moyenne de 2º C d’ici à 2050, les experts disent qu’il faut réduire de 80 % les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il n’y a pas qu’à Bali que le climat est chaud.

Dany Stive


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