Henri Emmanuelli répond à Jean-Marc Ayrault sur le congrès de Versailles convoqué pour valider le Traité de Lisbonne

mardi 15 janvier 2008.
 

Je reçois ce matin, comme tous les membres du groupe, un argumentaire qui me laisse pantois.

Expliquer aux camarades que notre position serait cohérente au motif que nous déposerions une motion référendaire (art. 12 du règlement de l’AN) après avoir « boycotté » le congrès de Versailles est tout de même un peu gros.

Tu sais mieux que personne que compte tenu du rapport de force existant à l’Assemblée Nationale, cette motion n’a aucune chance, absolument aucune, d’être adoptée !

Il s’agit donc d’une proposition totalement factice visant à embrouiller les esprits et, au-delà, à tromper nos concitoyennes et nos concitoyens.

Tu sais mieux que personne qu’il n’y a qu’un moyen, et un seul, de ne pas laisser les mains libres à la manoeuvre du Président de la République visant à dessaisir le peuple français de son pouvoir de décision et d’honorer, du même coup, notre engagement devant le peuple français en faveur du référendum : c’est d’empêcher l’aboutissement de la révision constitutionnelle à Versailles qui exige une majorité des 3/5 des votants présents !

Je ne te cacherai pas que je vis difficilement cette manoeuvre pitoyable : elle ne témoigne pas de beaucoup d’estime pour les facultés intellectuelles des membres du groupe et pas davantage pour nos concitoyens. Elle va, une nouvelle fois, contribuer à donner de notre groupe une image détestable et témoigne d’une conception de la politique sur laquelle je préfère ne pas m’étendre.

Je te demande donc de renoncer à ce grossier stratagème et d’assumer tout simplement tes convictions. Si tu es hostile à la consultation du peuple français par référendum, va à Versailles et vote pour la révision constitutionnelle ! Tu pourras ensuite voter en faveur du traité européen à l’Assemblée et t’associer à la manœuvre souhaitée et voulue par le Président de la République : effacer par un vote parlementaire une décision prise par le peuple français, à laquelle les partisans du Oui ne se sont jamais résignés. Il ne te restera plus ensuite qu’à assister à l’intronisation par Monsieur Sarkozy de Tony Blair, co-auteur de l’invasion de l’Irak et ardent partisan de « la lutte du bien contre le mal », comme président de l’Union Européenne, au moment même où les Etats-Unis se débarrasseront de Monsieur Bush.

Ayant du mal à terminer cette réponse sur une telle perspective, je te demande de bien réfléchir : il est encore temps de faire marche arrière et de mettre un terme à ce processus désastreux en respectant nos engagements devant les millions de Françaises et de Français qui nous ont accordé leur confiance. Ils nous pardonneront un moment d’égarement et de trouble, mais pas de persévérer dans le déni de ce que nous sommes, tant il est vrai que dans « social-démocrate », il y a « démocrate ».


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