En Allemagne, la montée de Die Linke (La Gauche) vient troubler le jeu des alliances (Article du Monde)

jeudi 31 janvier 2008.
 

Le scénario tant redouté par les grands partis traditionnels allemands est devenu réalité : jusqu’à présent essentiellement cantonnée en Allemagne de l’Est, la gauche radicale s’établit à l’Ouest. En entrant dans les Parlements de Hesse et de Basse-Saxe, le parti Die Linke (La Gauche), issu de la fusion en juin 2007 entre l’Alternative électorale pour le travail et la justice sociale (WASG) - composée d’altermondialistes et de déçus du SPD - et le Linkspartei PDS, hérité de l’ancien Parti communiste de la RDA, s’implante, pour la première fois, dans deux grandes régions ouest-allemandes.

La percée de Die Linke

Elle reflète un glissement à gauche de l’opinion allemande. Alors que la croissance est de retour depuis 2006, les débats sur le pouvoir d’achat et les inégalités sociales n’ont cessé de prendre de l’ampleur. Le parti profite de la notoriété de ses leaders, le controversé Oskar Lafontaine, ancien président du Parti social-démocrate et éphémère ministre des finances, ou l’avocat Gregor Gysi, l’ancien refondateur du Parti communiste de l’ex-Allemagne de l’Est en 1989, très populaire à l’Est.

L’idée de créer ce parti remonte à 2005. Les résultats décevants obtenus par le WASG et le PDS aux élections régionales du 22 mai 2005 en Rhénanie-du- Nord-Westphalie avaient montré la nécessité d’un rapprochement. Lors des élections législatives fédérales de septembre 2005, les deux partis avaient présenté des listes communes leur permettant d’obtenir 8,7 % des voix et 53 députés, devenant la quatrième formation politique au Bundestag. Pour la première fois Die Linke était entré dans un Parlement régional de l’Ouest en 2007, dans la ville-Etat de Brême.

COALITION EN PERSPECTIVE

La participation à des gouvernements régionaux - à Berlin depuis 2001 ou dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale jusqu’en 2006 - a obligé les anciens communistes de l’Est à revenir sur un certain nombre de leurs principes, en acceptant notamment la suppression d’emplois dans le service public. Sur le plan social, le parti se prononce pour une suppression des réformes du marché du travail mises en place par l’ancien chancelier Gerhard Schröder, l’instauration d’un salaire minimum à 8 euros de l’heure et une réduction du temps de travail.

Le Parti social-démocrate est concerné en première ligne par cette évolution. C’est dans sa clientèle que Die Linke vient d’abord recruter. En Basse-Saxe, Die Linke a rassemblé 7,1 % des suffrages, alors que le SPD affiche son plus mauvais score avec 30,3 % des voix.

Désormais, la perspective d’une coalition entre le SPD, les Verts et Die Linke devient une option à l’échelon fédéral en 2009. Même s’ils gouvernent avec la gauche radicale à Berlin depuis 2001, les sociaux-démocrates ont, à nouveau, rejeté dimanche soir cette éventualité. Mais pour de nombreux experts, cette évolution ne saurait tarder. "Nous avons désormais cinq partis à l’échelon fédéral. Il sera de plus en plus difficile pour deux partis de former une coalition", explique Eckhard Jesse, de l’université technique de Chemnitz. Cécile Calla

De : Le Monde lundi 28 janvier 2008


Complément extrait de http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar...

Allemagne : les élections en Hesse et Basse-Saxe confirment la montée en puissance de l’extrême-gauche

Die Link, le parti qui réunit depuis l’été dernier néo-communistes et déçus de la social-démocratie, devrait rentrer aux Parlements de Hesse et de Basse Saxe, selon des résultats encore provisoires des élections régionales. La CDU, le parti d’Angela Merkel, reste en tête mais subit un sérieux revers par rapport à 2003

Les chrétiens-démocrates (CDU) ont subi un très sérieux revers aux élections au Parlement du Land de Hesse. Le parti de la chancelière allemande a recueilli 36,8% des vois, contre 48,8% lors des dernières élections régionales en 2003, selon des résultats officiels provisoires. Il s’agit de sa plus mauvaise performance depuis 1966. La CDU se retrouve au coude-à-coude avec le SPD crédité de 36,7% des suffrages. Par conséquent, les deux blocs traditionnels se retrouvent chacun avec 42 sièges au Parlement. En Basse-Saxe, aussi, l’heure est à la déception pour la CDU. Certes, les chrétiens-démocrates y conservent une confortable majorité (plus de 50%), mais le parti a perdu plus de cinq points par rapport à 2003.

En fait, le grand vainqueur de ces élections régionales, c’est le parti d’extrême-gauche, Die Linke, qui réunit depuis l’été dernier néo-communistes et déçus de la social-démocratie. Près de vingt ans après la chute du Mur de Berlin, le parti, emmené notamment par l’ex-ministre et transfuge du SPD Oskar Lafontaine, ont obtenu entre 7 et 7,1% des voix à l’élection de Basse-Saxe, et 5% en Hesse, selon les résultats provisoires. Sachant qu’il faut obtenir au moins 5% des voix pour siéger au Parlement, Die Linke décroche son ticket d’entrée dans les parlements de deux grands Etats régionaux de l’ouest de l’Allemagne. "C’est une sensation, un résultat extraordinaire !", a jubilé le secrétaire général de Die Link, Dietmar Bartsch.

Les représentants de Die Link avaient franchi pour la première fois les portes d’un Parlement dans l’ouest de l’Allemagne en mai 2007, en réunissant 8,4% des suffrages à Brême (nord), un mois avant l’acte de naissance officiel du parti, né de l’union du PDS héritier du communisme de RDA et du petit mouvement WASG implanté à l’ouest depuis 2005. Mais les grandes formations avaient alors relativisé la portée de ce score réalisé dans un Etat mineur et sur une terre de gauche. Le doublé de dimanche entérine incontestablement la montée du parti, qui menace de bouleverser l’échiquier politique, en gênant la formation de coalitions. Et ce d’autant plus que Die Link pourrait bientôt siéger aussi au Parlement de Hambourg (nord) : il est crédité de 5 à 7% des voix à l’élection du 24 février.


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