Lettre ouverte au président de la République Pourquoi il n’y aura pas de véritable plan banlieue

jeudi 28 février 2008.
 

Depuis des mois vous nous promettiez un plan pour les banlieues, un plan Marshall, un plan « antiglandouille »... Nous attendions avec impatience l’exposé de vos propositions. Nous ne vous cacherons pas notre déception : il n’y aura donc pas de « rupture » pour les banlieues. En envoyant Fadela Amara faire une tournée des banlieues, nous pouvions espérer que les véritables enjeux de ces territoires auraient été compris. Résultat : beaucoup de communication, de manipulations, encore plus de stigmatisations, aucune vision sur le long terme, aucun moyen et aucune méthode. Vous nous présentez une longue liste de promesses sur la lignée de la politique de la Ville appliquée depuis plus de 20 ans. Nous ne nous dédouanerons pas de nos responsabilités, nous vous demandons de prendre les vôtres.

La gestion de ces territoires est aujourd’hui indigne de la République. Les habitants de ces quartiers sont des citoyens de France à part entière et n’attendent pas de faveur, sinon que leurs lieux de vie soient intégrés dans une politique globale et ambitieuse. Bien des difficultés de ces soi-disant « banlieues » ne leur sont pas spécifiques. À l’image de ce que disait le sociologue Jacques Donzelot s’agissant des zones péri urbaines, les distances sociales, spatiales et légales s’accumulent également dans de nombreuses zones rurales : enclavements, fermetures et difficultés d’accès aux services publics, manque de moyens éducatifs et quasi-absence d’équipements culturels, de dynamisme économique et d’accès au logement, manque de réactivité de la police en faveur des populations...

Vous avez annoncé un redéploiement de nouvelles forces de police mais à aucun moment vous ne proposez de mesures pour lutter contre l’insécurité sociale. La répression ne répond certainement pas à l’urgence sociale. Des sanctions sont nécessaires, certes, mais au vu de l’augmentation des actes de délinquance ? la logique sécuritaire montre bien son inefficacité.

À quand un véritable ministère de l’Aménagement du territoire ? Pour qu’enfin la France se dote d’une politique territoriale favorisant la mobilité et la mixité sociale, et que le projet républicain prenne sens dans les territoires à l’abandon. À quand la construction massive de logements sociaux dans toutes les communes pour garantir une mixité sociale et des logements pour tous ? À quand une véritable ambition économique au service de l’emploi ? Pour que chaque citoyen ait les moyens de construire sa propre vie, quels que soient son origine réelle ou supposée, son lieu d’habitation ou même son âge. À quand un véritable système éducatif avec des moyens financiers, humains et matériels à la hauteur des enjeux dans le respect des valeurs de la République ? Pour permettre à chaque enfant vivant sur le sol français de se construire socialement et professionnellement dans le respect de l’autre. C’est l’affaire de toute la nation que d’assurer le vivre ensemble et de donner aux nouvelles générations les moyens de concrétiser leur droit à l’avenir. La discrimination positive que vous brandissez à tout va n’est pas une solution, c’est un pansement sur une plaie béante. Vous êtes le président de la République, dont acte. Néanmoins, vous êtes le président de TOUS les Français et des habitants de France. Tenir un tel discours qui relève de la sémantique guerrière remet en cause notre contrat social. Or c’est sur celui-ci que repose notre République, qui garantit l’égalité. L’État doit organiser la solidarité entre toutes les générations, tous les territoires, toutes les couches sociales. C’est votre responsabilité, en tant que président de la... République, justement.

Premiers signataires : Antoine Détourné, président du Mouvement des jeunes socialistes ; Marie-Noëlle Lienemann, députée européenne et vice-présidente de la région Nord-Pas-de-Calais ; Pierre Cohen, député ; Alain Rousset, président du conseil régional d’Aquitaine, député de la Gironde et président de l’Association des régions de France ; Robert Alfonsi (Var), vice- président de la région PACA ; François Pupponi, député et maire de Sarcelles (Val d’Oise) ; Stéphane Troussel, conseiller général de Seine Saint Denis ; Philippe Kizirian, Saint-Chamond (Loire) ; Olivier Dussopt, conseiller régional, benjamin de l’Assemblée nationale ; Razzy Hammadi, secrétaire national de la Riposte (Val de Marne) ; Bertrand Kern, maire de Pantin et conseiller général de Seine-Saint-Denis ; Daniel Delaveau (Rennes)...


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