Les travailleurs précaires se rebiffent ! Après les salariés de la grande distribution et de la restauration rapide, c’est au tour des saisonniers des stations de ski de se mobiliser pour réclamer de meilleures de conditions de travail et de rémunération. À l’appel des syndicats FO, CFDT, CGT et OCB (autonomes), une grève sans précédent a notamment affecté lundi la société S3V qui gère le domaine skiable de la station de Courchevel (Savoie) et emploie 700 personnes, dont 500 saisonniers. Le mouvement ayant paralysé le fonctionnement des 85 remontées mécaniques, la direction de l’entreprise a été contrainte de trouver un compromis avec les syndicats.

À la suite de négociations difficiles et plus d’une journée d’arrêt de travail, les syndicats ont donc obtenu un certain nombre d’avancées salariales impensables avant cette mobilisation. L’accord de sortie de grève prévoit en particulier une hausse générale des salaires de 1 % au 1er mars 2008 (au lieu de 0,4 % prévu), une majoration de 25 % (au lieu de 10 %) des cinq premières heures supplémentaires et sur le rachat de RTT et une augmentation de la prime de nuit des chauffeurs de 100 euros nets mensuels. S’ajoutent à cela un versement en avril 2008 d’un supplément d’intéressement et un relèvement des coefficients minimaux de salaires au 1er décembre 2008 pour des catégories de personnel.

Par ailleurs, alors que la saison touristique bat son plein avec les vacances scolaires, certaines stations de ski du département semblent être plus enclines à accéder aux revendications des saisonniers. À ce propos, le secrétaire général de l’union départementale FO de Savoie, Daniel Jacquier, nous a signalé hier la conclusion dans la matinée d’un accord sur les salaires entre la société des remontées mécaniques de Val d’Isère et la délégation du syndicat FO (majoritaire), « après quelques réunions de négociation et assemblées générales avec le personnel ». Un très bon compromis, au vu du document. Celui-ci acte en particulier une hausse générale des salaires de 4% au 1er Janvier 2008, de 1 % au 1er Juin 2008 et « pour l’hiver prochain, une augmentation au moins égale à 2,17 %, en plus de l’augmentation de la convention collective ». Il prévoit aussi l’institution de deux primes mensuelles de 50 euros chacune (une pour le travail du dimanche et une seconde pour la « vie chère ») ainsi qu’« une augmentation des primes pour les saisons suivantes, d’au moins 70 euros, puis 90 euros mensuels ».

Sur le domaine skiable de Val Cenis, « les négociations entre FO et la société gestionnaire s’avèrent plus tendues, au point qu’« une assemblée générale des personnel est organisé jeudi soir pour faire entendre raison à la direction », nous a rapporté également Daniel Jacquier, dont l’UD a mené ces dernières années un patient travail de syndicalisation des saisonniers. Parallèlement aux revendications portées sur le terrain, l’organisation nous a indiqué enfin qu’elle avait entrepris une campagne d’information en direction des vacanciers pour les sensibiliser aux conditions de travail des saisonniers. Des tracts sont notamment distribués aux automobilistes convergeant vers les stations de ski.

Ainsi lancé, le mouvement revendicatif pourrait s’étendre à d’autres entreprises gestionnaires de domaines skiables. Plusieurs syndicats ont d’ores et déjà appelé à une journée d’actions avec débrayages le dimanche 2 mars dans les Alpes (Les Arcs, La Plagne, Peisey, Val Thorens Menuires, Valmorel, Meribel...). Le climat est manifestement à l’orage sur les pistes !