Les plans de sauvetage internationaux seraient inefficaces, selon la Corée du Sud (article de mars 1999)

jeudi 12 mai 2005.
 

EN PLEINE tourmente financière, il y a un an, M. Chung Duck- Koo a été l’homme qui a négocié le remboursement des énormes dettes sud-coréennes et l’aide financière internationale. Le vice- ministre de l’économie a visiblement été marqué par cette expérience. Il en a tiré plusieurs propositions et une conclusion : " Les plans de sauvetage financiers internationaux, a-t-il affirmé vendredi 12 mars , de passage à Paris, sont inefficaces. "

Au moment où l’aide financière internationale (FMI, Banque mondiale) se mettait en place en Corée du Sud, " les banques privées continuaient de se retirer du pays. C’était le chaos ", raconte- t-il. Et il a fallu deux mois à Séoul pour trouver un accord avec ses créditeurs privés, de loin les plus importants. Ce qui a failli faire capoter l’ensemble de l’édifice. Or " c’est l’avenir d’un pays qui est en jeu ", a souligné le ministre.

ASSISTER LES GOUVERNEMENTS

M. Chung propose qu’au moment où un pays au bord de la banqueroute obtient une aide internationale, il soit immédiatement mis en place un comité, avec des représentants des débiteurs, des créditeurs, de la banque centrale et du FMI, afin de négocier un moratoire de trois mois sur les dettes privées. M. Chung souhaite aussi que les institutions internationales " fournissent une aide technique et légale pour assister les gouvernements ", souvent pris au dépourvu dans la restructuration des dettes privées.

Le négociateur de Séoul se souvient aussi avec amertume du manque de coordination entre les institutions financières mondiales. " Le FMI posait ses conditions ; la Banque mondiale aussi. Souvent, c’était les mêmes. Parfois, elles étaient opposées ; parfois même, elles s’affrontaient. Nous avons dû coordonner nous-mêmes leurs conditions ! ", a- t-il raconté en riant. Face à des crises financières qu’il juge extrêmement " dangereuses car devenues très contagieuses ", il suggère donc que les négociateurs internationaux " se mettent d’abord d’accord entre eux et ne forment qu’une seule équipe ".

Ce spécialiste de l’économie mondiale estime aussi que le système monétaire international devrait être réformé pour prévenir ces crises. Il suggère " la mise en place d’un système de surveillance du flux des capitaux investis à court terme ", susceptible de donner l’alarme. Car, a-t-il rappelé, " en juillet 1997, le FMI estimait que les perspectives économiques pour la Corée étaient très bonnes. Trois mois plus tard, nous étions au bord de la banqueroute. Comment est-ce possible ? "

JEAN-BAPTISTE NAUDET


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