Compte rendu de la rencontre entre l’Association des Communistes Unitaires et le Parti de Gauche

vendredi 30 janvier 2009.
 

A la demande de l’ACU (Association des Communistes Unitaires) une rencontre s’est tenue entre ce Mouvement politique et le Parti de Gauche en janvier. La rencontre a surtout porté sur les prochaines élections européennes.

ACU

L’A.C.U se présente comme une association et non une tendance du PCF. Elle a vocation à regrouper des militants venus de toute la gauche de gauche dont une aile communiste. D’autre part elle est engagée dans le processus de la Fédération. Pour les communistes unitaires il ne s’agit pas d’un parti en formation mais d’un vecteur unitaire œuvrant à une force plus large. La Fédération regroupe actuellement l’ACU, la CNCU (coordination nationale des collectifs unitaires), le parti des Alternatifs, Alterekolo, Ecologie Solidaires et différents réseaux locaux. L’ACU a la volonté de contribuer à une liste la plus large possible aux européennes de ceux et celles qui portent à la fois le refus de l’actuelle construction de l’Union européenne et un projet européen en positif. Cela concerne tant les forces organisées que les acteurs de la société civile. C’est pourquoi sa délégation exprime sa satisfaction devant toutes les initiatives qui travaillent à cette unité. Elle évoque l’appel venu de Politis « pour une autre Europe » et le Front de Gauche voulu par le PCF et le PG. Il y a des arguments pour montrer que cela peut marcher comme l’expérience de l’alliance aux élections Régionales et Européennes en Ile de France en 2003 et 2004 (regroupant le PCF, des partis venus de l’espace de la gauche critique et des acteurs du mouvement social regroupés sous le nom d’Alternative Citoyenne, ces listes ont obtenu un score notable et permis des élus). Mais aussi l’appel des 200 qui a lancé la campagne unitaire du Non de gauche aux Européennes. Cela prouve que l’investissement d’acteurs nouveaux dans le champ politique est déterminant. A l’inverse les raisons de l’échec de la candidature unitaire de la gauche antilibérale pour les Présidentielles de 2007 ne peut être attribué à ce type de construction entre des partis politiques et la société civile mais bien avant tout aux partis politiques essentiellement la LCR et le PCF. L’ACU ne veut pas rejouer cet échec, elle souhaite donc réfléchir aux conditions qui permettront cette fois la réussite. C’est pourquoi elle trouve positive et met au débat de cette rencontre l’initiative prise par Denis Sieffert, directeur de la publication de Politis, de proposer un tour de table entre les différentes forces et courants politiques susceptibles de composer une alliance aux Européennes.

PG

Le Parti de Gauche rappelle sa vocation - parti creuset, à la fois de rupture et à vocation gouvernementale ce qui implique de regrouper une majorité électorale, vecteur d’unité dans les mobilisations et dans les élections. Sa première grande tâche sera d’œuvrer à l’unité dans un Front de gauche des forces politiques qui refusent la ratification du traité de Lisbonne et combattent pour une autre Europe dans le droit fil de ce qu’a été la campagne référendaire sur le TCE.

Pour le Parti de Gauche la proposition de Denis Sieffert a un inconvénient, qui n’est certes pas la volonté de son auteur dont on ne peut douter de la volonté de voir émerger une liste unitaire aux Européennes. Elle peut en effet conduire à un cadre mettant autour de la table des forces qui ont une approche très diverse de cette construction unitaire : celles qui y sont déjà engagées, celles qui hésitent mais sont pour le principe, celles qui à ce stade n’y sont pas volontaires. Du coup, l’objet d’un tel cadre deviendrait davantage celui de la nécessité et possibilité de l’unité que de sa construction même. Or pour le PG, depuis l’appel commun au Front de gauche fait par le PCF et lui, et sachant qu’il s’agit d’un appel tourné vers l’extérieur, ouvert à toutes les forces qui le souhaitent, le processus a déjà démarré. C’est pourquoi à priori, le PG reste sur sa position déjà exprimée lors de la réunion entre des signataires de l’appel Politis et qui a donné naissance au texte « appel pour une Autre Europe » : cet appel est utile en tant que moyen de pression et outil de soutien à une telle démarche (et c’est pourquoi de nombreux responsables du PG l’ont signé) mais ne peut devenir un cadre au risque d’être contreproductif. Par contre, le PG estime nécessaire de constituer un comité d’initiative ouvert autour du Front de Gauche et intégrant progressivement toutes les forces qui voudront en faire partie. D’autre part avec le Front de gauche, le PG ne vise pas le même objectif que les alliances des régionales et européennes en Ile de France en 2003 et 2004. Non pas que ces expériences soient niées - des composantes aujourd’hui au PG en ont fait partie - mais à l’époque l’objet de ces listes était presque plus important que le résultat : il s’agissait de faire la démonstration de la possibilité de construire un cadre unitaire entre le PCF, des forces politiques et des acteurs du mouvement social et de son efficacité à faire un meilleur score que le PCF seul. Nous ne sommes pas dans le même cas de figure. Depuis il y a eu la victoire du Non au TCE qui montre que la gauche qui a porté ce choix peut prétendre être majoritaire, l’élection de Sarkozy et l’arrivée au pouvoir d’une droite dure et plus libérale encore et du coup un énième échec de la gauche, depuis il y a eu la crise du système capitaliste, depuis il y a l’émergence de nouvelles forces politiques, NPA et PG... Le Front de Gauche ce n’est pas un cadre d’alliance type Ile de France 2004 avec le PG et les Alternatifs en plus, sans encore une fois dénier l’intérêt qu’ont eu ces listes à l’époque. Le but premier du Font de Gauche c’est de battre la droite et d’être majoritaire à gauche et du coup de changer la donne. Bien sûr, en conséquence, cela démontrera aussi que ce type de construction unitaire fonctionne.

ACU

Une construction unitaire ne peut se faire qu’autour de seules forces politiques. Il faut afficher le maximum de pluralisme, c’est indispensable pour espérer gagner les électeurs. Les campagnes Ile de France de 2003/2004 et l’appel des 200 ont démontré l’efficacité d’une construction liant champ social et champ politique. Le processus unitaire pour la Présidentielle a constitué un recul de ce point de vue. Une alliance aux Européennes qui ne renouera pas avec cette alliance ne marchera pas. Voilà pourquoi même si nous voyons positivement l’appel au front de Gauche, que les militants du PCF qui font partie de l’ACU ont soutenu au congrès de leur parti, cela n’est pas suffisant. La Fédération n’a pas vocation à s’intégrer en tant que telle dans ce Front car elle veut rester un vecteur d’unité et non se figer en un regroupement identifié idéologiquement, par contre ses composantes le souhaitent : les Alternatifs, la CNCU et les Communistes unitaires et on ne désespère pas de prouver aux écologistes de gauche que c’est nécessaire. Les communistes unitaires veulent donc être en tant que tel, sous leur étiquette, dans le Front de Gauche.

PG

Une élection ce n’est pas une campagne référendaire. Ne serait-ce que parce qu’il y a des listes à composer, des candidatures. Elle réunit donc naturellement des partis politiques qui font des accords sur un contenu et sur les listes qui le portent. Bien sûr nous n’imaginons pas et nous ne souhaitons pas que le Front de Gauche ne mobilise que les militants des partis. L’enjeu est de susciter une vraie mobilisation citoyenne de masse comme justement lors de la campagne référendaire. Mais aujourd’hui nul parti ou structure n’a la légitimité de représenter ces centaines de milliers de citoyens autour d’une table. Un « non encarté » ne représente pas tous les non-encartés, un acteur du mouvement social tous les acteurs du mouvement social... A cinq mois de l’élection nous ambitionnons de réunir le maximum de sensibilités de la gauche du non, avec des forces qui incarnent ces sensibilités ce qui n’exclut évidemment pas que des personnalités indépendantes trouvent leur place sur les listes. C’est nécessaire pour qu’un maximum de citoyens se mobilise dans cette élection et cette mobilisation est utile pour le résultat et pour l’avenir. Voilà pourquoi nous rencontrons tout le monde sans poser de préalable : Alternatifs, NPA, MRC, CNCU, M’PEP, POI, etc... Mais pour autant cela ne doit pas être une prime à l’émiettement et du coup à l’incompréhension des électeurs dans une période qui voudrait plutôt que s’opère des regroupements. Et ne nous leurrons pas, si Marie-George Buffet, Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon sont ensemble sur cette tribune unitaire, le plus gros du message est passé aux électeurs.

ACU

La crise politique est telle qu’un assemblage de forces politiques n’est pas suffisant. N’ignorons pas le risque de l’abstention dans les milieux populaires, du succès possible de listes qui se nourrissent de la situation internationale comme le fut Euro-Palestine en 2004 et même du vote refuge pour le PS. Nous prenons positivement la décision du PCF et du PG de ne pas s’enfermer dans un tête à tête. Et d’autre part nous comprenons aussi que le cadre de coordination ne peut constituer une machine ingérable mais il faut qu’il soit le plus large possible. Nous ne conditionnons pas notre soutien au fait que tout le monde y soit, surtout s’il s’agit d’un refus manifeste de l’unité de la part d’une des forces, mais par contre il faut vraiment que l’ouverture soit réelle. Et dans cette ouverture nous répétons notre volonté d’y être sous notre sigle

PG

Nous avons bien compris, c’est d’ailleurs pourquoi nous rencontrons tout le monde, que nous avons dit au NPA par exemple qu’il n’y avait pas de préalable à la discussion, que nous les invitions à faire des propositions notamment sur l’idée de Front durable qu’il avance. Mais nous voulons être également honnêtes : d’une part chacun n’est pas égal dans une telle alliance. Nous, par exemple, nous estimons que le PG n’a ni l’ancienneté du PCF, ni son nombre d’élus, ni de militants et c’est notamment la raison pour laquelle nous avons dit d’emblée que nous estimions normal que dans le cadre de cet accord, la tête de liste des deux régions qui ont envoyé les deux députés communistes au parlement européen soit réservée au PCF. En outre il y a un problème particulier avec les structures basées sur la double appartenance dans le cadre d’une élection. C’est le cas notamment pour l’ACU puisque si nous avons bien compris que cette association ne se résumait pas aux seuls militants du PCF, il n’empêche que beaucoup en sont y compris des responsables et élus dont on peut penser que dans le cadre d’une démarche, qu’ils ont soutenu au congrès, ils se retrouvent sur le quota des candidatures proposés par le PCF. C’est peut-être observer le Front de Gauche par le petit bout de la lorgnette mais nous savons que ces questions existent. Enfin nous ne savons pas ce que dira le PCF dont la décision d’initier le Front de Gauche avec nous permet à ce dernier d’être une réalité et du coup nous offre l’occasion de discuter ensemble de quelque chose qui sinon n’existerait pas. Sans que cela n’anticipe ni notre opinion, ni la décision prise, nous préférons dire clairement que ne pourrons pas ignorer l’opinion qu’aura le PCF en la matière.

Les deux délégations étaient composées de :

ACU : Gilles Alfonsi, Daniel Rome, Pierre Zarka, Daniel XXXXXX

PG : Eric Coquerel, Hayat Dhalfa, Pascale Le Neouannic.


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