1921 – 1949 : La longue marche de la révolution chinoise (site maoïste)

mercredi 26 juin 2019.
 

Le PCC, le Front uni et le Kuomintang

Le PCC est créé en 1921. Très vite, il se lie au mouvement ouvrier qui, très faible, est déjà actif dans les villes industrielles. Au début des années 1920, le PCC ne compte guère plus de 1000 membres. La force dominante dans le camp anti-impérialiste est le Kuomintang, parti qui mit fin au régime impérial en 1911.

En 1924, sous l’impulsion de l’Internationale Communiste (IC), le PCC décide de participer au Kuomingtang en conservant son indépendance organisationnelle et politique. Cette tactique est conforme aux orientations des premiers congrès de l’IC, qui fixent comme condition l’indépendance des communistes. PCC et Kuomintang ont alors un objectif immédiat commun : la lutte contre l’impérialisme et les seigneurs de la guerre. Les nationalistes s’engagent à soutenir le mouvement ouvrier et les ligues paysannes.

Mais dès 1925, l’IC affirme qu’en Chine, c’est au Kuomintang de diriger la lutte anti-impérialiste. Selon elle, ne peut être dirigée que par la bourgeoisie nationale.

1927 : Revers pour la révolution, amorce d’une voie nouvelle

En 1926, le gouvernement nationaliste (Kuomintang), mène une campagne dite "expédition du Nord" contre les Seigneurs de la guerre liés aux impérialistes. Elle est un succès. Le bassin du Yangzi est reconquis, grâce à l’action des organisations paysannes et ouvrières dirigées par les communistes. La droite du Kuomintang est menacée par les organisations paysannes qui s’en prennent aux propriétaires fonciers. En avril 1927, Tchiang Kai-Chek, dirigeant militaire du Kuomintang, liquide les organisations ouvrières qui ont permis son entrée dans Shanghaï. L’orientation suivie a conduit les communistes à sous-estimer le danger. La répression fait 35.000 à 40.000 victimes communistes entre avril et décembre.

L’IC après avoir compté, en vain, sur un appui de la gauche du Kuomintang, fait son deuil de cette tactique. Elle lance alors le PCC dans des actions insurrectionnelles aventuristes dans les villes au cours de l’automne 1927. Elles se soldent par de nouveaux échecs.

En 1927, Mao amorce la rupture avec cette stratégie. Son enquête dans le Hunan lui permet de mesurer le potentiel révolutionnaire des exploités de la campagne et leur rôle fondamental dans la révolution chinoise. Il affirme qu’à l’époque de la révolution socialiste mondiale, il est possible qu’une révolution, dont la force principale est les exploités des campagnes, soit dirigée par le prolétariat (force dirigeante).

1934 – 1935 : La Longue Marche et la victoire de la politique maoïste

Mao dès 1927 organise dans la base rurale du Jangxi une armée révolutionnaire. Formée de paysans pauvres, elle est dirigée par le parti. Sa tactique est fondée sur des "bases révolutionnaires", et "l’encerclement des villes par la campagne".

Au comité central (CC) du Parti qui conçoit les bases révolutionnaires comme des embryons d’Etat dont l’armée doit garantir les frontières, Mao oppose une tactique de mobilité : "L’Armée rouge ne se bat pas pour se battre, mais uniquement pour faire de la propagande parmi les masses, pour organiser les masses, pour aider les masses dans l’établissement d’un pouvoir politique". Aussi lorsqu’en 1934, le Kuomintang lance une offensive pour anéantir les bases révolutionnaires, le CC veut les défendre comme des citadelles. Sous l’impulsion de Mao, les forces communistes brisent l’encerclement et entament en octobre une marche d’un an et de 10.000 km (la longue marche) qui sauve le Parti et essaime ses idées parmi les masses. Après ce succès, Mao est élu à la tête du Parti.

En 1936, le Japon étend son emprise sur la Chine. Contre lui, le PCC propose un front uni au Kuomintang. Cette tactique répond à une aspiration profonde des masses chinoises. Elle est si forte au sein du Kuomintang même, qu’une de ses armées, menace de tuer Tchiang kai-Chek, qu’elle a fait prisonnier, s’il refuse de faire front contre le Japon avec l’Armée Rouge.

1941 1949 : La lutte contre le dogmatisme et l’approfondissement de la lutte révolutionnaire

Dès la fin des années vingt, dans les zones qu’il contrôle, le PCC met en place des organes de gestion populaire, pris en main par les paysans. Le crédit des communistes s’accroît avec la mise en œuvre de réformes agraires à l’exemple de celle réalisée dans leur base de Yan’An.

En 1941, le PCC lance une campagne contre le dogmatisme et renforce la rupture avec les orientations transposées de la révolution russe. En 1963, le PCC écrira que, de la fin des années 1920 au milieu des années 1940, “ les marxistes-léninistes chinois [s’étant attachés] à enrayer l’influence de certaines erreurs de Staline [puis celle des opportunistes de gauche], ils ont fini par mener la révolution chinoise à la victoire ”.

En 1945, après la capitulation du Japon, le Kuomintang devient l’ennemi principal. Le PCC contrôle le centre et le nord du pays. En 1947, il réalise une réforme agraire expropriant sans indemnité les propriétaires fonciers. Dans les villes sous l’emprise du Kuomintang, l’opposition des intellectuels et des ouvriers se renforce mais sans prendre l’aspect d’une insurrection. Malgré le soutien des Américains, le Kuomintang est battu. Pékin est pris par l’armée Rouge en janvier 1949. Le 1er octobre, une conférence politique populaire proclame la fondation de la République populaire de Chine, consacrant ainsi la victoire de la révolution démocratique (contre le “ féodalisme ”) et nationale (contre l’impérialisme), ouvrant la marche au socialisme.

Et alors pour aujourd’hui ?

Commémorer une victoire n’est rien si nous ne faisons pas nôtres les enseignements de cette lutte. Nous pouvons en souligner deux parmi ceux que nous pouvons tirer de l’expérience de la révolution chinoise.

Le premier est que, dans la lutte anti-impérialiste, il ne peut y avoir de Front uni que si les communistes maintiennent et développent leur indépendance politique et organisationnelle. Un front uni opportuniste conduit à la liquidation des communistes. Aussi, quant au soutien à apporter aux peuples en lutte pour leur libération, nous ne devons pas reproduire l’erreur de l’IC dans les années 1920 : soutenir les forces bourgeoises ou réactionnaires au prétexte du Front uni ou du fait qu’elles sont la force principale de la lutte nationale. Au contraire, l’internationalisme nous impose de donner tout notre appui politique et matériel aux forces révolutionnaires pour qu’elles consolident leur indépendance politique et organisationnelle.

Le deuxième enseignement est que la voie de la révolution ne peut se développer qu’en rompant avec le dogmatisme. Cette rupture ce n’est pas le spontanéisme, l’absence de principe politique et philosophique, mais la volonté de confronter ceux-ci, par l’enquête et l’étude, à la réalité vivante de la lutte de classe.

G F


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