Les biberons en plastique seraient néfastes pour la santé

vendredi 13 juin 2008.
 

Le dossier a de quoi perturber les jeunes mères. Un produit chimique au nom compliqué : bisphénol A, qui rend les biberons en plastique transparents et quasi incassables. Un pays, le Canada, qui a annoncé son intention d’interdire la commercialisation de ces biberons (Le Monde du 6 mai). Et pour couronner le tout, trois études présentées le 14 mai à Genève lors du congrès européen sur l’obésité qui font apparaître que le contact avec des produits chimiques utilisés dans la fabrication de biberons ou d’emballages alimentaires en plastique augmenterait le risque d’obésité.

Sur leurs sites Internet, les fabricants de biberons, tels que Dodie ou Avent, consacrent tous un chapitre au bisphénol A pour rappeler que la fabrication de leurs modèles est "conforme aux normes européennes". A la suite des derniers rapports américains et canadiens, ces normes européennes sont désormais en cours de réévaluation.

En France, la direction générale de la santé a saisi l’Agence de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) afin qu’elle se prononce sur d’éventuelles nouvelles recommandations quant aux niveaux acceptables de bisphénol A. "Le travail de l’Autorité européenne de sécurité des aliments et de l’Afssa doit notamment permettre de savoir s’il est nécessaire de prendre des précautions d’emploi en cas de chauffage du biberon au micro-ondes", explique Didier Houssin, directeur général de la santé. A température élevée, le composé chimique peut "migrer" dans les aliments.

CELLULES NEURONALES

En attendant l’avis de l’Afssa, prévu pour fin août, faut-il opter pour le biberon en verre ? "Le bisphénol A mime l’effet d’hormones. Il est peu actif sur les cellules du foie mais dangereux pour les cellules neuronales", affirme le biologiste Claude Reiss, ancien directeur de laboratoire au CNRS, aujourd’hui membre d’Antidote-Europe. Cette association créée par des chercheurs du CNRS a transmis il y a quelques semaines à l’Autorité européenne et à l’Afssa une étude de toxicogénomique (qui étudie la façon dont les gènes, au sein de cellules vivantes, répondent à des agents toxiques) sur le bisphénol A dont les résultats ont été enregistrés dans la ressource publique ArrayExpress. "Des cellules neuronales exposées au bisphénol A s’engagent dans des voies pathologiques", constate M. Reiss.

"Toutes les données disponibles seront examinées", indique la direction générale de la santé. "Le dossier du bisphénol A est à prendre au sérieux, reconnaît M. Houssin. Comme d’autres expositions environnementales, il est difficile de faire toute la vérité sur les effets potentiels à long terme."

En novembre 2006, le mémorandum de l’Appel de Paris - signé par un millier de scientifiques - demandait "le retrait du marché" de différentes substances chimiques parmi lesquelles... le bisphénol A.

Sandrine Blanchard avec Anne Pelouas à Montréal


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