GRANDS PRINCIPES ET VOTES BIDONS AU PS

mardi 17 juin 2008.
 

Vendredi qui rit. Irlande en tête.

Samedi : grisailles et dépit.

Car samedi 14 juin, c’était la convention du PS sur la déclaration de principe.

Plus que jamais il y avait la réunion réelle d’un côté et le récit médiatique de la réunion de l’autre. Deux scènes, deux enjeux. Certains dirigeants socialistes ne sont jamais allés plus loin que le couloir où campaient les médias. Ils n’ont pas mis un instant les pieds dans la salle. De leur côté certains journalistes ne sont pas entrés une seconde dans la salle. Pour la plupart nous naviguions de l’un à l’autre front.

En ce qui nous concerne, je veux dire "nous" la gauche du parti et mes amis en particulier (au PS notre groupe s’appelle « trait d’union »), nous avons bien dominé le match dans la salle pendant une longue phase, avec discours applaudis et bonne mobilisation de vote. Mais nous avons fini par perdre la partie lors du comptage du vote final bidonné au-delà du raisonnable. Hollande le sournois, dans le style calembour et facéties qui font son charme, a encore battu un record de foutage de gueule en entendant les protestations de la salle.

Comme ça protestait de tous côtés contre le scandale des 580 votes de délégués qu’il s’était arrogé dans une salle qui n’a jamais contenu plus de quatre cent personnes (délégués invités et journalistes compris) et les 17 voix attribuées à l’abstention alors que le quart de la salle avait levé la main à ce moment, il déclare goguenard : « quoi, qu’est ce qui se passe ? Des camarades ne sont pas contents ? Qu’on leur donne deux ou trois voix de plus ».

Et comme tout le monde rit de la calembredaine, Hollande peut passer à la suite de son discours et aux sornettes creuses qu’il contient. Il aurait tort de se gêner. Il parle pour les copains copines qui servent le récit type dans la presse et qui se fichent comme d’une guigne de ce qui se dit réellement, se fait, se compte. Aucun ne s’étonne de ce qu’aucun décompte de vote des fédérations socialistes départementales n’ait été publié, ni du sens du petit chiffre de participation affiché (40%) ni du fait qu’il ne correspond à rien des constatations faites partout. Car sur le terrain c’est à peine 25% qui ont participé à la mascarade qui consiste à voter un texte encore en cours d’amendement.

Tout cela n’existe pas. Palme d’or du récit standard composé depuis la planète mars au 13 heures de France 2, le prétendu service public : « le PS unanime adopte sa nouvelle déclaration de principe et renonce à toute référence marxiste ». La veille cette télé de connivence étalait la rage des oui-ouistes fanatisés avec une grosse manipulation sur le vote en Irlande en donnant la parole au seul Front national pour commenter le résultat. Cette manipulation n’a pas de prétexte. Car cette magnifique rédaction « éthique et indépendante », après m’avoir fait réserver un moment pour une réaction sur ce sujet s’était ensuite décommandée : « nous avons déjà trop de réactions enregistrées ». Comme je n’avais rien demandé et que j’avais déjà eu pas mal de moyens de m’exprimer ça ne m’avait pas décoiffé. Mais quand j’ai vu le résultat, je me suis dit que la défense de la liberté d’une telle engeance et de leur soit disant service public de l’information était une belle foutaise.

L’autre rigolade c’est de voir Ségolène Royal sortir dans un nuage de caméras et déclarer qu’elle a « gagné idéologiquement sur tous les points » : les enregistreurs automatiques médiatiques prennent aussitôt l’air inspiré que l’on connaît. Problème : maman n’a pas mis les pieds une seule fois à la commission de rédaction et aucun de ses amis qui y a fait de brefs passages n’y a dit un mot sur quoi que ce soit. Quand au texte final qui établit sa « victoire idéologique totale » il nous permet d’apprendre qu’elle approuve la transformation sociale "radicale" et le "système" de "l’économie mixte", grande revenante de feu le programme commun, que contient la déclaration de principe. Mais lequel de ces répondeurs automatiques a lu le texte et l’a comparé au précédent ?

Hélas, ils ne sauront rien du décryptage que j’ai fait du texte. Ni de sa portée notamment lorsqu’il renonce à la reconnaissance des « lois du marché » contenue dans le précédent texte. Ni de ses manques insupportables sur l’Europe et l’union de la gauche. En effet la madame est sortie au moment où je prenais la parole entrainant avec elle toutes les lumières que la litanie des congratulations de tribune commençaient à saouler. Mais ce pauvre Gaêtan Gorce, lui, a bien compris. Du coup, il vote contre le texte de la déclaration de principe puisque "Mélenchon peut s’y retrouver". Et Hollande le rusé de se donner le luxe de dire que ceux qui n’approuvent pas la déclaration de principe peuvent aller ailleurs l’essentiel étant que le parti reste capable de rassembler tous ceux qui le veulent au moment des éléctions. Rires gras dans la salle. Gorce est prévenu !

Voila comment on peut dire que Hollande et ses compères ont gagné une superbe bataille médiatique en faisant avaler à la même bande de gogos pour la quatrième fois depuis 1995 la rénovation, la modernisation, le Bad Godesberg du Parti socialiste. Cerise sur le gâteau : s’exprime à la tribune une représentante du SPD le parti qui gouverne avec la droite et qui vient traiter le Linke de « parti populiste ». La prochaine fois, tant qu’à inviter un socialiste qui gouverne avec la droite, il faudrait faire venir Jean-Marie Bockel, car lui au moins n’insultait pas ses camarades. Mais qui se souvient qu’au congrès du Mans c’est Romano Prodi que l’on acclamait la bouche ouverte ?

Ma semaine est finie. Je suis épuisé par trois réunions publiques et par ce sketch, sans parler du reste. Je vais m’acheter des fleurs fraîches car ça me détend de le faire et que j’adore mettre un beau bouquet sur ma cheminée. Je vais oublier tout ça jusqu’à lundi.


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