La réaction nobiliaire sous Louis XVI

vendredi 24 juillet 2020.
 

Les classes possédantes n’acceptent jamais de perdre leurs privilèges et leurs surprofits sans combat social, politique, judiciaire, policier, idéologique et militaire.

Durant le règne de Louis XVI, il est clair que les privilèges de la noblesse et du haut clergé (en tout 1,5% de la population maximum) sont condamnés par l’évolution historique, l’Etat royal absolutiste aussi.

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Pourtant, durant ces années, la noblesse, le haut clergé et la Cour se cabrent dans la défense de leurs privilèges et imposent de plus en plus de sacrifices au peuple. Les historiens ont donné le nom de réaction nobiliaire à cette crispation des profiteurs au moment où leur décès historique approchait.

Clergé, noblesse et bourgeoisie du Siècle des Lumières à 1789

La réaction nobiliaire constitue un combat social et politique contre les paysans, artisans, ouvriers, bourgeois, mendiants. Une bataille idéologique l’accompagne.

1) La réaction nobiliaire, un combat social

Dans les années 1780, de nombreux aristocrates font appel à des feudistes (spécialistes de droit féodal) pour augmenter leur profit seigneurial. Ils engagent pour cela une réfection des "livres terriers" afin de débusquer toute possibilité légale (c’est à dire dans le cadre du droit féodal) de taxe à faire payer en particulier aux paysans.

L’Édit de Ségur du 22 mai 1781 impose à tout candidat à une sous-lieutenance dans l’infanterie, la cavalerie et les dragons de prouver quatre degrés de noblesse. Cela ferme complètement l’accès des roturiers aux commandements de l’armée. L’ordonnance du 17 mars 1788 réserve encore davantage les fonctions d’officiers aux nobles.

Ce monopole des hautes fonctions au profit de la noblesse présente le même aspect moyennageux dans la haute administration. Sous Louis XVI, tous les intendants sont nobles, tous les ministres (sauf un) sont également nobles.

Les fonctions du haut clergé représentent subissent aussi le monopole de l’aristocratie :

- évêques et archevêques sont uniquement recrutés dans la haute noblesse sur la fin de l’Ancien régime

- les monastères représentent surtout une source de revenus pour les cadets de la haute noblesse

2) La réaction nobiliaire, un combat politique

Fondamentalement, la noblesse a pour but, sous Louis XVI, de s’imposer comme une caste privilégiée fermée accaparant l’essentiel des pouvoirs, des fonctions professionnelles honorifiques et importantes. Elle veut vivre en parasite de pensions royales prélevées sur le budget public.

La noblesse crée ainsi la dette publique mais refuse toute évolution de la fiscalité.

Crise de l’Ancien régime

Quelle part de la population française se reconnaissait en 1780 dans des idées républicaines et rationalistes ? Sans doute guère plus de 0,3%.


Parmi les formes ridicules et graves de réaction nobiliaire, notons :

- l’archevêque de Lyon qui décide en 1786 de compenser son droit de banvin par une contribution prélevée aux barrières d’entrée de la ville. Le banvin est un privilège féodal accordant un monopole de vente du vin au seigneur dans sa seigneurie pendant 30 ou 40 jours après le ban des vendanges. Ce droit était tombé en désuétude, en particulier pour une grande ville comme Lyon qui n’avait plus rien d’une "seigneurie". La nouvelle taxe entraîne une hausse des prix et contribue au déclenchement de l’insurrection des ouvriers lyonnais :

7 août 1786 Insurrection ouvrière de Lyon L’émeute des deux sous


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