Le « Nouveau parti anticapitaliste » sur les rails, de façon « irréversible »

mercredi 2 juillet 2008.
 

par DEMARTHON Jacques, LUCAS Rosalie

Le « Nouveau parti anticapitaliste », qui doit succéder à la LCR d’Olivier Besancenot, a été mis sur les rails de façon « irréversible » dimanche, avec pour marque de fabrique « l’indépendance vis-à-vis du PS ».

Le processus « irréversible »

« Le contrat est rempli, le processus est irréversible : en 2009 il faut compter avec une nouvelle formation », a affirmé l’ex-candidat à la présidentielle, à l’issue de la rencontre samedi et dimanche en Seine-Saint-Denis de 800 délégués venus de toute la France, représentant quelque 300 comités, forts selon la LCR de quelque 10.000 militants.

« Le succès dépasse nos espérances », a lancé le jeune postier, en saluant « un acte fondateur fort ». Pour lui, désormais « la gauche radicale anticapitaliste peut changer d’échelle », avec un espace à conquérir à gauche du PS.

« On n’est pas condamné à vivre dans une réserve d’Indiens » et « l’extrême gauche ce n’est pas ce qui qualifie » le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), a assuré Olivier Besancenot, dont la popularité croissante dans les sondages peut servir de fond de commerce à la nouvelle formation. « La marque de fabrique du nouveau parti est sa totale indépendance vis-à-vis du PS », a-t-il souligné, un credo qui est revenu dans toutes les bouches et qui est aussi gravé dans l’appel adopté par les délégués. Ce que résume la profession de foi du « NPA » : « construire une gauche de combat anticapitaliste, internationaliste, antiraciste, écologiste, féministe, révoltée par toutes les discriminations ».

M. Besancenot a toutefois assuré que la manoeuvre n’était pas dirigée contre le PS mais présentait « un projet alternatif », alors que le porte-parole du PS, Julien Dray, l’a mis en garde dimanche contre une « envie de certains » de « l’instrumentaliser pour créer l’idée qu’il y aurait désormais deux gauches ». Mais pour Alain Krivine, fondateur historique de la LCR en mai 68, le succès de la démarche découle en bonne partie de l’espace libéré par le PS : « Olivier Besancenot apparaît comme le meilleur dirigeant contre Sarkozy, alors que le PS est muet ou même complice » du gouvernement, notamment sur la question « des retraites ».

« NPA » étant une dénomination provisoire, le nom du nouveau parti sera choisi lors de son congrès de fondation en janvier 2009, par un vote des militants. L’organisation de la nouvelle formation n’a pas encore été décidée mais « il n’y aura pas de président, ni de secrétaire général -ce n’est pas le genre de la maison- il y aura une direction collégiale avec des porte-parole », a souligné M. Besancenot ... qui de toute évidence en fera partie.

Un grand défi pour le parti trotskiste est d’associer les non membres LCR à tous les chantiers - définition du programme comme des statuts. Un collectif d’animation de 60 personnes -dont seulement 20 LCR- a été mis en place pour piloter le passage au nouveau parti, mais à la direction de la Ligue on admet que, même minoritaire, celle-ci va peser lourd dans les décisions. Pour l’heure, « la seule force organisée nationalement » engagée dans cette initiative est la LCR, reconnaît M. Besancenot. Une tendance minoritaire de Lutte ouvrière l’a toutefois rejoint en observateur.

Le processus « irréversible » du Nouveau parti anticapitaliste est lancé

LA PLAINE-SAINT-DENIS (SEINE-SAINT-DENIS), 29 juin 2008 (AFP) - DEMARTHON Jacques

La première réunion nationale des comités pour un « Nouveau parti anticapitaliste », qui doit succéder à la LCR, s’est achevée dimanche, lançant le processus « irréversible » de sa fondation, selon Olivier Besancenot. « Le contrat est rempli, le processus est irréversible : en 2009 il faut compter avec une nouvelle formation », a affirmé Olivier Besancenot, lors d’un point de presse à l’issue de la réunion des 800 délégués des comités pour ce « NPA » qui s’est tenue pendant deux jours à la Plaine-Saint-Denis, en région parisienne.

Le nom du nouveau parti sera choisi lors du congrès de fondation en janvier 2009, par un vote des militants, sur la base des propositions des comités, a souligné M. Besancenot.

L’organisation de la future formation n’a pas encore été décidée mais d’ores et déjà M. Besancenot a souligné qu’« il n’y aura pas de président, ni de secrétaire général -ce n’est pas le genre de la maison- il y aura une direction collégiale avec des porte-parole ».

Les délégués ont adopté une déclaration qui appelle à construire « une gauche qui ne renonce pas », une « gauche de combat anticapitaliste, internationaliste, antiraciste, écologiste, féministe, révoltée par toutes les discriminations ». « Nous voulons un parti totalement indépendant du Parti socialiste, un parti qui défende jusqu’au bout les intérêts de tous les exploités », ajoute le texte qui entend « élaborer une nouvelle perspective socialiste démocratique pour le 21e siècle ». [1]

Un collectif d’animation de 60 personnes - dont 20 membres LCR et 40 non LCR - a été mis en place pour piloter le passage au nouveau parti, alors que jusqu’à présent la tâche incombait à la seule direction de la LCR.

Une nouvelle rencontre des comités est prévue en octobre.

Note [1] : Voir l’appel : Appel de la coordination nationale des comités d’initiatives pour un Nouveau Parti Anticapitaliste

Début de la réunion nationale des comités pour le « parti anticapitaliste »

PLAINE-SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), 28 juin 2008 (AFP)

- Les comités pour un « Nouveau parti anticapitaliste », qui doit succéder à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), ont ouvert samedi leur première réunion nationale sur un appel à constituer une nouvelle force « face à une gauche en état de sinistrose ».

Réunis dans une salle austère de la Plaine-Saint-Denis, au Nord de Paris, avec comme seules banderoles le slogan « Un nouveau parti anticapitaliste, maintenant ! », les quelque 800 délégués des comités, constitués depuis plusieurs mois sous la houlette de la LCR, doivent plancher jusqu’à dimanche sur la construction de ce nouveau parti, dont la création est prévue en janvier 2009.

« La construction d’une force de transformation de la société nécessite du temps pour rassembler des hommes et des femmes de toutes origines et toutes cultures » mais, en même temps, « il y a urgence que face à une gauche en état de sinistrose une nouvelle force soit constituée », a affirmé a l’ouverture Pierre François Grond, membre de la direction de la Ligue. « La Ligne de clivage fondamentale » à gauche passe, selon lui, entre « s’adapter ou résister », « contester ou gérer ». « Nous n’avons de leçon à recevoir de personne pour ce qui est de la résistance à Nicolas Sarkozy, » a-t-il lancé, alors que des voix, notamment au PS, accusent la LCR d’être instrumentalisée par le pouvoir dans cette démparche pour fractionner la gauche.

Les délégués venus de toute la France ont commencé à intervenir à la tribune où défilent les délégués. « Le processus » de création du nouveau parti, « ne se réduit pas à une personnalité, Olivier Besancenot, si talentueux soit-il », lance Rosie, venue des Bouches-du-Rhône. La critique selon laquelle le nouveau parti sera « une LCR bis (...) est désormais derrière nous », assure-t-elle.

Les délégués doivent s’accorder d’ici dimanche sur une déclaration commune et la mise en place d’une structure intégrant des non militants LCR pour piloter d’ici janvier la création de la nouvelle organisation.

Nouveau parti : Besancenot veut que la gauche radicale « change d’échelle »

LA PLAINE-SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), 28 juin 2008 (AFP) - Un millier de délégués des comités pour un « Nouveau parti anticapitaliste » ont tenu samedi leur première réunion nationale, un « acte fondateur fort » qui doit permettre à la gauche radicale de « changer d’échelle », selon Olivier Besancenot.

« Cette première réunion n’est pas un mini-congrès mais c’est un acte fondateur fort », a lancé l’ex-candidat de la LCR à la présidentielle, devant les délégués, en majorité non membres du parti trotskiste, réunis dans une salle austère de la Plaine-Saint-Denis. « On a une responsabilité particulière : la gauche radicale anticapitaliste peut changer d’échelle », assure le jeune postier, qui prend la parole quelques minutes, comme les autres délégués. Son intervention dynamique enthousiasme la salle : « On est révoltés, on veut aller plus loin, on veut fonder une autre société, ce qui nous rassemble c’est une démarche de refondation politique », affirme l’ex-candidat à la présidentielle, dont la popularité va crescendo, selon des derniers sondages.

Constitués depuis plusieurs mois sous la houlette de la LCR, les comités regroupent désormais, selon la Ligue, quelque 10.000 personnes et se donnent pour objectif de fonder en janvier 2009 le nouveau parti, dont le nom reste à déterminer. Alain Krivine, fondateur de la LCR en 1968, est ravi : « C’est un gros succès, on est au début du processus et on est déjà 10.000 », trois fois plus que les effectifs de la LCR. « Ce sera un grand parti », pronostique-t-il. Le succès, concède M. Krivine, n’est pas sans rapport avec l’espace libéré par le PS : « Olivier Besancenot apparaît comme le meilleur dirigeant contre Sarkozy, alors que le PS est muet ou même complice » du gouvernement, notamment sur la question « des retraites ».

A l’ouverture de la rencontre, Pierre-François Grond, membre de la direction de la Ligue, donne le ton : « Il y a urgence que, face à une gauche en état de sinistrose, une nouvelle force soit constituée ». « Nous n’avons de leçon à recevoir de personne pour ce qui est de la résistance à Nicolas Sarkozy », ajoute-t-il, alors que des voix, notamment au PS, accusent la LCR d’être instrumentalisée par le pouvoir pour fractionner la gauche.

A l’issue de la rencontre dimanche, une structure doit être mise en place - intégrant des militants non LCR - pour rédiger d’ici à l’automne un programme et définir des statuts de la nouvelle formation. « Le plus grand défi est d’associer les non membres de la LCR à tous les chantiers », alors que « la moitié d’entre eux n’ont aucune expérience politique », estime M. Grond.

La parisienne Leila, du comité « l’Appel à la pioche » qui défend la cause des précaires, pose déjà une condition : « Que nos formes d’action soient prises en compte ». « Nous sommes là pour enterrer la faucille et le marteau ! » Tout le monde n’est pas de cet avis « le Nouveau parti anticapitaliste doit dire clairement dans son programme et dans son sigle qu’il est révolutionnaire et de classe », souligne un militant de la tendance minoritaire de Lutte ouvrière, l’une des rares formations politiques à être présente.

Clémentine Autain, ex-candidate à la candidature antilibérale en 2007, reconnaît que « la LCR est la seule à faire une proposition politique » alors que « le PCF, la gauche du PS ou des Verts n’ont rien fait ». Mais pour réussir, elle doit notamment « s’adresser aux autres sensibilités » pour ne pas devenir « une LCR un peu plus grande ». Mais, cette critique d’une « LCR-bis est désormais derrière nous », estime Rosie, venue des Bouches-du-Rhône.

CONTACTS ENTRE LA LCR ET UN ANCIEN MEMBRE D’ACTION DIRECTE

Olivier Besancenot a confirmé samedi que la Ligue communiste révolutionnaire entretenait des contacts avec Jean-Marc Rouillan, ancien membre du groupe armé d’extrême-gauche Action directe. « Je n’ai aucun problème pour le dire », a déclaré le porte-parole de la LCR. « J’appartiens à un courant politique qui désapprouvait et qui décriait les méthodes d’Action directe à l’époque. La question qui se pose, c’est de savoir si des personnes qui ont connu le système carcéral ont le droit de faire de la politique. Nous, on pense que oui », a-t-il fait valoir.

Condamné en 1989 à la perpétuité, dont 18 ans de peine de sûreté incompressible, Jean-Marc Rouillan bénéficie d’un régime de liberté surveillée depuis décembre 2007. Il a été reconnu coupable de « complicité d’assassinats » de l’ingénieur général de l’armement René Audran en 1985 et du PDG de Renault Georges Besse en 1986. - (avec Reuters)

Un ancien d’Action directe chez Besancenot

IL Y A des soutiens qui ne passent pas inaperçus. Ce week-end, Olivier Besancenot réunit les comités constitués pour la création de son nouveau parti. Cette première rencontre nationale permettra de voir si le projet convainc au-delà des militants de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Mais, la semaine dernière, le « Canard énchaîné » a révélé que Jean-Marc Rouillan, ancien membre du groupe terroriste Action directe, était intéressé par ce nouveau parti. L’ex-compagnon de Nathalie Menigon - la pasionaria d’Action directe - aurait rencontré à ce sujet Olivier Besancenot lors de sa venue à Marseille le 7 juin pour une réunion sur le nouveau parti.

Condamné pour les meurtres du général Audran en 1985 et du PDG de Renault Georges Besse en 1986, Rouillan est depuis décembre 2007 en régime de semi-liberté à Marseille. Dans la journée, il travaille pour un éditeur et le soir il retourne dormir en prison. Evoquant le nouveau parti anticapitaliste (NPA), l’ancien terroriste a expliqué y voir « un espoir pour plein de gens qui en ont marre de vivre sans instrument de lutte ». « C’est moi qui suis allé vers eux, j’ai été reçu tout simplement », explique-t-il. Selon son avocat, Jean-Louis Chalanset, à qui Rouillan a fait part de son intention, rien ne s’oppose juridiquement à ce que son client adhère à un parti politique.

A Marseille, les amis de Besancenot confirment effectivement que le cofondateur de l’organisation armée rencontre régulièrement des membres du comité local de création du nouveau parti.

« Il est le bienvenu comme tous ceux qui ne se résignent pas »

« Il s’intéresse, il prend des informations », confie Samy Joshua, membre de la direction de la LCR dans les Bouches-du-Rhône. « On ne demande à personne un bilan de son passé », ajoute-t-il en expliquant que cet intérêt de Rouillan pour le futur NPA n’a pas soulevé de protestation. Mais il semble que pour l’instant, tous les militants ne soient pas encore au courant. « S’il admet que le NPA n’a rien à voir avec la stratégie militaire d’Action directe, il est le bienvenu comme tous ceux qui ne se résignent pas », complète Joshua.

Même écho à la direction de la LCR où on minimise l’affaire. « C’est une petite histoire pour nous, assure Pierre-François Grond, l’un des dirigeants de la Ligue. C’est géré par le comité de Marseille. Si Rouillan est conscient que ses anciennes méthodes ne sont pas les nôtres, on ne voit pas pourquoi on s’opposerait à sa venue. » Alain Krivine, figure historique de la LCR, estime normal qu’Olivier Besancenot ait rencontré Rouillan dans ce cadre, et trouve aussi que l’affaire est « secondaire ». D’abord parce que le nouveau parti ne devrait voir le jour qu’en janvier : l’adhésion de Rouillan n’est donc pas encore sûre. Krivine martèle qu’il n’y a aucune ambiguïté sur la position de la LCR qui s’est toujours opposée aux méthodes terroristes : « On s’est pas mal heurté à l’époque d’Action directe, nous ne sommes pas d’accord avec ce qu’il a fait dans le passé. »

La LCR a en revanche protesté contre les conditions d’incarcération des membres d’Action directe. Rouillan a d’ailleurs écrit un article sur « l’enfer carcéral » dans le numéro du 5 juin de « Rouge », l’hebdo de la Ligue. Krivine tient en tout cas à préciser que « même si Rouillan finit par venir au NPA, ce n’est pas lui qui en fixera la ligne politique ».

Rosalie Lucas

* Samedi 28 juin 2008 | Le Parisien AFP, DEMARTHON Jacques, LUCAS Rosalie


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