Les sommets du G8 sont l’expression d’un pouvoir illégitime et d’une mondialisation impopulaire

vendredi 11 juillet 2008.
 

Depuis 1975, les principales puissances de la planète se réunissent à huis clos pour échanger et proposer des réponses aux problèmes mondiaux. Lors de ses premières réunions, il s’agissait pour le G8 – Allemagne, Etats-Unis, France, Japon, Royaume Uni, rejoints en 1976 par le Canada et l’Italie, puis en 1999 par la Russie – de trouver des solutions à la fin du système monétaire international adopté en 1944 lors des accords de Bretton Woods (qui avait pour principe la convertibilité du dollar en or) et au premier choc pétrolier de 1973.

D’emblée, ces Sommets annuels ont manifesté leur caractère oligarchique : les principales puissances mondiales se réunissent entre elles pour décider de ce qui est bon pour l’ensemble des peuples !

Rapidement, les réunions du G8 ont couvert l’ensemble de l’actualité mondiale ; et sont devenues le lieu du pouvoir mondial. Le G8 a en effet toujours émis des recommandations (le G8 ne prend aucune décision mais émet « seulement » des recommandations) permettant de mettre en place l’ordre néolibéral que l’on connaît aujourd’hui, grâce aux institutions financières internationales (Fonds monétaire international - FMI - et Banque mondiale - BM) où les Etats membres du G8 détiennent la majorité des voix.

Véritable directoire mondial, le G8 est illégitime : aucun des chefs d’Etat ou de gouvernement présents lors des Sommets des Huit ne dispose du moindre mandat démocratique pour gérer les affaires concernant l’ensemble de la planète. Le G8 ne saurait trop rappeler des époques passées lorsque les grandes puissances se partageaient le monde lors de discussions fermées...

Toutefois aujourd’hui le pouvoir du G8 est affaibli par celui de puissances émergentes. Mais ce ne sont pas les propositions de son élargissement aux membres du G5 (Chine, Inde, Brésil, Mexique, Afrique du Sud) qui pourront lui retirer son caractère illégitime ! Il est au contraire nécessaire de réformer et de renforcer une institution telle l’Organisation des Nations unies (ONU) afin qu’un véritable espace démocratique puisse voir le jour pour aborder les sujets concernant l’ensemble des peuples.

Mais peut-être sont-ce justement les peuples que les gouvernements voudraient ne pas voir...

A l’instar de la construction européenne où les chefs d’Etat ou de gouvernement n’hésitent pas à remettre en cause les suffrages populaires exprimés, le G8 cherche à faire taire la contestation et les propositions d’alternatives au néolibéralisme.

Ainsi, avant même le début du contre-sommet organisé par les ONG et mouvements altermondialistes, les entrées sur le territoire japonais ont été sévèrement restreintes. De nombreuses personnes (universitaires, journalistes, syndicalistes) connues pour leur expertise scientifique et pour leur rôle de contre-pouvoir ont été longuement interrogées ; certaines d’entres elles restant plus d’une douzaine d’heures dans les locaux de la police des frontières.

L’entrée au Japon a été refusée à 23 personnes, dont notamment celles des deux délégations coréennes de la Fédération des syndicats démocrates et des agriculteurs. D’autres personnes du Bangladesh, des Philippines, du Népal, etc. ont vu leur visa refusé bien qu’elles aient été invitées officiellement par des organisations reconnues pour leur participation aux forums. Quelques autres ont été autorisées à séjourner au Japon mais pour une durée significativement réduite, les empêchant d’intervenir lors des conférences publiques pour lesquelles elles avaient été invitées.

Comme lors du G8 en Allemagne l’an passé, ce sont des mesures d’exception qui sont appliquées à l’encontre des militants altermondialistes, assimilant la contestation pacifiste du système néolibéral à une opération terroriste en puissance.

Les arguments contradictoires à ceux portés par les gouvernements membres du G8 doivent pouvoir être exprimés librement au sein des forums et des manifestations. Toute entrave à la liberté d’expression est une atteinte aux libertés fondamentales reconnues dans les Etats démocratiques modernes.

Nous dénonçons les mesures policières déployées par les gouvernements à l’occasion des Sommets du G8 ; nous demandons la fin des arrestations des journalistes et des militants témoignant sur place de l’impopularité mondiale du G8 et de ses « recommandations » ; nous exigeons la suppression du G8 et la mise en place d’une ONU radicalement réformée et appliquant totalement sa Charte et la Déclaration des droits de l’Homme et auquel serait soumis les autres institutions internationales (dont notamment l’Organisation mondiale du commerce - OMC)

Attac France,

Montreuil, le 9 juillet 2008


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