Pérou : la police ouvre le feu sur des mineurs en grève

mardi 15 juillet 2008.
 

érou : Garcia ouvre le feu sur des mineurs en grève, 1 mort 5 blessés

La tension sociale a augmenté au Pérou après que la police ait ouvert le feu contre les mineurs en grève qui voulaient prendre l’entreprise.

Les conflits du travail et la tension sociale continuent au Pérou après la grève nationale de mercredi dernier. Hier, la police a attaqué à coups de feu les ouvriers d’une entreprise minière en grève depuis le 30 juin, tuant un gréviste et en blessant cinq autres. Au moins un des blessés se trouve dans un état grave. L’affrontement entre la police et les grévistes s’est produit dans la province de Pataz, dans la région La Libertad, à 570 kilomètres au nord du Pérou dans une mine appartenant à la compagnie Aurifera Retama S.A. (Marsa). Inocencio Chiguala, un des mineurs en grève, a raconté que l’affrontement entre grévistes et policiers a commencé à 9h30 du matin "quand trois bus avec 200 policiers sont arrivés dans les environs de l’entreprise minière et ont rejoint les policiers qui gardaient l’entreprise pour nous attaquer". Luis Castillo, président de la Fédération Minière, a dénoncé que l’affrontement s’est produit parce que les policiers ont ouvert le feu contre les grévistes. Miguel Yupanqui, 23 ans, a été tué d’un coup de feu dans le thorax. Cinq autres ouvriers ont été blessés par des coups de feu dans différentes parties du corps. La violente répression policière contre les mineurs en grève s’est produite trois jours après une grève nationale qui a été fortement ressentie à l’intérieur du pays et après laquelle le gouvernement a accusé les syndicats de "conspirer contre la démocratie" et a lancé de dures attaques et des menaces contre les organisateurs de la grève.

Marsa est l’une des principales productrices d’or du pays et ses travailleurs sont en grève depuis deux semaines exigeant qu’on leur paie un partie des profits de l’entreprise depuis 2007. Les employés de la compagnie sont répartis dans neuf entreprises sous-traitantes qui fournissent des services à Marsa, et qui refusent de remettre aux travailleurs le pourcentage des profits qui leurs correspond. C’est une pratique commune entre les entreprises minières qui opèrent au Pérou de ne pas embaucher directement leurs travailleurs, mais de le faire à travers d’entreprises tiers pour ainsi éluder le paiement de droits sociaux, comme le paiement de huit pour cent des profits qui selon la loi doivent être distribué aux travailleurs des entreprises minières. On estime que sur 100 mille mineurs qui existent dans le pays, près de 80 pour cent travaillent au noir. Selon le web de l’entreprise Marsa, celle-ci a 2000 travailleurs. Cependant, la Fédération Minière assure qu’en réalité ils sont 3900, entre les stables et ceux engagés de manière temporaire.

Ce qui est arrivé dans l’entreprise Marsa a lieu dans le contexte d’une situation de conflit dans le secteur minier qui dans les dernières années a produit des affrontements successifs entre les entreprises minières et ses travailleurs, qui réclament une plus grande participation dans les immenses profits des compagnies minières à la suite de la hausse des prix internationaux des minerais, et aussi de nombreux chocs entre les compagnies et les paysans et les habitants des zones où celles-ci agissent, ces derniers les accusent de les expulser de leurs terres et de polluer les eaux. Les entreprises minières sont aussi accusées de maltraiter les populations des zones où elles agissent et sont mises en cause pour jouir de privilèges fiscaux octroyés par le gouvernement.

Dans les dernières années, les profits des compagnies minières ont augmenté de plus de 500 pour cent. En 2007, leurs profits ont presque atteint les 4,5 millards de dollars et les entreprises en emportent 70 pour cent et en laissent dans le pays seulement 30 pour cent. Durant la campagne électorale de 2006, Alan Garcia, alors candidat, a offert d’établir un impôt aux sur-profits des entreprises minières pour que le pays, en particulier les régions pauvres où se trouvent les gisements miniers, obtiennent de plus grands gains du boom des prix des minerais. Cependant, dès qu’il est arrivé au pouvoir, il a négocié avec les compagnies un "apport volontaire" et a laissé de côté son offre électorale. L’apport volontaire des compagnies minières atteint environ 150 millions de dollars par an, ce qui représente à peine trois pour cent de leurs profits. Selon l’économiste Humberto Campodonico, professeur de l’Université de San Marcos, un impôt sur les surprofits miniers "similiare à des pays comme l’Équateur laisserait au pays un revenu d’au moins 830 millions de dollars par an, au lieu des 150 millions que les compagnies minières apportent maintenant". Dans ce contexte, la mort du mineur de Marsa réchauffe encore plus la situation d’un secteur qui s’est converti en un des plus grands centres de tension sociale.

Carlos Noriega, Pagina/12, 13 juillet 2008.


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