"Certains peuples et dirigeants musulmans ont fini par comprendre qu’il était totalement immoral d’imiter le prophète dans ces pratiques d’un autre âge" (par Pascal Hilout, Nouvel islam)

samedi 18 octobre 2008.
 

Nous conviendrons d’abord qu’une vérité historique, admise par tout le monde, est ce qu’on peut appeler, jusqu’à nouvel ordre, la vérité tout court. Nous sommes obligés de l’admettre, même si elle nous est désagréable, désavantageuse ou gênante.

Tous les historiens musulmans sont d’accord pour nous raconter que Mahomet a épousé Aïcha en bas âge (environ neuf ans), qu’il est mort alors qu’elle n’avait que dix huit ans et qu’elle est restée interdite de remariage comme les huit autres consœurs de ce veuvage. C’est un fait religieux que les musulmans prennent soin d’enseigner à leurs enfants.

Or voilà que certains peuples et dirigeants musulmans ont fini par comprendre qu’il était totalement immoral d’imiter le prophète dans ces pratiques d’un autre âge. Sa tradition, un des deux pieds de sable sur lesquels l’islam fait du sur-place, s’en trouve balayée par le vent frais qui souffle sur quelques musulmans. Le problème est qu’ils sont tous d’accord pour ne pas le dire aussi clairement et tentent de cacher les balayures sous le tapis. Voulant ménager et leur conscience morale émergeante et Mahomet, ils se trouvent engagés dans des contorsions intellectuelles totalement ridicules.

Le Maroc, sous la conduite du roi Mohamed VI, qui fait aussi fonction de chef spirituel, a entrepris depuis 2004 une réforme du statut personnel islamique qui ne faisait pas grand cas des droits de la femme (1). Ce faisant, il ne fallait surtout pas égratigner l’islam=Coran+Mahomet, brique angulaire du régime en pisé et de la très fragile psychologie marocaine. Alors tout le monde, des traditionalistes aux progressistes, s’est évertué à accuser les ancêtres d’avoir mal compris l’islam, d’avoir eu « une lecture machiste de l’islam » et autres billevesées du même genre (2). Et c’est ainsi que les musulmans du Maroc, soi-disant modérés, ont tous usé et abusé de la négation des incontournables vérités historiques. Ils ont voulu sauver la face, ils ont fini par la perdre, tout autant que leur âme.

Le prophète est nu !

Le révélateur de cette mascarade collective, de ce consensus généralisé autour de l’hypocrisie, a été un honnête homme marocain, que tout le monde qualifie d’islamiste, de salafiste et autres « istes » infamants, ces temps-ci, pour ne pas avouer qu’il est tout simplement un musulman ayant fait ses études religieuses en Arabie, là où l’islam est né et où il continue de faire du sur-place tout en déambulant en rond. Il s’agit d’un certain professeur d’université à la retraite, dénommé Mohamed Maghrawi, dont la fatwa autorisant le mariage d’une fillette de neuf ans, émise dans les premiers jours de septembre, a soulevé un tollé général parmi les bien-pensants. Pourtant, il n’a fait qu’appeler les musulmans au respect scrupuleux d’une tradition bien établie du prophète. Cette fameuse Tradition à laquelle aucun musulman n’est prêt à renoncer officiellement comme deuxième fondement de l’islam.

D’après une enquête du magazine marocain TelQuel, Mohamed Maghrawi dirige l’Association pour l’appel au coran et à la tradition du prophète. Autrement dit, l’appel à l’islam. Dans cet article, on trouve le récit d’une épopée digne des preux chevaliers des temps modernes : un chercheur y raconte comment il avait réussi à s’introduire chez les islamistes, alors que l’association avait pignon sur rue, un site officiel (http://maghrawi.net/) et des adeptes qui courent les avenues. Ce site affiche aujourd’hui un compteur dépassant les 23 millions de pages visitées.

Circulez, il n’y a rien à interpréter !

La fatwa de cet "islamiste" a mis les autorités du royaume dans l’embarras. Il est évident qu’il est un bon musulman ; honnête par dessus le marché. Acculés à avouer leur hypocrisie, les jurisconsultes (muftis) officiels n’osent pas le taquiner. Bien des journaux soi-disant progressistes se sont offusqués du laxisme des autorités qui ont laissé faire, mais peu de journalistes ont osé exposer les choses telles qu’elles sont et que relate justement le magazine TelQuel : « La fatwa de Maghrawi a la vertu de nous mettre devant une situation où la morale publique réprouve et rejette le contenu d’un texte religieux. » (texte relatant la Tradition dans ce cas)

Alors un petit conseil à ceux qui, ici en France, nous bassinent avec des gros mots comme islamistes, salafistes etc. au lieu de dire tout simplement musulmans : à l’avenir ils devront d’abord nous dire si Mahomet est islamiste ou bien modéré. S’ils ne le savent pas, je leur rappelle qu’il était le premier à mener un jihad actif, sabre en main.

Les faits religieux comme les faits historiques sont têtus : il faut les regarder en face, les assumer avant de pouvoir les dépasser.

Pascal Hilout

Nouvel islam

mardi 7 octobre 2008


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