Réforme des institutions : A VERSAILLES, D’UN CHEVEU

vendredi 25 juillet 2008.
 

Je me trouvais à Versailles. Avant le week end, avec le groupe socialiste du Sénat, on s’était déjà bien fait battre dans les votes sur la loi à propos du temps de travail. Rude série. Mais après le vote de Versailles on peut se poser quelques questions sur la façon dont nos affaires ont été conduites.

Ce vote du Congrès du parlement à Versailles s’est bien mal fini pour nous, l’opposition de gauche. Je ne crois pas qu’il faille en attribuer la responsabilité exclusive à Jack Lang, même si de toute façon chaque voix acquise au projet de Nicolas Sarkozy est directement responsable du résultat.

Mais s’il faut faire la liste des manquements, on ne doit oublier personne et tout particulièrement les radicaux de gauche qui ont suivi leur président, Jean-Michel Baylet. Sans eux, même avec Jack Lang, la réforme ne passait pas. Pour ma part, je ne crois pas à la thèse d’après laquelle tous ceux qui ont voté pour cette réforme ont été achetés. En tous cas pas ceux là. Ils sont convaincus. Tous sont partisans du régime présidentiel. Leur engagement ne date pas de ce jour. Ils ont voté conformément à ce qu’ils croient juste. Ils n’ont jamais été pris sur leur terrain.

D’une façon générale l’erreur que le PS a commise, face à la majorité de droite et face au pays est de ne pas avoir porté le débat sur le registre qui est vraiment le sien : régime parlementaire ou régime présidentiel ? En réunion de groupe à l’assemblée, François Hollande avait expressément refusé que ce débat soit ouvert. Lourde erreur. Du coup nous avons été enfermés dans le soupesage article par article pour savoir s’il y avait plus ou moins de pouvoir pour le parlement. Or dans un régime présidentiel, le parlement n’est pas sans droits. Encore heureux.

Expliquer que cette réforme n’augmente pas les droits du parlement est une tâche qui nécessite d’aller au fond et de ne pas rester en surface. Car sinon même si les « avancées » du texte (notez les guillemets s’il vous plait) sont plus cosmétiques que réelles et parfois même sont carrément des trompes l’œil, il est difficile pour des réformiste d’affirmer qu’un petit mieux n’est pas acceptable au nom d’un hypothétique plan « b » ultérieur.

Cette argumentation ayant beaucoup servi contre nous à l’occasion des deux votes de réforme de la Constitution en vue des traités européens, il est savoureux de voir les arroseurs arrosés à leur tour. Evidemment François Fillon a beaucoup servi l’argument dans son discours. Il a pu rappeler qu’à l’assemblée la gauche a fait passer cinquante amendements dans le texte ! Il n’a pas été démenti. Montebourg s’est même longuement réclamé de ce travail « patient » et de cette « main tendue » des socialistes. L’observateur sérieux qui aurait suivi tout cela au jour le jour saurait évidemment faire la part des choses et admirer cette fine tactique destinée à montrer que les socialistes ne sont pas sectaires puisque c’est parait-il le but de cette manœuvre plus qu’ambiguë.

Du coup, les 19 parlementaires socialistes qui ont signé une tribune dans « Le Monde » ne paraissaient pas si décalés de la pente générale du groupe socialiste à l’assemblée.Tout cela c’est beaucoup de confusion. Et la confusion ne nous a guère aidé, voila le bilan. Comme d’habitude, certaines simplifications de la presse télévisuelle ne nous ont pas non plus facilité la tache. Mais faut-il en être chaque fois étonné ? Ainsi quand a été répété en boucle que la réforme comportait un droit de veto du parlement sur les nominations du président, par exemple. C’est naturellement absolument faux.

Le sondage du journal du dimanche passant la dessus avec des questions d’une part ponctuelles d’autre part aussi biseautées que cet énoncé, il est clair que « Le Figaro » pouvait ensuite titrer tranquillement « Sarkozy joue l’opinion contre l’opposition » sans risquer d’être démenti. L’opinion : 900 personnes interrogée par des questions truquées.


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