La crise financière américaine persiste, s’amplifie et se propage vers l’Europe.

lundi 4 août 2008.
 

Après l’éclatement de la bulle immobilière américaine, les ménages peu solvables ayant acheté un logement ne peuvent faire face aux échéances. Par un effet « domino », ils font tomber les organismes prêteurs, qui tirent à leur suite les banques qui les ont financés, lesquelles, à leur tour, entraînent dans la glissade les grands organismes de refinancement.

Nous voici à la troisième de ces étapes. La faillite menace les deux grands organismes de refinancement hypothécaire, Freddie Mac et Fannie Mae. Les banques accordent des crédits hypothécaires pour l’achat d’une maison, et ces deux organismes rachètent ou garantissent certaines de ces créances, permettant aux banques d’accorder de nouveaux prêts. Nombre de ces créances se sont révélées défectueuses et les deux géants ont déclaré de lourdes pertes pour 2007 et le premier trimestre 2008. Les doutes sur la qualité des créances taraudant les opérateurs, Freddie et Fannie se sont effondrés à Wall Street, leurs actions perdant, le 11 juillet, jusqu’à 50 % de leur valeur. Au même moment, on a enregistré la faillite de la banque californienne Indymac, l’un des plus gros prêteurs hypothécaires américains, devenu le plus important établissement bancaire à sombrer, aux États-Unis, depuis 24 ans.

Quand on aura ajouté que les banques américaines révèlent, en ce moment, de nouvelles lourdes pertes à l’occasion de la communication de leurs résultats du deuxième trimestre 2008, on aura compris que, loin d’être terminée, la crise s’est installée au cœur de l’appareil financier américain. En fait, elle s’étend. D’une part, elle concerne de nouveaux acteurs financiers, tels que Fannie et Freddy, mais aussi des compagnies d’assurance et, peu connus mais essentiels, les « rehausseurs de crédit », qui garantissent crédits bancaires et obligations. D’autre part, elle concerne de nouvelles catégories d’emprunteurs, comme des ménages considérés jusque-là solvables, des promoteurs immobiliers ou des commerçants.

Libéralisme pour les travailleurs, interventionnisme pour le profit. Quand le capital est en danger, les autorités volent à son secours et les grandes doctrines sur l’équilibre magique des marchés sont reléguées au fond d’un tiroir. La Banque centrale américaine est disposée à alimenter Fannie et Freddie en liquidités, jusqu’à plus soif. Le trésor public a accordé de nouveaux crédits aux deux géants de l’hypothécaire et se déclare prêt à acheter leurs actions (dont plus personne ne veut), le tout aux frais des contribuables.

Prises à la gorge, les banques restreignent le crédit et transmettent ainsi la crise à l’économie réelle. Il est vrai qu’un plan de relance est déjà à l’œuvre. Par des remises d’impôts, il fournit aux ménages 168 milliards de dollars, soit près de 1 % du PIB américain. Mais que se passera-t-il cet automne, quand son effet sera épuisé ? L’automne, voilà aussi le moment clé pour une Europe affaiblie par l’éclatement des bulles immobilières au Royaume-Uni et en Espagne, une Europe où les signes d’une inversion rapide de la conjoncture se multiplient, avec le moral des ménages au plus bas et la chute sévère de la production industrielle.

Après les États-Unis, l’Europe. Après l’Europe, ce sera sans doute au tour des zones émergentes d’être sur la sellette. Le modèle, « tiré par les exportations », qu’elles ont adopté risque alors de révéler ses failles, l’affaissement de la conjoncture dans le monde développé se transmettant, démultiplié, à des pays tels que la Chine ou l’Inde. Ainsi, de soubresaut en soubresaut, on joue avec l’équilibre de la planète. Voilà un an que la crise financière a éclaté, et, en un temps si court, il ne s’est pas passé de jour sans qu’elle illustre l’opposition entre les besoins de la population et les intérêts d’un capitalisme avide de profits. N’est-il pas temps de remettre les pendules à l’heure et de rappeler que nos vies valent mieux que leurs profits ?

JOHSUA Isaac

* Paru dans Rouge n° 2262, 24/07/2008.


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