Alexandre Adler, Rioufol, Siné et l’affaire Dreyfus

mercredi 13 août 2008.
 

Le 25/07, Alexandre Adler titrait sa rubrique du Figaro « L’antisémitisme, ciment du vertige identitaire ». A chacun ses fantasmes, mais quand même : voilà un homme qui veut que l’on prenne au sérieux ses discours et qui pense que l’on peut cimenter le vertige !

Adler ne reculant devant aucun ridicule, n’hésite pas, dans sa rubrique, à faire le parallèle entre l’affaire Siné et l’affaire Dreyfus et à affirmer que Val a la trempe d’un Zola ou d’un général Picard (sans doute veut-il parler du colonel Picquart…)

Il y a pourtant dans l’affaire Dreyfus un épisode qui devrait faire réfléchir Adler, celui de la fabrication du « faux Henry » pour faire condamner Dreyfus. Car si l’on tient absolument, comme le fait Adler, à se référer à l’affaire Dreyfus, ce n’est pas du côté de Siné qu’il faut chercher les fabricants de ce faux mais bien du côté de ceux qui travestissent les propos de Siné pour les transformer en propos antisémites.

C’est plutôt du côté de Bernard Henri Levy qu’il faudrait chercher quand il n’hésite pas dans sa Tribune du Monde du 21/07 à dénaturer les propos de Siné en affirmant que ce dernier avait écrit « en substance » que « la conversion au judaïsme est, dans la France de Sarkozy, un moyen de réussite sociale ». Siné n’a rien écrit de semblable. Il écrivait simplement que Jean Sarkozy avait « déclaré vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive et héritière des fondateurs de Darty ». Tout est au singulier dans le texte de Siné, un homme, une fiancée juive, héritière des fondateurs de Darty, ce qui n’est pas le cas de toutes les fiancées juives…

C’est plutôt du côté d’Ivan Rioufol qu’il faudrait chercher quand il écrit dans sa rubrique « Ce que dévoile l’affaire Siné » du 25 juillet 2008 que ce dernier fait « l’amalgame entre le juif, l’argent, le pouvoir ». Car l’amalgame, c’est Rioufol qui le fait. Siné, lui, ne parle pas de « juif », ou d’ « argent », en général. Il parle d’une fiancée juive bien précise, d’un argent bien précis, celui de la famille Darty. Dans la même rubrique, Rioufol apporte la preuve que l’amalgame est chez lui une constante. Il met sur le même plan antisémitisme, antisionisme, anticapitalisme et altermondialisme. Il écrit, en effet, à propos de « cet antisémitisme bonasse » qui « vient de loin » : « Mais c’est, peu ou prou, un même ressort, davantage dissimulé, qui anime aujourd’hui les discours altermondialistes dénonçant la « marchandisation » du monde, la société du profit, le capitalisme, le sionisme ». Dénoncer la « marchandisation » du monde, la « marchandisation » de la santé, des retraites, des services publics serait donc faire preuve d’antisémitisme. Dénoncer la part de plus en plus importante de la richesse confisquée par les profits au détriment des salaires ce serait faire preuve du même « antisémitisme ». Dénoncer le capitalisme ce serait encore faire preuve d’ « antisémitisme ». Dénoncer le sionisme ce serait toujours faire preuve d’ « antisémitisme ». On comprend mieux pourquoi, avec une analyse aussi inepte de la réalité, Roufiol voit des antisémites partout, surtout là où ils ne sont pas.

Le faux, c’est ce passage du particulier au général qui est la marque du racisme, effectué tant par BHL que par Rioufol, pour pouvoir accuser Siné d’antisémitisme.

Le restant de la rubrique ne relève que de la boursouflure habituelle chez Adler : il n’hésite pas, notamment, à assimiler les signataires de la pétition en faveur de Siné à Drumont ou à Maurras ! Pourquoi pas à Hitler ou à Heydrich ?

Ce dont les Adler, BHL et autre Rioufol ne se sont pas encore vraiment rendu compte, c’est que l’arme de dissuasion massive qu’ils croyaient avoir mis au point et en train de leur exploser au visage. Ils pensaient qu’ils suffisaient, pour les faire taire sans autre forme de procès, d’attribuer le qualificatif infâmant d’antisémite à tous ceux qui osaient critiquer la politique de l’Etat d’Israël envers les Palestiniens, la mondialisation libérale ou même la politique rédactionnelle de Val.

La bonne nouvelle c’est que cela ne marche plus. Il ne sera plus possible maintenant d’isoler un homme ou une femme et de lui imposer, sans procès, la marque immonde de l’antisémitisme. Le mouvement de soutien massif à Siné se reproduirait alors, en plus fort car nourri de la première mobilisation.

Une partie importante de l’opinion comprend qu’en soutenant le licenciement de Siné sous le prétexte infâmant d’antisémitisme, c’est le droit à la liberté d’expression, à la caricature, à la dérision, au blasphème contre les religions ou les grands de ce monde que l’on veut étouffer. Une partie importante de l’opinion comprend que pratiquer l’amalgame entre l’antisémitisme et d’authentiques anti-racistes (Pascal Boniface, Daniel Mermet, Edgar Morin, Noam Chomsky ou Siné) c’est ouvrir un boulevard au véritable antisémitisme. Une partie importante de l’opinion comprend que l’on peut parfaitement être contre la politique d’Olmert et ne pas être antisémite. Une partie importante de l’opinion rejette la police de la pensée que veulent imposer ces petits messieurs, omniprésents dans les médias. Et ce n’est qu’un début : les milliers de signataires de la pétition de soutien à Siné ne sont que la pointe émergée de l’iceberg.

Cette bonne nouvelle, c’est en partie à Val que nous la devons. Qu’il en soit remercié, tout comme il a remercié Siné !

JJ Chavigné 1er aout 2008

P.S. Dans son offensive qu’il croyait décisive contre Siné, Laurent Joffrin, directeur de Libération, s’était tiré une balle dans le pied en assimilant les Juifs à une « race ». Il a tenté de corriger le tir en modifiant le texte de sa rubrique et en écrivant que des termes comme « Communauté » ou « origine » était « plus justes » que celui de « race ». Il ne se rendait donc même pas compte qu’avec une telle « mise au point », il récidivait puisqu’il continuait à considérer que le mot « race » était juste, même si d’autres termes étaient « plus justes ». Imaginons un instant les tombereaux d’insultes qui seraient tombés sur Siné s’il avait employé le mot « race » et récidivé en croyant corriger ses premiers propos.


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