Nauséabonde campagne contre Siné et ses soutiens (communiqué de la LCR France)

dimanche 17 août 2008.
 

Le Monde daté du 4 août publie une tribune libre, présentée comme ceci : « Suite à la publication dans Charlie Hebdo d’une chronique de Siné dans laquelle il tenait des propos jugés antisémites, Philippe Val, directeur de l’hebdomadaire, a décidé de licencier ce dessinateur. Depuis, la polémique fait rage entre ceux qui soutiennent Siné et ceux qui approuvent Philippe Val. Un débat qui divise même la LCR. ». Vient après un texte signé de deux « ex militants de la LCR », qui l’ont en fait quittée depuis plusieurs années.

Divisée la LCR ? Elle qui n’est jamais en reste d’un débat interne ne l’est en aucun cas quant au licenciement de Siné par Philippe Val.

Sur le fond, ça va être difficile de convaincre qui que ce soit que la LCR et ses porte-parole puissent être soupçonnées « d’antisémitisme » tant l’accusation est ridicule. Ce qui ne l’empêche pas d’être scandaleuse. Si ceux qui incriminent Siné pensent que son texte est antisémite, pourquoi ne vont ils pas devant les tribunaux ? Et les plus de 10000 signataires des pétitions de défense de Siné, tous des antisémites ? Antisémites Gisèle Halimi, Guy Bedos, Rony Brauman, Jean-Luc Godard, Jean Nouvel, Edgar Morin, Daniel Bensaïd, Michel Onfray, Philippe Geluck, François Maspero, Pétillon, Gilles Perrault, Willem, Clémentine Autain, Bruno Masure, Marina Vlady, Regine Deforges, Wiaz, Fernando Arrabal, Michel Warschawski, Marcel-Francis Kahn, Alain Krivine, Olivier Besancenot, Gus Massiah, Gérard Filoche et tant d’autres ?

Voilà ce qu’en dit Bedos (un des premiers à avoir réagi) :

« Philippe Val,

Tu es à Charlie Hebdo ce que Sarkozy est à la France.

A la différence près que lui a été élu ; toi, dans des conditions qui m’échappent et dont je me tape, tu as fait un coup d’Etat. Me revient une phrase que j’avais écrite à propos de certains politiques, de droite ou de gauche, et qui, au regard de ton attitude, te concerne aujourd’hui : « Ce n’est pas en crachant dans les miroirs qu’on guérit de l’eczéma. Ça les démange et ils se grattent sur la peau des autres. »

Après t’être acharné -c’était une urgence !- sur Denis Robert, dont manifestement tu ne connais ni les livres ni les films, voilà que tu t’en prends à Bob Siné, que, brutalement, tu vires pour antisémitisme. Il y a longtemps que les lecteurs attentifs de « Charlie » savent ce qui vous oppose à propos du conflit israélo-palestinien. Prétexte, donc.

Antisémite, Siné ? As-tu lu David Grossman et Amos Oz, écrivains israéliens qui, sans relâche, luttent, en Israël, contre l’actuel pouvoir israélien ? Antisémites eux aussi ?

Moi, qui ai dit sur la scène de l’Olympia « je ne confondrai jamais Ariel Sharon et Bibi Netanyahu avec Anne Franck et Primo Levi », suis-je pour autant un néonazi qui s’ignore ?

Je pourrais te mépriser, je te plains. »

Voilà ce que dit Gisèle Halimi :

"Siné n’est pas ce qu’il est convenu d’appeler un ami. Sa misogynie volontairement primaire nous a tenus éloignés l’un de l’autre, malgré quelques causes communes essentielles (anticolonialisme, antiracisme, etc.).

La direction de Charlie Hebdo vient de le licencier brutalement. Motif allégué : propos antisémites. A la lecture attentive de ses quelques lignes, je suis en mesure d’affirmer - en spécialiste du droit de la presse - qu’il ne s’agit que d’un prétexte ; un procès pour antisémitisme n’aurait guère de chances d’aboutir.

Cette opération participe donc des procès en sorcellerie qui se multiplient aujourd’hui pour maintenir une psychose du juif persécuté.

Charlie Hebdo s’est toujours posé en champion de la liberté d’expression. Rappelez-vous le tonitruant procès mis en scène, filmé, supermédiatisé des caricatures de Mahomet. Aujourd’hui, il porte à cette liberté un coup terrible en tentant de museler Siné-le-libertaire.

J’ai participé en son temps avec Cavanna et d’autres, à la création de Charlie Hebdo. Cette aventure superbe risque de s’achever dans la honte.

J’ai bénéficié jusqu’à présent d’un service de presse du journal. Arrêtez. Je ne veux plus vous entendre ni vous lire."

Quand Laurent Joffrin, directeur de Libération, se laisse aller à parler de « race » à propos des juifs (dans une tribune écrite dans son journal, donc relue), on se dit que l’antisémitisme vous joue parfois de sacrés tours…

Quand Val se plaint dans Libération (30 juillet) : « Pas un journaliste non juif qui me soutient. », on se dit que sa calculette à « juifs » et « non juifs » est tellement performante qu’il devrait en faire profiter Le Pen.

Tous ces donneurs de leçons n’ont pas hésité à saluer bien bas la mémoire de Soljenitsyne, pourtant un antisémite patenté aux yeux et su de tout le monde. A ceux qui en doutent, la lecture ne serait-ce que de son ouvrage Deux siècles ensemble ouvrira les yeux. L’historien Jean-Jacques Marie le qualifie de « Bible antisémite » et selon lui, « Soljenitsyne expose, dans Deux siècles ensemble, une conception de l’histoire des Juifs en Russie digne de figurer dans un manuel de falsification historique » en rétablissant une histoire des pogroms « telle qu’elle a été vue par la police tsariste ».

En brandissant contre toute raison l’accusation infamante d’antisémitisme (tout en exonérant les antisémites réels) certains poursuivent avec constance un but bien précis : empêcher toute critique de la politique de l’État d’Israël. Mais la LCR ne se taira pas, ni dans sa défense constante de la liberté d’expression ni dans sa défense des droits des palestiniens, aux côtés des pacifistes israéliens. Ni dans sa lutte acharnée et permanente contre l’antisémitisme, sujet sur lequel elle n’a de leçon à recevoir de personne.

LCR (France)


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