Université d’été du PS à La Rochelle : UN CIRQUE INACCEPTABLE

lundi 1er septembre 2008.
 

L’indigne merdier de La Rochelle m’a galvanisé. Ni de près ni de loin, je ne veux rien avoir à faire avec cette sarabande de girouettes. Quand je pense que tous ces agités sont ceux qui se donnent de grands airs d’importants responsables et me font des leçons de maintien le reste de l’année ! Bien fou qui voudrait confier son pays à de tels vibrions. La seule synthèse dont ils semblent capables à cette heure c’est celle de toutes les tares de la politique, du bourrage de liste électorale en passant par le fractionnisme des groupuscules. Il faut s’écarter des parages de ce cirque. Et se tenir, ferme et stable, en fidélité à soi même. Il y aura donc, en toute hypothèse, une motion de la gauche du parti, une vraie. Donc pas ce qu’on me propose. Pas ce collage de repentis du « non » au TCE avec des débris de l’ancienne majorité du PS baptisé avec un nom de tendance du PC italien. « Reconstructeur ». On rêve ! Surtout quand ces derniers ont pour principal brevet d’audace politique l’art de faire porter au seul malheureux Hollande le poids de leurs décennales turpitudes communes. Car du peu de dignité qu’il reste à n’importe quel socialiste, après qu’ai eu lieu le spectacle global rochelais, il ne faut plus perdre une miette. Ce congrès est la dernière limite après que tant de bornes aient été franchies. J’y entre comme j’en sortirai : sans concessions. Et je ne serai pas seul à faire ce choix. Loin de là !

DE LA LIBERTE

En décidant avec Marc Dolez de faire cause commune pour le prochain congrès (voir communiqué à la note précédente) nous avons été bien inspiré. Du moins ne dépendons-nous plus des rebondissements du mariage des carpes et des lapins de l’étrange attelage des prétendus « reconstructeurs ». Ainsi nous sommes en mesure d’éviter que le choix au congrès du parti socialiste soit limité à l’alternative ou bien Ségolène ou bien l’un des représentants de la variété de sociaux libéraux avoués et fiers de l’être ! Depuis, on nous a harcelé pour connaître nos intentions et savoir à qui nous serions prêts à nous associer. Et avec celui-ci et avec celle là ? Et patati et patata. Le syndrome du poisson rouge ayant largement contaminé le petit monde anxieux des bêtes de congrès, la mémoire politique de tout un chacun doit être reconstruite toutes les trois minutes. Comme pour le poisson rouge, toujours curieux de savoir ce qui se cache derrière le rocher autour duquel il tourne pourtant sans trêve. Trois minutes. C’est aussi le maximum que fixe une conscience politique alimentée par le spectacle médiatico politique. Que c’est épuisant. Et rageant ! Tout ce que ce blog comporte de note à ce sujet, tout ce que déclare jour après jour le blog de Trait d’union est pourtant là ! N’empêche. Soit. Donc je mets les points sur les i un peu plus loin dans cette note, afin que nul n’en ignore. Nous voulions être autonomes et indépendants, bref libres. Nous le sommes.

DE L’EGALITE

Samedi, à la Rochelle, j’animais avec Najat Belkacem, Caroline Forest et Alain Gresch un atelier intitulé « La laïcité à la croisée des chemin ». On nous avait confinés dans une petite salle à l’étage. Il y vint foule et le service d’ordre refoulait au pied même de l’escalier qui y conduisait. Pendant ce temps la salle plénière était vide. Je me suis demandé la raison de cette étrange organisation si dissuasive. Quand le débat a commencé j’ai compris. Je crois que le PS n’avait pas trop envie de s’exposer. D’ailleurs, le responsable en titre du sujet au parti n’était pas là. Sujet chaud. Que penser de la révision de la loi de 1905, du rapport Machelon quand on a du mal à être clair sur les principes philosophiques à l’œuvre. Le différencialisme et le communautarisme ont fait des ravages considérables dans nos rangs. Significatif : nombre de personnes qui intervenaient depuis la salle se présentaient en donnant une carte d’identité quasi ethnique « je suis un tel homosexuel chrétien », « je suis une telle de culture « arabo musulmane » et ainsi de suite.

Une thèse très dangereuse a aussi beaucoup avancé chez nous : celle selon laquelle la collectivité doit prendre en charge l’édification des lieux de culte. Et chaque fois qu’elle est reprise il est toujours question de « dissoudre » la radicalité de l’islam des caves. Quelle sottise ! Il n’y a que l’islam en panne de locaux ? Et comment croire un instant que la nature du local de prière fait le contenu du discours ? Mes amis ont filmé tout le débat et il devrait être bientôt mis en ligne sur internet. Le site du PS fait un compte rendu. Je rappelle que mes conférences sur le discours de Latran et le choc des civilisations sont eux aussi en ligne sur internet pour ceux qui s’y intéresse. J’ai hâte cependant que ce débat soit disponible en images. J’ai trouvé Caroline Forest très percutante et très claire. Gresch interpelait beaucoup. Najat posait bien les termes du débat qui nous préoccupe au PS. Je sais que c’est dans ces contradictions d’énoncés et de solutions proposées qu’on forme son jugement de la façon la plus structurée. Là ce fut un moment de bonheur intellectuel.

Puis il fallut retourner sur le parvis brulant sur lequel se jouait le festival « off » de la Rochelle, celui qui a effacé le « on ». Des journalistes (c’est leur métier) des militants qui veulent rentabiliser en information de première main l’investissement qu’est leur présence (ils paient près de 500 euros pour être là), des touristes qui suivent l’actualité m’ont tellement questionné sur mes intentions d’alliance ! Comme si c’était une obligation de s’allier pour faire un bon congrès du point de vue des idées que nous défendons en commun avec Marc Dolez ! Mais je comprends bien qu’on m’interroge. Il régnait une telle ambiance de rebondissements et intrigues ! Quand on suit le fil des dépêches de presse, d’heure en heure les alliances se retournaient, s’emmêlaient et ainsi de suite. Je faisais figure de martien avec mes amis puisqu’on ne se souciait de rien. Mais pour être honnête la gauche du parti avait disparu de la photo. Le cœur de l’intrigue était fourni par les turbulences produites par la pulvérisation de l’ancienne majorité du parti. Le récit se lit dans toute la presse.

DE LA FRATERNITE

Donc comme promis en début de note je vais mettre les points sur les « I ». Ce que j’écris là n’a évidemment d’intérêt que pour les seuls amateurs de vie interne du PS et pour mieux dire aux connaisseurs. Je m’en excuse auprès des autres. Mais soyons francs : les bons festins commencent par une cuisine souvent longue et exigeante. Certes il et très peu probable que le congrès du PS soit autre chose qu’un désastre. Ce n’est pas une raison pour ne pas le mener correctement et avec conviction. C’est le propre des militants. Deuxième précision liminaire : ce que j’écris exprime une pensée collective. Il faut le préciser car la plupart du temps j’écris « je » dans l’unique but d’être en phase avec la tendance de mon époque. Sinon il me faudrait utiliser le pluriel dans cesse et dire « avec mes camarades », « avec les dirigeants du mouvement » et ainsi de suite. Ce serait certes la pure vérité. Mais ça ne vaudrait rien pour la communication. Car aujourd’hui « je » est considéré comme plus sincère que « nous ». Je ruse donc. Je dis « je ». Il faut lire « nous ». Allons-y.

Je (nous) fixe mes conditions pour quoique ce soit. Mais pas avec qui que ce soit. Je (nous, n’oublions pas) m’adresse à la gauche du parti. Qui est-ce ? Ceux qui se déclarent s’y trouver.

C’est ma première condition. Pour s’accorder avec moi (nous), il faut montrer patte blanche et se déclarer clairement et sans ambigüité partie prenante de la gauche du parti. En tous cas pas le récuser comme le faisait le NPS de l’époque (Peillon, Montebourg et Dray) qui nous accusait Henri Emmanuelli et moi d’être la « gauche archaïque ». Cette « gauche » pas archaïque mais tellement girouette a montré depuis comment la modernité était l’autre nom du plus noir opportunisme. Il est donc tout a fait exclu que cela inclut les Strauss Kahniens si sympathiques que soient nombre d’entre eux.

Deuxième condition : aucune discussion n’est possible sans un socle minimum et préalable : 1) refus de l’Europe du traité de Lisbonne et du grand marché transatlantique 2) alliance à gauche, rien qu’à gauche et sans exclusive à gauche.

Troisième condition : pas de dialogue par journalistes et dépêches de presse interposés, pas d’arrangement de comptoir au bistrot. La discussion a lieu dans un cadre formalisé, autour d’une table avec crayon et papier disponibles dans la discrétion qui est une forme du respect de l’autre, ce qui exclut les mises au pied du mur, comptes rendus précoces et intempestifs et autres puérilités groupusculaires. Ca c’est le ticket d’entrée. J’ai (nous) pris le petit déjeuner avec Benoit Hamon et Paul Quilès dimanche matin. Exploratoire. Et je commence par m’appliquer la règle que je viens d’énoncer à propos des comptes rendus. J’en reste là. A bientôt.


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