A PROPOS DE LA QUESTION NATIONALE ET DE L’EUROPE

lundi 8 septembre 2008.
 

Je suis toujours surpris par l’accrochage de certains camarades à ne concevoir que dans le cadre national une alternative au capitalisme rejetant toute approche de réponses au niveau de l’Europe. J’ai retrouvé un article de Pierre NAVILLE datant de Juin 1970 sur ce sujet. Il est intéressant car il fait une chronologie des débats dans le mouvemnt communiste.

Extraits = .... En 1914, Lénine écrit = " du point de vue de la théorie du marxisme en général, le droit de libre disposition ne présente aucune difficulté. Il ne peut être sérieusement question ... de contester qu’il faille entendre par libre disposition uniquement le droit de séparation, ni que la formation d’Etats nationaux indépendants est une tendance propre à toutes les révolutions démocratiques bourgeoises. La difficulté, jusqu’à un certain point, c’est qu’en Russie luttent et doivent lutter côte à côte le prolétariat des nations opprimées et le prolétariat de la nation qui opprime. Sauvegarder l’unité de la lutte de classe du prolétariat pour le socialisme, repousser toutes les influences bourgeoises et archi réactionnaires du nationalisme, telle est la tâche ... ".

Cette position sera reprise dans la thèse du 2éme Congrès de l’internationale Communiste = 1920.

Dans la revue Socia²l-Démocrate N°33 parue en Suisse le 1/11/14 Lénine écrit = " Le mot d’ordre politique immédiat de la social- démocratie d’Europe doit être : former les Etats-Unis républicains d’Europe. Et à la différence de la bourgeoisie, prête à "promettre" tout ce qu’on voudra pourvu qu’elle puisse entraîner le prolétariat dans le flot général du chauvinisme, les social-démocrates* démon treront tout cer qu’il y a de mensonger et d’absurde dans ce mot d’ordre si les monarchies allemande, autrichienne et russe ne sont pas renversées par la révolution" ...

Puis en 1915, Lénine retire ce mot d’ordre, mais pour des raisons d’ordre économique ( cela pourrait semer des confusions et être exploitée négativement par les grandes puissances d’Europe pour mieux opprimer les colonies, piller le Japon et l’Amérique dont le développement est rapide ).

La question est revenue sur le tapis en 1923 lors de la crise alle mande ( Poincaré fit occuper la Ruhr ).

Dans l’Internationale communiste, deux courants se faisaient jour = l’un penchait vers une entente avec certains courants nationalistes petits bourgeois et certains cercles militaires, décidés à résister aux entreprises de la France impérialiste et militariste ; l’autre estimait qu’une mobilisation du prolétariat européen devait conduire à la remise au premier plan du mot d’ordre des Etats-Unis d’Europe, tandis que la classe ouvrière allemenade devait être aidée dans sa prise du pouvoir au moyen de Conseils réalisant un veste front unique

La révolition allemande échoua et le mot d’ordre des Etats Unis socialistes d’Europe perdit son actualité.

Notons que G. Péri rédacteur de l’Humanité publia dans un livre une défense de ce mot d’ordre en 1926 et à la même année, le PCF publia le livre de Trotsky ’ et oui !!!! ’ Europe et Amérique dans lequel se trouve reproduit un article de 1923 sur le mot d’ordre des Etats Unis socialistes d’Europe.

En 1930, avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir et l’entrée de l’URSS dans la société des Nations, le mot d’ordre fut abandonné par l’internationale communiste. Ce qui était préconisé, c’était le statu-quo européen avec les alliances contre nature ( pacte Staline- Laval en 1935 et Staline-Hitler en 1939 ).

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le constat fut la recherche frénétique des alliances, la constitution de communautés d’Etats, de blocs et d’intégrations, de gré ou de force.

Et Naville de développer = ... " A cette lumière, les unités nationales des pays bourgeois européens réalisés entre le 16ème et le 19ème siècle paraissent des processus bien simples, nécessaires, liés à la création de marchés nationaux ; mais ceux-ci, à peine consolidés, débouchaient sur un marché mondial, arène finale du capitalisme développé. Le marché mondial, pulvérisé d’aujourd’hui, déchiré de contradictions innombrables, se voit contraint à chercher la consti tution de ce que l’idéologie fasciste appelait des " grands espaces " ou " espaces vitaux " et ce que l’on désigne maintenant comme zones communautés ou unions. "...

En 1989, la chute du mur de Berlin allait entraîner la chute de l’empire soviétique et la suprématie des Etats Unis.

Et puis le développement inégal des forces productives et les lois de la concurrence allaient remettre en selle ce que l’on appelle aujourd’hui les forces émergentes = l’europe capitaliste qui a du mal à trouver une cohésion politique, éconoimique et militaire ; le Brésil et la Chine. Dans ce contexte, le repli pour certains communistes à un repli nationaliste est tentant, pour autant il ne répond pas à des arguments développés par Trotsky en terminant la préface de la brochure sur la guerre et l’internationale en 1914 : " ... Dans ces circonstances historiques, la classe travailleuse, le prolétariat, ne peut avoir intérêt à défendre la survivance de la "patrie" nationale dépas sée, qui a fini par devenir le principal obstacle au développement économique. La tâche du prolétariat est de créer une patrie beaucoup plus puissante, qui ait une force de résistance beaucoup plus grande : les Etats-Unis républicains d’Europe, comme base des Etats Unis du Monde. La seule voie par laquette le prolétariat puisse s’ooposer au capitalisme impérialiste est celle qui pose comme programme pratique du jour l’organisation socialiste de l’économie mondiale. La guerre est la méthode par laquelle le capitalisme, au sommet de son développe ment, cherche la solution de ses contradictions insolubles. A cette méthode, le prolétariat doit opposer sa propre méthode : celle de la révolution sociale."...

Des historiens tireront sans doute des avis contradictoires sur les caractères justes ou pas de ces orientations stratégiques. Mais ce rappel montre que ce débat est toujours d’actualité ( voir par exem ple la dérive nationaliste du camarade Lévy et ses nébuleuses alliances lors de campagnes électorales ).

Au delà des références de nos ancêtres marxistes, le débat est indispensable ; à vos plumes !!!! * social-démocrate à l’époque n’avait pas le même sens qu’aujourd’ hui, c’était le courant révolutionnaire de l’époque !

De : LE BRIS RENE


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