La laïcité à la croisée des chemins (compte-rendu de l’atelier tenu sur le sujet par le PS à La Rochelle)

vendredi 5 septembre 2008.
 

Les socialistes ont toujours été à l’avant-garde du combat pour la laïcité au point d’en faire un des marqueurs identitaires de la nouvelle Déclaration de principes. La question laïque reste d’actualité dans un contexte marqué par le retour du religieux et les coups de canif de la droite conservatrice au pouvoir, au pacte républicain.

Plusieurs intervenants devaient donner un point de vue sur un sujet passionné et passionnant. Il s’agissait de Jean-Luc Mélenchon, Olivier Dussopt, Nadja Vallaud-Belkacem, les journalistes Caroline Fourest et Alain Gresh. D’ailleurs, le débat fut passionné et passionnant.

Après une évocation de l’histoire du combat pour la laïcité. Jean-Luc Mélenchon a rappelé que la liberté de conscience était un des piliers de la République et que selon la loi, celle-ci était indifférente aux religions. Ce qui était une relation différente des acceptions communément admises comme la notion de neutralité. Pour lui, la neutralité entraîne l’égalité de traitement suscite une intervention du politique dans la sphère religieuse notamment en ce qui concerne la construction de lieux de cultes.

Le combat laïque n’est pas une vieille querelle de « bouffeurs de curés ». Elle est aussi un combat philosophique car il porte sur la liberté de ne pas croire. La laïcité est nécessaire car la religion procédant du dogme, est par nature incompatible avec l’idée de république et de démocratie puisque dans la république et la démocratie, les croyances ou les convictions procèdent de la raison, d’une confrontation d’idées, de projets de stratégies, d’un choix qui peut être temporaire et soumis à des contradictions.

De ce fait, si les religions ne sont pas compatibles, les croyants eux sont disposés à évoluer dans un espace public dans lequel il y a à la fois toutes les croyances et aucune. C’est la raison pour laquelle, il faut une loi commune, définie par tous, si on veut qu’elle soit applicable et appliquée par tous.

La laïcité est un combat permanent car elle constitue le cadre de notre manière d’appréhender le religieux or, le monde bouge. Si nous affublons la laïcité d’épithètes comme « ouverte » ou « positive », on finit par affaiblir le concept, par lâcher prise ce qui a des répercussions dans nos lieux de vie ou l’on risque une réduction de l’espace public. Cela vaut aussi pour les choix politiques qui sont en jeu dans l’ordre international.

Dans notre époque confrontée à la mondialisation et à des relectures de l’Histoire, il importe de dire que le relativisme culturel n’a pas sa place en politique dans la mesure où il y a des valeurs avec lesquelles on ne transige pas.

S’agissant du débat sur les lieux de cultes, il a été rappelé que si l’Etat était responsable de leur entretien, les communautés religieuses était responsables de leurs bâtiments. On se leurre en imaginant que la lutte contre « l’islam des caves » et « l’intégrisme » passe par la construction de mosquées sur fonds publics car si on peut intervenir dans la construction, il est impossible d’intervenir dans la sélection des prêcheurs ou le contenu de leurs prêches.

Olivier Dussopt estime que les élus ne doivent pas reconnaître les chefs religieux comme des interlocuteurs publics. C’est une des expressions de « l’indifférence » contenue dans l’esprit de la loi de 1905. Celle-ci indique que les mairies sont responsables de l’entretien des lieux de cultes. Il est à noter qu’aujourd’hui, la France finance cet entretien dans la même proportion que l’Allemagne…

Alain Gresh, après être revenu sur le contexte de l’élaboration de la loi de 1905, des débats de l’époque, a invoqué l’actualité de la déclaration qu’avait fait Jean Jaurès lors de ce débat : « la question qui se pose, c’est la question sociale : il nous faut apaiser la question religieuse pour poser la question sociale. »

Caroline Fourest a dressé un panorama des postures et des réponses possibles.

Aujourd’hui, il y a une posture de la laïcité positive, à laquelle on ajoute des épithètes. C’est une des expressions de l’ultralibéralisme – favorable à l’Etat minimal – qui consiste à déléguer aux communautés religieuses la gestion des politiques de lien social pour que l’Etat se désengage. Il existe une offensive pour revenir en arrière. Dans une partie des milieux catholiques, des forces sont à l’œuvre. L’action d’Emmanuel Mignon auprès de Sarkozy a été déterminante dans ce mouvement. On peut se féliciter de son départ.

Il existe de faux amis de la laïcité. Un Philippe de Villiers s’est transformé en militant de la laïcité uniquement dans le cadre de son combat face à l’Islam.

A l’adresse d’une partie de l’extrême gauche, il faut rappeler qu’on ne peut pas lutter contre l’intégrisme catholique et soutenir un islam radical que l’on amalgame à la théologie de la libération, au nom de la prétendue lutte contre l’impérialisme américain.

Il faut une laïcité contre tous les intégrismes qui sont des instrumentalisations de la religion.

Aujourd’hui, lorsque l’on parle de laïcité, on parle du rapport entre universalisme et diversité multiculturelle.

Il faut penser l’islam comme on pense le judaïsme et le catholicisme. Ce qui est difficile tant les pièges de récupérations racistes sont nombreux.

Aujourd’hui, l’école publique est en danger. Cinq cents communes en France n’ont pas d’école publique. Le gouvernement va solliciter l’école privée, essentiellement catholique.

La priorité doit être donnée au service public, au social et au culturel, et non à la privatisation au profit des religieux.

Les collectivités locales de gauche sont suffisamment nombreuses pour que les socialistes y fassent vivre la république. Sarkozy ne parviendra pas à ses fins si les élus de gauche se mobilisent.

C’est le moment de faire revivre une laïcité généreuse et la république sociale.


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