Bayrou candidat à diriger le centre gauche que les grands stratèges de Solferino rêvaient de constituer. Le piège se retourne sur eux.

mercredi 10 septembre 2008.
 

Au PS, le congrès s’accélère. De l’extérieur. La main tendue de Bayrou aux socialistes oblige les loups à sortir du bois. Car, jusque là, chacun d’entre eux comptait bien passer entre les gouttes des sujets qui fâchent et notamment la question des alliances pourtant cruciale. Il y avait sur ce point un vrai complot du silence. Du côté des « reconstructeurs » il fallait passer sous silence le paradoxe d’avoir en tête quelqu’un qui a fait le choix de l’alliance avec le MODEM. Sinon comment faire avaler le potage aux fabiusiens.

Cette amnésie bienveillante s’étendait dans la gauche du parti où Hamon et Lienemann rêvent d’entrer au club Aubriste. Cette tentation paralyse en fait toute la gauche du parti depuis des semaines puisque c’est à cause d’elle que rien ne peut être rédigé en commun. Et c’est à cause d’elle que la gauche du parti est éliminée de la scène médiatique.

Cet effacement amplifie d’ailleurs l’impact de la démarche de François Bayrou sur le PS resté contaminable par la moindre bise de l’été indien. Côté ancienne majorité du PS nul ne voulait abattre ses cartes de peur de voir se former contre soi la coalition que l’on imaginerait alors.

Les plus malins -du moins croyaient-ils l’être- s’étaient lancés dans le numéro de la mise au pied du mur : « c’est à Bayrou de se prononcer ».

Patatras. Bayrou s’est prononcé. Et avec quelle clarté ! Et voila tous les malins le bec dans l’eau contraints d’abattre leur jeu. Le piège s’est retourné contre leurs auteurs. Bayrou est candidat à diriger le centre gauche que les grands stratèges de Solferino rêvaient de constituer.

En quelque sorte, Bayrou est candidat à la candidature au PS. Cette audace brise tout un univers de faux semblant. Elle sera dévastatrice. Le résultat que l’on ne va pas tarder à voir c’est que l’espace de Bertrand Delanoë va s’élargir au centre du parti. Il devient le recours pour tous ceux qui flairent le danger de voir Bayrou dépouiller le leadership du PS sur le centre gauche et les chères classes moyennes.

Mais le péril est extrême. Car les grands féodaux rêvent de l’alliance au centre. Non pour ses troupes (quel confort : il n’en a pas !), non pour ses électeurs (c’est Bayrou qui nous a pris le tiers de ses électeurs) mais pour « l’image », c’est-à-dire l’identité politique que cela confie. C’est cela le tournant démocrate du PS qui se dessine.


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