La dernière imposture du gouvernement : encourager l’auto-médication ! (UFAL Santé)

mercredi 16 août 2006.
 

Le médicament n’est pas anodin. Pour s’en convaincre, il faut savoir qu’il y a plus de morts par mauvais usage du médicament que du fait des accidents de la route (1).

Outre son impact sur la santé (heureux ou malheureux), c’est un phénomène économique considérable. Les Français ont engagé à ce titre 31,3 milliards d’euros en 2005, l’Assurance Maladie en ayant remboursé 16,7 Mds. Malgré de multiple mesures pour en juguler l’évolution, c’est le poste de dépense qui progresse le plus (indice 180 en 2005, base 100 en 1995).

Pour en maîtriser les effets, la France a largement encadré cette consommation. L’utilisation de ce qu’il est convenu d’appeler des médicaments est soumise à une prescription médicale. Les produits sont délivrés dans des officines tenues par des pharmaciens. La mise sur le marché et les prix sont fixés selon des procédures placées sous l’autorité de la puissance publique. Sans doute ces deux derniers points sont-ils très critiquables, mais les contrôles « moralisent » relativement ce qui ne devrait pas être un marché ouvert.

C’est justement ce que regrettent tous ceux (les différents acteurs du marché de la santé) qui, pour diverses raisons, financières bien entendu mais aussi idéologiques, voudraient libérer le dit marché de ces contraintes.

Le gouvernement qui a déjà beaucoup fait pour dégrader le système de solidarité organisé pour la protection de la santé, vient de lancer un processus qui risque de faire sauter les sécurités qui protègent les consommateurs de produits pharmaceutiques.

Il vient de lancer une grande concertation destinée à encourager l’automédication. Le groupe de travail réuni à cet effet rassemble tous les acteurs du marché (médecins, pharmaciens, industrie, usagers, etc...) et, selon le ministre de la santé, il est destiné à étudier les mesures « ...permettant d’éclairer et de responsabiliser les usagers sur l’automédication, d’assurer l’efficacité et la sécurité de ce mode d’utilisation des médicaments, et d’optimiser davantage les ressources collectives. »

Ce groupe est présidé par Monsieur Alain Coulomb, en rupture semble-t-il avec l’aréopage de la Haute Autorité de Santé dont il était jusqu’à lors le directeur. Gageons que ce maître du compromis, voire davantage, saura identifier les faiblesses du service public dont il est un transfuge, pour promouvoir ce marché dont il est devenu l’un des laudateurs.

En fait que vise-t-on derrière tout cela ? On veut ouvrir l’espace d’une consommation forcément irrationnelle (qui, mis à part les professionnels de santé, est en mesure de diagnostiquer sa pathologie et d’y adapter une thérapeutique ?) où le consommateur captif et naïf serait la proie d’un marketing dont on connaît déjà le visage. Il y a fort à parier que le prix de ces produits « libres » ne connaîtrait pas de limite (Cf. les anticonceptionnels modernes ou les médicaments de l’impuissance génitale). On espère ainsi, comme le suggère la dernière phrase des intentions du ministre (voir supra), voir une partie de la consommation pharmaceutique rester à la charge de ceux qui se seront « automédiqués », ce qui diminuerait d’autant les remboursements de l’Assurance Maladie.

Et la santé dans tout ça... ? Bah ! Dieu reconnaîtra bien les siens.


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