Quand les soldats de 1792 et 1793 inspiraient les poètes (Rimbaud, Hugo

dimanche 30 août 2015.
 

1) HYMNE AUX CITOYENS MORTS POUR LA PATRIE (écrit durant la Révolution)

« Aux citoyens morts pour la Patrie

Je dépose sur vous les palmes, les lauriers

Que vous offre la République.

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De respect, d’admiration,

Le cœur attendri, l’âme émue,

Au nom clé de notre nation,

Restes sacrés ! Je vous salue.

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Intrépides soldats, braves républicains,

Illustres morts, que vos destins

Sont brillants, sont dignes d’envie !

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Martyrs de la vengeance et de la cruauté,

De votre sang, de votre vie,

Vous avez cimenté l’auguste liberté !

Celui qui meurt pour sa patrie,

Renaît pour l’immortalité. »

Par MOLINE.

2) Morts de Quatre-vingt-douze et de Quatre-vingt-treize (Arthur Rimbaud)

3) Ô soldats de l’an deux ! ... Victor Hugo

Ô soldats de l’an deux ! ô guerres ! épopées !

Contre les rois tirant ensemble leurs épées,

Prussiens, Autrichiens,

Contre toutes les Tyrs et toutes les Sodomes,

Contre le czar du nord, contre ce chasseur d’hommes

Suivi de tous ses chiens,

*****

Contre toute l’Europe avec ses capitaines,

Avec ses fantassins couvrant au loin les plaines,

Avec ses cavaliers,

Tout entière debout comme une hydre vivante,

Ils chantaient, ils allaient, l’âme sans épouvante

Et les pieds sans souliers !

*****

Au levant, au couchant, partout, au sud, au pôle,

Avec de vieux fusils sonnant sur leur épaule,

Passant torrents et monts,

Sans repos, sans sommeil, coudes percés, sans vivres,

Ils allaient, fiers, joyeux, et soufflant dans des cuivres

Ainsi que des démons !

*****

La Liberté sublime emplissait leurs pensées.

Flottes prises d’assaut, frontières effacées

Sous leur pas souverain,

Ô France, tous les jours, c’était quelque prodige,

Chocs, rencontres, combats ; et Joubert sur l’Adige,

Et Marceau sur le Rhin !

*****

On battait l’avant-garde, on culbutait le centre ;

Dans la pluie et la neige et de l’eau jusqu’au ventre,

On allait ! en avant !

Et l’un offrait la paix, et l’autre ouvrait ses portes,

Et les trônes, roulant comme des feuilles mortes,

Se dispersaient au vent !

*****

Oh ! que vous étiez grands au milieu des mêlées, Soldats !

L’oeil plein d’éclairs, faces échevelées

Dans le noir tourbillon,

Ils rayonnaient, debout, ardents, dressant la tête ;

Et comme les lions aspirent la tempête

Quand souffle l’aquilon,

*****

Eux, dans l’emportement de leurs luttes épiques,

Ivres, ils savouraient tous les bruits héroïques,

Le fer heurtant le fer,

La Marseillaise ailée et volant dans les balles,

Les tambours, les obus, les bombes, les cymbales,

Et ton rire, ô Kléber !

*****

La Révolution leur criait : - Volontaires,

Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères ! -

Contents, ils disaient oui.

- Allez, mes vieux soldats, mes généraux imberbes !

Et l’on voyait marcher ces va-nu-pieds superbes

Sur le monde ébloui !

*****

La tristesse et la peur leur étaient inconnues.

Ils eussent, sans nul doute, escaladé les nues

Si ces audacieux,

En retournant les yeux dans leur course olympique,

Avaient vu derrière eux la grande République

Montrant du doigt les cieux ! ...


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