Présidentielle Mexique : D’un Etat failli voyou à une victoire d’AMLO !

dimanche 23 avril 2023.
 

- E) 1er juillet 2018 Qu’AMLO gagne pour le Mexique et pour toute l’Amérique latine !

- B) 2 juillet 2006 : la gauche dénonce la fraude (véritable coup d’Etat électoral) et proclame son président de la République

- B) Présidentielle 2006 La gauche dénonce la fraude (véritable coup d’Etat électoral)

- A) Mexique : Un Etat failli voyou au service des USA et des milliardaires

F) AMLO et la gauche MORENA victorieux ce 1er juillet 2018

Le Parti de Gauche salue la victoire d’Andres Manuel Lopez Obrador au Mexique

Mexique : une nouvelle période historique est ouverte

Mexique (présidentielle, législatives, régionales et municipales) : raz de marée pour la gauche et López Obrador

E) 1er juillet 2018 Qu’AMLO gagne pour le Mexique et pour toute l’Amérique latine !

Le Mexique à l’horizon ! (Jean-Luc Mélenchon)

Source de cet article E : https://melenchon.fr/2018/02/26/le-...

En ligne, c’était lui : AMLO le Mexicain. Notre candidat à l’élection présidentielle qui va avoir lieu en juillet prochain au Mexique. Nous avons eu une bonne conversation. Une conversation pleine d’amitié car nous avons sympathisé ensemble à l’occasion de son passage à Paris. Il m’avait lui aussi appelé et soutenu moralement pendant notre campagne présidentielle. Il était si heureux de penser qu’on pouvait y arriver ici en France dans l’un des cœurs du capitalisme-monde. Son nom entier est Andres Manuel Lopez Obrador. D’où l’abréviation amicale « AMLO ». L’élection lui a déjà été volée deux fois. Actuellement, les narcotrafiquants et leurs marionnettistes nord-américains sont en embuscade.

De fait la CIA est aux abois. La propagande du parti médiatique, les France Inter et compagnie locaux tournent sur les mêmes thèmes que partout ailleurs : l’agressivité du candidat, ses liens avec le Venezuela et Cuba. Il y a eu aussi la séquence sur « les moyens de sa campagne ». Du classique sans imagination. Ça ne fonctionne pas. Les gens sont blindés car c’était déjà le cas la dernière fois. Ils ont aussi beaucoup essayé de jeter le soupçon sur ses moyens et sa « fortune » personnelle comme ils l’ont fait contre Lula au Brésil. Bref tous les stéréotypes y sont passés. Une victoire de notre camp contre eux au Mexique mettrait fin à l’actuelle phase de la contre-offensive de l’oligarchie contre les nôtres sur le continent. La pression se relâcherait sur le Venezuela sans doute. En tous cas ce serait un formidable appel d’air pour beaucoup de secteurs en lutte politico-sociale dans la région.

Donc, le 1er juillet prochain auront lieu les élections générales au Mexique. Le Mexique compte parmi les pays les plus inégalitaires du monde. La pauvreté y est immense et généralisée. Plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté soit 63 millions de Mexicains. Dans le même temps, une poignée de milliardaires amasse toujours plus de richesse. En 2017, la fortune de Carlos Slim, le plus riche du Mexique, s’est accrue de 4,5 milliards de dollars soit l’équivalent du salaire annuel de 3,5 millions de mexicains.

La situation de la masse des Mexicains ne cesse de se dégrader depuis que leurs dirigeants ont signé un accord de libre-échange avec États-Unis, l’ALENA. Le Mexique a été le cobaye du libre-échangisme nouvelle génération avec nivellement des normes en plus de l’abaissement des droits de douanes et tribunaux d’arbitrage pour les multinationales. L’agriculture subventionnée et industrielle des États-Unis a depuis détruit l’agriculture paysanne mexicaine. 5 millions d’emplois agricoles ont été perdus et 2 millions d’hectares sont laissés en jachère. Le Mexique, qui était autosuffisant pour son alimentation en 1994, dépend maintenant des États-Unis pour 40% de ses besoins. L’ouverture totale du pays au capital états-unien a essentiellement créé de la pauvreté et des vagues d’exil forcé aux États-Unis.

Mais le voisin du Mexique refuse d’assumer une quelconque responsabilité pour la misère qu’il a lui-même créé. Déverser ses marchandises : oui. Accueillir les pauvres : pas question. Ils traitent donc la question des migrants mexicains de façon militaire. Le mur de Donald Trump n’est en réalité qu’une étape supplémentaire. Car en vérité il y a déjà un mur à la frontière. Plus de 1000 kilomètres de murs de bétons et de grillages disposés de manière discontinue le long d’une frontière qui en fait 3000.

La proximité des États-Unis favorise au Mexique le développement des narcotrafics. Un mélange de traitement brutal du problème pour le gouvernement de de corruption font que cette situation a dégénéré pour devenir l’une des plus violente du monde. La fédération internationale des droits de l’Homme considère que le Mexique est « la pire situation du continent en matière de droits de l’Homme ». Depuis 2012, 100 000 personnes sont mortes dans la « guerre contre la drogue », 310 000 ont été déplacées et 31 000 ont disparu. 35 journalistes ont été assassinés et 426 agressés dont la moitié par des fonctionnaires de police. Vous n’en entendez jamais parler par les soi-disant défenseurs de la liberté de la presse au Venezuela du type de la dame Debray (la fille par le père). D’après le rapporteur spécial du haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme, les militants des droits humains sont vus par le gouvernement comme des « ennemis de l’État ».

Le gouvernement, c’est celui de Enrique Peña Nieto, du PRI, le parti qui a été pouvoir 76 années sur les 90 dernières. Ce parti est membre de l’internationale socialiste. Il est donc entièrement soumis au libéralisme. En 2013, Peña Nieto, a privatisé le secteur de l’énergie et notamment la compagnie nationale pétrolière. Celle-ci était sous contrôle de l’État depuis 1938. Cette privatisation appauvrit considérablement l’État mexicain. Un tiers du budget fédéral du Mexique était constitué des recettes apportées par l’entreprise publique. Elle ouvre par contre la voie aux compagnies privées polluantes américaines qui pourront désormais exploiter les réserves du sous-sol mexicain, y compris par fracture hydraulique.

L’élection du 1er juillet 2018 vise notamment à élire le successeur de Peña Nieto. Les sondages donnent aujourd’hui une avance importante à notre candidat humaniste Andres Manuel Lopez Obrador. Dans son programme, il propose de durcir la lutte contre la corruption de « la mafia du pouvoir ». Pour le peuple, il propose l’augmentation du salaire minimum, des pensions des retraités, la gratuité de l’école et des soins.

Sa campagne est pour l’instant marquée par l’enthousiasme populaire, les meetings dans les rues et sur les places et donc une avance dans les sondages. Les deux autres candidats principaux sont loin derrière lui, tellement leurs partis respectifs sont détestés au Mexique. Cependant, les précédentes élections présidentielles de 2006 et 2012 ont montré que l’oligarchie mexicaine n’hésitait pas à frauder pour empêcher l’arrivée d’AMLO au pouvoir. En 2006, selon l’université nationale autonome du Mexique « un million et demi de bulletins de vote sont apparus d’on ne sait où, ou bien se sont volatilisés ». Résultat : une avance de 0,3% pour le candidat de la droite. Candidat dont le beau-frère était propriétaire de la société qui gérait les listes et les données électorales. En 2012, AMLO arrive à nouveau en deuxième position, derrière Peña Nieto. Il a été établi que le parti au pouvoir avait massivement acheté des voix, notamment par l’entremise d’un syndicat des enseignants.

Cette fois, les partisans d’AMLO s’organisent pour surveiller les urnes autant qu’ils le peuvent. S’ils parviennent à déjouer les plans contre eux et gagnent l’élection, ce sera un changement considérable pour le Mexique et toute l’Amérique latine. Pour la première fois, le pays frontalier des États-Unis serait dirigé par notre camp. Cela donnera un signal puissant à tous les nôtres dans tout le continent : la bataille n’est pas perdue, nous pouvons encore infliger des défaites à l’oligarchie et a sa patrie universelle, les États-Unis.

D) Solidarité avec le Mexique au Parlement européen

Ce jeudi 15 janvier, le collectif international de solidarité avec le Mexique s’est donné rendez vous au parlement européen à Strasbourg, réuni en session plénière, pour sensibiliser et alerter sur la situation des droits de l’Homme dans le pays. Révélée au grand jour sur la scène internationale par le drame de Ayotzinapa, la situation des droits de l’Homme est particulièrement préoccupante. En particulier en ce qui concerne l’imbrication entre le politique et le narcotrafic, mais aussi l’impunité et l’indifférence révélatrice des différentes autorités et institutions aux nombreux enlèvements et assassinats dans le pays.

C’est la raison pour laquelle un collectif international de solidarité avec le Mexique a décidé de soutenir la cause des droits de l’Homme devant le parlement européen, alors qu’existe depuis quelques années une commission mixte parlementaire qui travaille en particulier sur l’accord de partenariat économique, de coordination politique et de coopération (dit « accord global ») signé en 1997 et entré en vigueur en 2000 entre l’Union Européenne et le Mexique. Un autre accord important existe entre l’UE et le Mexique : le « partenariat stratégique » signé en 2008 qui prévoit en particulier une coopération dans des domaines sectoriels comme les droits de l’Homme, la criminalité internationale, coopération policière… Ce qui permet à la commission mixte parlementaire d’affirmer une « excellente coopération dans la plupart des domaines, fondée sur des valeurs partagées ».

En tout état de cause, ces valeurs communes semblent être avant tout celles du commerce et de la liberté économique plutôt que celles des droits fondamentaux de l’Homme, de sa sécurité et du respect de sa dignité, de sa liberté de conscience et de s’exprimer et défendre ses droits. Les 2 heures de réunion ont été une succession de déclarations d’autosatisfaction sur les relations UE-Mexique, sans qu’il ne fut question de l’inquiétante situation des droits de l’Homme. Le travail du président Peña Nieto a été encensé, ainsi que sa volonté prétendue de lutter contre le crime organisé et le blanchiment d’argent. Les événements « tragiques » de Ayotzinapa sont évoqués à la marge et les manifestations multiples qui continuent dans le pays sont présentées comme le signe d’un « malaise face à la mondialisation » selon Christian Leffler, Directeur général pour les Amériques au Service européen pour l’action extérieure.

Il y eu bien les prises de position des eurodéputés de la GUE et des Verts européens pour rappeler que l’économique ne doit pas effacer les droits humains, et que le parlement européen semblait l’oublier. Néanmoins, les deux partis majoritaires du parlement européen, le PPE et le PSE n’ont pas semblé particulièrement concernés face à ces événements. La président de la commission, Teresa Jimenez-Bacerril du Parti populaire européen (et élue du Parti populaire espagnol), a refusé de donner la parole au collectif, alors qu’elle leur avait au préalable assuré qu’ils auraient quelques minutes pour exprimer leur point du vue en fin de réunion. C’est une drôle de conception de la liberté d’expression et de la conception de l’honneur et de la démocratie au sein du parlement, qui masque mal un cynisme qui caractérise la position de l’Union européenne quant à la situation au Mexique. La 11e puissance économique du monde est un pivot important pour l’Union européenne, et un acteur clef sur le continent américain du projet transatlantique-transpacifique rêvé par les États-Unis d’Amérique.

Le gouvernement français s’inscrit parfaitement dans cette vision. Le président Mexicain, qui a tenté d’occulter derrière un vaste rideau de fumée les véritables responsables du drame de Ayotzinapa, sera l’invité d’honneur de la France pour le prochain 14 juillet. Peut être faudrait il rappeler à François Hollande que l’indifférence est la pire des politiques, et que si nous sommes tous Charlie, nous devons l’être aussi avec ceux qui ne sont pas français ou européens. Le Mexique connait depuis plusieurs années une dégradation de la situation des droits de l’Homme, et le président Enrique Peña Nieto en tient une part importante de responsabilité. Les accusations d’entretenir d’étroites relations avec de grands groupes économiques mais aussi avec le narcotrafic se multiplient contre lui, particulièrement lorsqu’il était le gouverneur de l’État de Mexico ainsi qu’au sein du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI).

La multiplication des scandales, parmi lesquels le scandale dit de la "casa Blanca" sur le financement d’une maison d’une valeur de 7 millions de dollars appartenant à la famille Peña Nieto, met en évidence une profonde interpénétration des réseaux économiques, politiques et mafieux à tous les échelons du pouvoir. Interpénétration qui se retrouve dans l’indifférence totale et l’impunité de nombreux crimes et disparitions qui ont lieu au quotidien au Mexique : en Aout 2014 le nombre de personnes portées disparues était de 22 320 personnes, dont plus de 8 000 disparitions depuis que Peña Nieto assume la présidence de la République. Le drame de Ayotzinapa, dont l’un des principaux commanditaires est le maire de Iguala, étiqueté Parti Révolutionnaire Démocratique (PRD) montre que l’opposition n’a en aucun cas les mains plus propres que la majorité gouvernementale.

Cuauhtemoc Cardenas, fondateur du PRD il y a vingt-cinq ans, en a démissionné en novembre, le PRD ayant maintenu son soutien au maire d’Iguala

Le maire José Luis Abarca était une figure importante de l’opposition Mexicaine et du PRD, il ne s’agit pas d’un cas à la marge mais bien de la mise en lumière d’un système à grande échelle de corruption et de relations entre les responsables institutionnels et politiques et les groupes mafieux qui sévissent dans le pays. Rappelons que le PRD est membre, au même titre que le Parti Socialiste français, de l’Internationale Socialiste. Les dernières révélations, par des enquêtes journalistiques indépendantes entre autre, d’une responsabilité de l’armée dans les faits qui se sont déroulés à Ayotzinapa montrent aussi la gravité de la pénétration des institutions mexicaines par les groupes paramilitaires mafieux et l’inefficacité d’envisager l’armée comme solutions aux problèmes de narcotrafic.

Enfin, le Mexique est le 7e pays le plus dangereux au monde pour les journalistes. Ces vérités seront elles un jour prises en compte et par l’Union Européenne et par le gouvernement français ?

Arthur Morenas, co-responsable de la commission Amérique latine pour le PG, 19 janvier 2015

C) Automne 2014 : Mobilisations importantes contre la corruption des élus et de la police avec les mafias

Mexique : Solidaires des manifestants après la mort de 43 étudiants

Mexique : Les protestations se multiplient après le probable massacre de 43 étudiants

Solidarité avec les étudiants mexicains massacrés par les politiques, policiers et narcotrafiquants alliés

PRD, police, « crime organisé » : de nouvelles disparitions déclenchent une crise politique au Mexique

C) Mexique : Capitalisme, libéralisme, mafias et violence étatique

Capitalisme féodal, drogue et mafia : l’exemple du Mexique après la Sicile et la CIA

Dossier Mexique : libéralisme et guerre des drogues ( 2 articles)

Mexique : Conclusions et recommandations de la Fédération Internationale des Droits Humains

Lettre ouverte de parlementaires européens à propos de San Juan de Copala et des assassinats de Bety Carino et de Jyri Jaakola

Mexique – La démocratie sous tension

Mexique : « Les cartels de la drogue alimentent le système capitaliste. Washington en a favorisé l’émergence » (Babette Stern)

Mexique : Plus de fraude et de meurtres que de démocratie !

Au Mexique, Enrique Peña Nieto, pantin gominé de l’oligarchie et de l’Internationale socialiste

Mexique - Non au dépouillement de la souveraineté nationale !

B) 2 juillet 2006 Situation sociale et politique tendue au Mexique : la gauche dénonce la fraude (véritable coup d’Etat électoral) et proclame son président de la République

Dans un contexte de progrès électoral considérable de la gauche en Amérique latine, l’élection présidentielle mexicaine du 2 juillet 2006 revêtait une importance cruciale. Pour éviter cette nouvelle victoire, les Etats Unis et la droite mexicaine ont préféré frauder massivement, prenant la responsabilité d’accroître une tension sociale déjà explosive.

Le scrutin présidentiel du 2 juillet 2006 opposait essentiellement :

- Felipe Calderon (Parti d’Action Nationale), leader de la "droite catholique libérale".

- Andrès Manuel Lopez Obrador dit AMLO ( Parti de la Révolution Démocratique), candidat d’un front des partis de gauche, maire de Mexico, sous le slogan "Les pauvres d’abord".

Dès 2004, les chaînes télévisées privées aux ordres de l’oligarchie ont tout fait pour discréditer Lopez Obrador en diffusant des émissions sur lui basées sur des bandes prises clandestinement dans sa vie privée. En 2005, la justice prend le relais ; elle le condamne pour une histoire farfelue de voie d’accès à un hôpital ; elle le fait écrouer, le déchoit du droit à se porter candidat...

Rien n’y fait ; la montée du mouvement de masse se poursuit, Lopez Obrador apparaissant comme son porte-parole.

Pourquoi les deux grands partis de droite et les organes institutionnels n’ont-ils pu discréditer ce dirigeant de la gauche ? Parce que depuis 15 ans, privatisations et dérèglementations ont tellement déstructuré la société mexicaine que les relations entre milieu politique et classes populaires se sont considérablement distendues. L’exemple le plus connu en est la survivance de la guerrilla du Chiapas depuis 12 ans. Le processus d’insubordination a peu à peu fait tâche d’huile dans les villages indiens et dans les maquilas (usines installées dans les zones franches travaillant pour le marché nord-américain). Le pouvoir conservateur n’a pu répondre que par une répression sanglante dont la tuerie d’Oaxaca, mi-juin 2006, contre des enseignants en lutte pour de meilleures conditions de travail. De même, ce printemps, les communautés d’Atenco et Texxoco, opposées à la construction d’un complexe Wall Mart sur l’emplacement d’un marché indigène, ont été immédiatement confrontées à l’armée.

Le 2 juillet 2006, les Mexicains ont donc voté pour leur président, sur un seul tour, comme le prévoit leur Constitution. Pour les observateurs impartiaux du scrutin, il ne fait aucun doute que Lopez Obrador l’a emporté. Depuis 15 jours, l’oligarchie mexicaine comme internationale considérait ce résultat comme inéluctable. Elle avait planifié une fraude massive et une absence totale de transparence dans la centralisation des résultats. Après une période d’incertitude, le gouvernement conservateur et les médias ont annoncé une victoire du candidat de droite avec 0,58% des voix d’avance.

Lopez Obrador a aussitôt demandé à ce qu’on recompte "bulletin par bulletin, bureau par bureau" demandant à savoir pourquoi un million et demi de voix de droite ne correspondent pas à des bulletins matériellement constatables et comptables. La réponse n’est jamais venue sauf pour quelques bureaux invalidés où la fraude était trop visible.

La droite allait-elle réussir à garder de la sorte le pouvoir politique comme en 1957 et 1988 ? La gauche profondément marquée par la façon dont elle avait été flouée de la victoire présidentielle en 1988 allait-elle reconnaître le fait accompli ? Des milliers de citoyens, par moment des dizaines de milliers se sont mis à occuper des points stratégiques de Mexico, particulièrement la Place du Zocalo. Un peu partout, un processus de création d’organes populaires locaux s’est développé.

Le Tribunal Electoral a travaillé deux mois avant de relever sur trois cents pages des "irrégularités" mais annoncer la victoire du candidat conservateur avec 234 000 voix d’avance ( le Mexique compte 107 millions d’habitants).

Le 1er septembre, jour de la séance inaugurale du nouveau congrès, devant toutes les caméras, les députés de gauche ont occupé la tribune empêchant ceux de droite de s’exprimer, y compris l’ancien président en fin d’exercice.

Lopez Obrador était confronté à un choix simple : ou accepter la décision du Tribunal Electoral ( ce qui le coupait du peuple de gauche), soit le refuser avec la logique d’affrontement que cela implique. Il a opté pour ce deuxième scénario.

Une "Convention Nationale Démocratique" a été réunie ; ainsi, devant des centaines de milliers de ses partisans Lopez Obrador s’est vu proclamer "président légitime" du Mexique. " Nous allons entreprendre la construction d’une nouvelle république" a-t-il lancé. Il prendra ses fonctions le 20 novembre à l’occasion du 96ème anniversaire de la Révolution mexicaine avant de former un gouvernement. Les trois partis de gauche ayant soutenu Lopez Obrador ont créé un Front élargi progressiste chargé de "soutenir et encadrer les luttes sociales".

Pour conclure temporairement, tenons-nous en au constat d’un durcissemnt des méthodes ( coups d’Etat, fraudes électorales) utilisées par les oligarchies liées aux intérêts di capitalisme financier transnational ; cela nous rappelle aussi les années 1960-1975.

L’éditorial du Monde diplomatique d’août 2006, s’indignait à juste titre des faibles réactions internationales contre la tricherie électorale mexicaine : " La "communauté internationale" et les habituelles "organisations de défense des libertés", que l’on a connues si actives en Serbie, en Géorgie, en Ukraine et encore récemment en Biélorussie, demeurent pour ainsi dire muettes devant le "coup d’Etat électoral" qui se commet sous nos yeux aux Mexique. On imagine le tollé planétaire, si, en revanche, cette même élection s’était déroulée, par exemple, au vénézuéla et si le vainqueur -par une différence d’à peine 0,56% des voix- avait été... le président Hugo Chavez".

PS : Sur les fraudes effarantes constatées lors du scrutin présidentiel mexicain, vous pouvez vous rendre sur le site www.sipaz.org du Centro de derechos humanos Fray Bartolomé de Las Casas

A) Mexique : Un Etat failli voyou au service des USA et des milliardaires (Jacques Serieys)

En soi, un Etat national n’est pas porteur de l’intérêt général. En soi, un Etat sans roi à sa tête, n’est pas naturellement digne du nom de république (3ème Reich par exemple) et encore moins de démocratie.

Le Mexique a connu de puissantes oppositions économiques, idéologiques et sociales au développement d’un rôle progressiste de l’Etat :

- en raison du poids de l’Eglise catholique, profondément anti-démocratique et anti-républicaine de tout temps

- surtout en raison de la logique du système capitaliste d’appropriation privée et de priorité à l’accroissement du profit privé.

La proximité des USA et la possibilité d’investissements financiers rentables au Mexique déstabilisent le pays depuis plus d’un siècle.

Il est vrai que la société mexicaine a généré des mouvements sociaux et politiques forts face au conservatisme libéral voyou généralement caché sous le label de droite catholique. Ce fut le cas durant la Révolution mexicaine mais aussi durant les années 1934 à 1940 sous la présidence de Cardenas.

Ceci dit, la nature profondément bourgeoise politicienne du PRI (camp "gauche" du champ politique traditionnel pendant longtemps) a permis la monopolisation de la vie politique institutionnelle par des partis (PRI, PAN) aux intérêts proches. Le chef du gouvernement mexicain puis président Enrique Pena Nieto occupe aussi la fonction de vice-président de l’Internationale Socialiste. Le nouveau grand parti de gauche (PRD, Parti de la Révolution Démocratique) risque fort de suivre peu à peu la même évolution tant les intérêts financiers en jeu sont énormes.

Je ne peux terminer cette introduction sans pointer trois constats importants :

- l’orientation zapatiste des "zones libérées" ne peut se comprendre hors de ce contexte

- l’imbrication entre intérêts économiques et personnel politique mexicain prend de plus en plus la forme d’un poids décisifs de cartels mafias (en particulier de la drogue et de la prostitution) sur des secteurs entiers de l’appareil d’Etat, y compris dans la police.

- la nature mafieuse d’une partie significative de la bourgeoisie et de l’appareil d’Etat entraîne un caractère de la répression des mouvements sociaux plus militarisé, plus "illégal" que dans les démocraties à l’européenne.

Jacques Serieys le 5 juillet 2006

Jacques Serieys le 15 juillet 2006


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