La question morale. Le Che réconcilie l’éthique et la politique

lundi 1er décembre 2008.
 

Par les temps pourris qui courent, plus les politiciens «  libéraux  » ont les mains sales, plus ils se réclament de l’éthique. Ils osent même parler de «  capitalisme éthique  ». D’autres fripouilles opposent éthique et politique, en un faux dilemme insupportable. La crise du capitalisme s’avère si grave que les classes dominantes sont parvenues à ce que le jugement moral soit peu ou prou évacué de l’appréciation de la politique. Combien de casseroles au croupion d’éminents macronistes  ?

Le Che mourut assassiné le 9 octobre 1967. L’étude de sa pratique nous montre un dirigeant hanté par une constante exigence d’éthique, de probité, d’exemplarité, et d’abord vis-à-vis de lui-même, condition indispensable si l’on veut entraîner les autres… Pour Ernesto Guevara, la politique (1) doit toujours croiser la question morale. La politique fait partie de l’éthique et l’éthique, contrairement à ce que prétendent certains coquins, n’est pas un frein à l’efficacité, loin s’en faut.

Lier la politique et l’éthique est la condition à l’avènement d’un monde meilleur. Le nier, c’est méconnaître l’histoire de l’humanité. Che Guevara lance, comme attesté dans ses Notes critiques…  : «  Pour les dirigeants, rien de matériel  », aucun stimulant matériel. Une politique qui prône la dignité ne saurait s’en écarter. Si le processus de transformation, ajoute-t-il, ne produit pas «  une nouvelle conscience sociale  », les prémices d’un «  homme nouveau  », il ne vaut rien. En septembre 1962, Che critique «  ceux qui sont restés à mi-chemin et qui se sont perdus dans le labyrinthe bureaucratique ou dans les tentations qu’offre le pouvoir  ».

En nos temps de travestisme politique, Che incarne l’idée que la politique ne peut être que de l’éthique concentrée. L’éthique devient donc une morale en situation. Dans le «  Discours à la classe ouvrière  », le 14 juin 1960, il dénonce «  ceux qui se déguisent en hommes de gauche (…) qui parlent au peuple le langage de la révolution, tout en discutant en coulisses avec les grands monopoles  ». Guevara ne se lasse pas d’insister  : «  la conduite révolutionnaire est le miroir de la “foi” révolutionnaire  » (12 février 1961).

Jean Ortiz

Universitaire


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