ZITA GURMAï, MARTINE ET LEURS AMIS (Ferenc Gyurcsány...)

lundi 15 décembre 2008.
 

Ainsi Martine Aubry a cru très inspiré de désigner comme secrétaire nationale du PS, pour s’occuper des droits des femmes la camarade hongroise Zita Gurmaï. Evidemment on comprend qu’il s’agit de faire vivre un symbole du genre qu’affectionnent les européistes. Que ce soit un problème de nommer quelqu’un qui n’est jamais là pour s’occuper d’un dossier sensible a l’air de ne déranger personne. Mais « après tout, bof, pourquoi pas » se disent les hiérarques.

Personne ne songe à se demander qui est la camarade Zita. Elle est européenne, ca suffit. C’est « un projet en soi » comme on le sait. Tout est donc, à partir de là, totalement secondaire. Comme par exemple la conformité de cette présence avec l’affirmation de la même Aubry et de ses camarades selon laquelle le parti est ancré à gauche et ne fera pas d’alliance avec le centre. Même si le chef du parti et le chef du conseil national ont fait le contraire chez eux.

Mais là, Zita, c’est du lourd. Elle est membre du MSZP, le parti social démocrate hongrois. Une horreur de parti « moderne et ouvert sur l’Europe ». C’est-à-dire un ramassis de menteurs et de tricheurs. Zita est donc membre d’un parti, le MSZP qui gouverne la Hongrie en coalition … avec la droite libérale. Une paille. Bienvenue au club avec les élus de Lille et ceux de Grenoble, Zita ! D’abord au pouvoir de 1994 à 1998, le MSZP a appliqué une thérapie libérale de choc à la Hongrie, en combinant privatisations du secteur public, austérité budgétaire et réduction des systèmes d’aide sociale.

Impopulaire, cette politique fut sanctionnée en 1998 où cette social démocratie perdit la majorité. Elle réussit à revenir au pouvoir en 2002 en s’alliant avec un parti de droite libéral, l’Alliance des démocrates libres (SzDSz).

Le premier ministre hongrois Ferenc Gyurcsány est le principal dirigeant du parti social démocrate hongrois MSZP. Une crème d’homme de la sociale démocratie. Gyurcsany a en effet fait fortune en profitant des privatisations impulsées dans les années 1990 par son parti. Mais il n’était à l’époque qu’un simple homme d’affaires ami. A la tête de la holding Altus, il est devenu la 5ème fortune de la Hongrie. Après tout c’est avec des civils qu’on fait des militaires et pourquoi un riche spoliateur de biens nationaux ne serait-il pas un ami du peuple ?

Mais le camarade Gyurcsany s’est rendu tristement célèbre suite à un enregistrement vidéo réalisé juste après les élections générales de 2006. Il venait de regagner en alliance avec les libéraux. Il y avouait que son parti mentait depuis plusieurs années aux électeurs et qu’il n’avait d’autre choix que d’appliquer une politique d’austérité drastique. Extrait : « Nous avons menti le matin, nous avons menti le soir … Il n’y a pas une seule mesure gouvernementale dont nous puissions être fiers en quatre ans si ce n’est de nous être accrochés au pouvoir. Nous avons tout fait pour garder secret en fin de campagne électorale ce dont le pays a vraiment besoin, ce que nous comptions faire après la victoire électorale : nous le savions tous, après la victoire, il faut se mettre au travail car nous n’avons jamais eu de problèmes de cette envergure ».

La coalition de Gyurcsany avait en effet massivement augmenté les impôts et réduit les dépenses publiques après avoir promis de réduire les impôts et de garantir le système social. Ces déclarations avaient déclenché de violentes manifestations pendant plusieurs semaines devant le Parlement hongrois, plaçant le pays dans une situation insurrectionnelle. On y vit la prise d’assaut du siège de la radiotélévision publique par des manifestants de la droite nationaliste etc. A Paris, Ségolène Royal avait demandé la démission du premier ministre menteur. Bien sûr, le parti social démocrate a lourdement perdu les élections locales qui ont suivi à l’automne 2006.

Dernière touche à ce tableau si hautement symbolique. Le MSZP dont est membre Mme Zita Gurmaï soutient également activement au niveau européen la commission de José Manuel Barroso. Il est présent dans la place, à travers le commissaire européen Laszlo Kovacs. Celui-ci est chargé de l’union douanière et de la fiscalité. Il est lui aussi membre du MSZP. Merci donc à lui, à Zita et à ses camarades pour l’inaction de la commission face au dumping fiscal et à sa passivité en matière douanière. On voit que tous ces gens sont admirablement symboliques du cours nouveau des leaders socialistes réunis à Madrid qui a fait dire au Conseil national du PS que jamais les socialistes européens n’ont eu autant de choses en commun. Et d’ailleurs c’est vrai.

A peine arrivé à Madrid les vigilants de la pensée social démocrate se sont aperçu que le beau texte du « Manifeste » qu’ils allaient adopter ne comportait aucune référence au Traité de Lisbonne. Aussitôt l’erreur regrettable a été rectifiée. On y a ajouté l’exigence de sa ratification. Martine Aubry et son PS « ancré à gauche » qui « dépasse le oui et le non » a été enchantée. Bien sûr, de retour à Paris, personne ne s’en est vanté.


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