Parti Socialiste Européen, à gauche toute ? Voire ! (par Par Francis WURTZ, eurodéputé)

jeudi 18 décembre 2008.
 

Le 1er décembre dernier, le Parti socialiste européen (PSE), qui réunit les partis socialistes et sociaux-démocrates de l’Union européenne, a adopté à Madrid un « manifeste » en vue des élections européennes de 2009. Ce parti constitue au Parlement européen le deuxième groupe derrière le Parti populaire européen PPE – droite chrétienne-démocrate et conservatrice), avec lequel il cogère de fait l’institution - sauf exception, quand le rapport de forces permet de créer les conditions d’un affrontement de toute la gauche contre toute la droite.

On devrait donc pouvoir se réjouir d’apprendre que le « manifeste » adopté par le PSE a, cette année, des accents résolument à gauche ! Ne fustige-t-il pas ceux qui nous livrent « aux mains du marché », dans lequel ils ont une « foi aveugle » ? N’appelle-t-il pas à une « nouvelle Europe sociale » ayant pour finalité « le peuple d’abord » ? Ouaouh ! Ça va nous changer de l’ « économie de marché ouverte où la concurrence est libre », inscrite en lettres d’or dans tous les traités européens depuis 15 ans – traité de Lisbonne compris ! Eh bien, non : les traités, le PSE n’y touche pas. Il y va même très fort dans la diabolisation de ceux – Français, Néerlandais, Irlandais – qui avec leur « non » se font les empêcheurs de gérer en rond.

Alors, le PSE va-t-il, pour le moins, demander à ses commissaires européens le plus prisonniers de la foi aveugle dans le marché et les moins crédibles pour incarner une « nouvelle Europe sociale » de rendre leur tablier ? Cela libérerait pas mal de postes importants à Bruxelles ! Par exemple, celui du très puissant vice-président, SPD allemand, de la Commission, M. Verheugen, l’homme fort de la grande industrie ; ou bien celui du super-libéral commissaire aux Affaires monétaires, le socialiste espagnol Almunia ; ou encore l’inoffensif (pour le capital) commissaire dit aux Affaires sociales, le socialiste tchèque M. Spidla, toujours prêt à justifier l’intangibilité des règles du marché unique, fussent-elles incompatibles avec la promotion des droits des salariés ? Encore non : le PSE est fier de « ses » commissaires et dit travailler étroitement avec eux.

Qu’en est-il alors des gouvernements dans lesquels un parti du PSE joue un rôle majeur ? Leurs représentants ont « massivement » voté en faveur du « manifeste » du 1er décembre. Diantre ! Auraient-ils renié tout leur bilan ? Qu’on en juge !

Le modèle économique appliqué à l’Espagne de M. Zapatero fut, avec les modèles britanniques et irlandais, l’un des plus proches de celui des États-Unis. Résultat : son économie est en train de s’écrouler conne un château de cartes ! En un an, le chômage a explosé de 43 % et « 2009 sera pire » annonce le ministre de l’Économie, d’autant que 30 % ( !) de la population active du pays travaillent avec des contrats à durée déterminée…

En Grande-Bretagne, le travailliste Gordon Brown est aux affaires depuis 11 ans, d’abord comme ministre des Finances, puis comme premier ministre. Son credo : la « rigueur » budgétaire et le laxisme des banques. Cette politique plonge aujourd’hui par millions salariés et retraités dans une précarité et une pauvreté insupportables !

En Hongrie, le socialiste « modern » M. Gyurcsany a conduit son pays au bord de la banqueroute, au point que la population risque de subir une purge effrayante dictée par le Fonds monétaire international… dont le nouveau directeur général, M. Strauss-Kahn, n’a apparemment pas révolutionné les orientations !

Quant à l’Allemagne de la « grande coalition », son très influent ministre des Finances, SPD, M. Steinbrück, disait encore, en septembre dernier, sa fierté de constater qu’ « avec l’économie sociale de marché, nous nous en sommes heureusement jusqu’à présent bien tirés ». Aujourd’hui, on y redoute un recul du PIB de 4 %, du jamais vu depuis la création de la République fédérale…

Conclusion : toujours d’accord pour coopérer avec le PSE sur le moindre sujet où des convergences sont possibles. Mais pour changer l’Europe, mieux vaut renforcer ceux qui font quotidiennement la preuve de leur engagement : le Parti de la Gauche européenne et le groupe de la Gauche unitaire européenne – Gauche Verte nordique au Parlement européen.


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