MERCI, LES GRECS !

vendredi 19 décembre 2008.
 

Bon ! Monsieur Darcos a cédé. Il retire son plan de réforme du lycée. Excellent. C’est le premier recul du gouvernement Sarkozy. Donc c’est un événement. Cependant les jeunes, les parents et les enseignants veulent lui donner le coup de grace. Politique, il s’entend. Ils ne sont pas tranquilles tant qu’il est là. Pourquoi pas ? Personne n’a le droit de chercher à les en dissuader. Ce sont eux qui ont su quoi faire jusque là. Notre devoir est seulement de les aider.

D’une façon ou d’une autre je crois que nous pouvons aussi, tous, dire merci aux jeunes grecs. La peur qu’inspire leur mouvement a trouvé son écho dans le bureau de Sarkozy à l’heure où il a décidé de reculer…Quelqu’un doit aller dire à ces jeunes grecs qu’ils ont gagné à Paris ! Merci les grecs ! Pourtant nous n’étions pas si nombreux que ça dans la rue l’autre soir devant l’ambassade de Grèce. Il est vrai qu’il faisait un froid sibérien. Communistes, NPA, PG, anarchistes, SUD, Unef (en nombre), Attack… Chacun avait mis son point d’honneur à avoir sa délégation, même limitée. Personne ne s’est demandé pourquoi les socialistes n’étaient pas là. Dans cette note je parle des grecs. Mais avant je dis encore un mot sur ce blog.

La thèse de l’effondrement.

Je n’ai pas l’intention de répéter ici de manière nécéssairement suffisante les analyses détaillées qui peuvent se lire de tous côtés. Je me contente banalement d’un résumé : un pays torturé à mort par le néo libéralisme se prend de plein fouet la première vague de la crise. C’es trop. La chaîne rompt par son maillon le plus faible. Ici c’est la jeunesse. La jeunesse est le maillon faible dans beaucoup de pays et c’est une banalité de dire pourquoi il en a été ainsi à toutes les époques. Cependant il n’est pas indifférent d’y regarder de plus près. La jeunesse étudiante, c’est celle qui est la plus représentative de la « classe moyenne » qui a fait les beaux jours du modèle néo libéral et de l’ancienne Social Démocratie.

Le déclassement social des diplomés est donc un phénomène qui a une grande portée symbolique et culturelle dans les représentations collectives de cette catégorie sociale. Quand je vois le système grec craquer à cet endroit du champ social j’y vois la confirmation de la thèse que j’ai déduite de l’observation des révolutions démocratiques de l’Amérique Latine. Dans tous ces pays le choc décisif est venu du moment où la classe moyenne locale a « laché le système ». Son décrochage a provoqué immédiatement une confrontation violente dont le système politique en place ne s’est pas relevé. Soit qu’il se soit écroulé sénace tenante, soit qu’il ai été volatilisé aux élections suivantes. Il est important de rappeller que Moralès ou Chavez ont été élu tous deux, dès le premier tour avec des scores sans précédent. Il est important de rappeller qu’il s’agissait bien d’éléctions générales et non d’un putch à la suite des évènements violents déclenchés par les pouvoirs en place.

J’ai noté et rabaché ici que toutes ces révolutions démocratiques ont eu pour slogan commun : « qu’ils s’en aillent tous », avec des variantes d’un pays à l’autre, antienne qui était opposée à la totalité de la superstructure représentative des pays concernés, syndicats inclus. Bien sur cela doit être modulé cependant par la nature de ces syndicats dans le contexte local. N’empêche. La conséquence est que partout, à la suite de l’écroulement du système politique et de la victoire éléctorale, les nouveaux pouvoirs ont du bricoler, chemin faisant, la construction d’un nouveau Parti de Gauche. Car partout le constat a été que sans Parti pour articuler l’action au pouvoir et le mouvement de la société il est impossible de conduire en profondeur une révolution démocratique qui s’appuie à intervalle régulier sur le suffrage universel. Une remarque essentielle à ce propos.

Partout ces nouveaux partis se sont édifiés comme des fronts regroupant toutes les formations et les groupes qui dans la période précédente s’était opposés à la droite et à la social démocratie. Le plus souvent aucun d’entre eux n’avait prévu ou préparé quoi que ce soit pour être une relève politique et n’imaginait même pas qu’il puisse l’être un jour tant il étaient occupé aussi à se combattre mutuellement. Dès lors, privé du nombre suffisant de cadres et sans expérience, la tache de construction d’un nouveau parti fédérateur a été d’autant plus ardue que partout c’était déjà le « parti au pouvoir », avec tout le clientélisme que cela suscite. Cette difficulté n’est réglée nulle part encore aujourd’hui et elle pèse sur le processus dans tous les pays. C’est elle qui condamne Chavez et Morales, mais aussi tous les autres dirigeants à une hyper présence médiatique personnelle qui permet d’atteindre directement la masse de la population, faute de relais suffisant. Mais cette méthode aggrave souvent le problème initial. Le courtcircuitage des structures intermédiaires faibles ou inefficaces les bloque dans leur dévellopement. Il crée le sentiment que le parti n’existe que par le président et pour lui au point que cela finit par être en partie vrai.

Ma conclusion de tout cela consiste à répondre concrétement à chacun des points soulevés par ces observations. Le parti, le Front, la double rupture avec la droite et la social démocratie libéralisée, tout cela est dans le mode d’emploi de la création du Parti de gauche en france et la constitution d’un premier front d’action politique pour les éléctions européennes n’est donc pas un simple épisode électoral. Car, bien sur le scénario grec va se reproduire partout en Europe. Pour les mêmes raisons qui ont déclenché les évènements grecs. Faute de débouché politique, « l’ordre sera rétabli » en Grèce. Probablement. Puis la pente de la droite sera de faire du maintien de l’ordre, du renforcement de l’ordre la revendication qu’elle voudra incarner. Les sociaux démocrates vont courir derrière. Souvenons nous de l’Etat d’urgence en France et de sa prolongation avec l’aval de toutes les belles personnes…

Face à de telles situations, on sait que la société a sa propre capacité de résistance. On l’a vue quand des centaines de gens sont descendus dans les rues pour calmer les émeutes en banlieues françaises. Mais cela ne suffira pas. Dans le dédale des campagnes de presse et le défilé des enfumeurs sur tous les médias, il faut qu’il ya it en prpermanence des « éclaireurs » sur le terrain, vecteur d’action consciente, porteur d’explications et d’informations qui aident à réfléchir et à tirer les évènements de notre côté. C’est la formule du parti de Gauche : « une société mobilisée, des citoyens motivés ».


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