Le poème n’est qu’une méthode pour s’enlever la peau

mercredi 24 décembre 2008.
 

Parfois l’éternité tombe

plus tôt

sur le monde et se fait un foulard

avec les rideaux des fenêtres

On allume alors les ampoules

en plein midi

On lâche les chiens sur les mauvais morts

La lumière

donne

des lèvres

à l’ombre sur les bouteilles

comme si tout avait besoin d’une bouche

pour parler

Nous nous embrassons

sans nous voir

Nous coupons le couteau avec le pain

Nous remplissons à raz bord

la soupe avec des assiettes

Les mouches font et défont

la nuit d’un seul coup

et avertissent chaque chose

les unes après les autres

Sur la table

l’oiseau suggéré de la rose

regarde ceux

qui sont restés assis

et sont devenus des fleurs

On nous a appris l’hospitalité

Nous invitons aussi les chaises

à manger

Le dehors a toujours un dehors plus loin que lui

c’est pour cela qu’on marche sans arrêt

pour trouver un autre dehors

derrière son vêtement de transparence

et de vitres brisées

Les choses sont parfois

comme des oignons

Elles font des couches de peau

à l’infini qui font pleurer

les yeux et le monde

Nous déshabillons le dehors

jusqu’à nous comme dans l’amour

Dehors la lune ne laboure plus la nuit

Une voix dédouble une lèvre

dans une autre voix

Les muscles de l’air saisissent des cailloux

et bâtissent des barricades d’enfants chauves

On tue le soleil à petits coups

de vautours

sur les poubelles

Le dos au noir

on fusille un ange dans chaque mort

Pour saisir le dehors

il nous faut nous-mêmes devenir le dehors

Le poème n’est qu’une méthode pour s’enlever

la peau et trouver le dedans au plus loin de nous


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