Droits de l’Homme : l’incohérence du Vatican

jeudi 25 décembre 2008.
 

La célébration du soixantième anniversaire de la Déclaration des Droits de l’Homme invite sur leur situation dans l’Église catholique, une des institutions qui a opposé historiquement le plus de résistance aux libertés modernes.

La Loi fondamentale promulguée en février 2001 par l’église catholique établit que le pape détient en sa personne la plénitude des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires. Par conséquent, la culture des droits humains est absente de son organisation constituée d’une structure de classe (clercs et laïcs, Église enseignante et Église enseignée, hiérarchie et peuple de Dieu). Elle fonctionne sur le mode hiérarchique pyramidal (pasteurs et troupeau) et rejette la démocratisation sous prétexte d’être d’institution divine et d’avoir des fins spirituelles, ce qui choque de premier abord, étant donné le titre de chef d’État de la Cité du Vatican affiché par le pape.

Rejet de la démocratie sous prétexte d’institution divine

Ainsi, la transgression des droits humains dans l’Église catholique n’est pas une pathologie de plus, mais bien une pratique structurelle, inhérente au paradigme ecclésiastique actuel, lequel n’a rien à voir avec l’intention du fondateur ni avec les origines du christianisme. Le pape et les évêques catholiques défendent les droits humains dans la société et dénoncent leur transgression, mais ignorent et ne respectent pas les droits des chrétiens et des chrétiennes au sein de l’Église. Ils défendent la liberté dans la société, mais oublient la liberté chrétienne reconnue de multiples manières dans les textes fondateurs du christianisme. Comment peut-on refuser la liberté aux chrétiennes et chrétiens quand, selon Paul de Tarse, « c’est pour nous rendre à la liberté que Christ nous a libérés » (Galates 5,1). Voilà l’incohérence du Vatican. Voyons-en quelques exemples.

Les femmes sont exclues du sacerdoce, de l’épiscopat et de la papauté et des postes de responsabilité ecclésiale, sous prétexte que Jésus fut un homme et qu’il peut être représenté seulement par des hommes. On convertit ainsi Jésus de Nazareth en personne machiste, alors que ce qu’il a lancé fut un mouvement égalitaire de femmes et d’hommes. On oblige les prêtres à être célibataires et à renoncer au mariage alors que théologiquement et historiquement il n’existe aucun lien intrinsèque entre le sacerdoce et le célibat. On ne reconnaît ni ne respecte les libertés comme celle d’expression, d’investigation, d’enseignement et d’impression. Il y a des dizaines de théologiennes et théologiens condamnés pour leurs écrits et déclarations publiques, qu’on oblige en plus à soumettre à censure préalable tout ce qu’elles ou ils écrivent. Dans certains cas, des livres publiés « avec les autorisations pertinentes » ecclésiastiques sont retirés de la vente.

Les procès contre les théologiens et les théologiennes ne sont pas précisément un exemple de transparence et de respect des droits humains ; bien au contraire, les inculpés réalisent comment, dans ces dits procès, on méprise systématiquement les droits reconnus par la justice civile. [...]

Juan José Tamayo* *Directeur de la chaire de théologie et des sciences des religions, à l’Université Carlos III de Madrid (Traduction Claude Lacaille)


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