Portrait de militant de gauche en Israël : Gideon Levy

dimanche 18 janvier 2009.
 

Gideon Levy est journaliste à Haaretz où, outre des papiers d’opinion, il écrit des chroniques hebdomadaires nommées Twilight Zone.

Depuis des années, il décrit aux Israéliens la vie quotidienne des Palestiniens sous l’occupation israélienne. Il n’est pas allé à Gaza depuis novembre 2006, date depuis laquelle aucun Israélien ne peut entrer à Gaza. Il y a des amis dont il n’a plus de nouvelles depuis l’opération militaire.

Quelle est votre position sur la guerre ?

Depuis le début, je pense que cette guerre n’est pas justifiée. Gaza est sous un blocus, un blocus appuyé par l’Europe et les Etats-Unis. Le Hamas lutte contre ce siège... Il y aura un accord entre Israël et le Hamas, un accord qui aurait pu avoir lieu avant cette guerre. Le blocus israélien sur Gaza est terrifiant, c’est un blocus total. Pas de nourriture, pas de carburant, rien de ce que les gens ont besoin n’entre à Gaza. Les Israéliens ne laissent même pas entrer un cahier d’écolier. Ce qui entre à Gaza, c’est ce qui est passé illégalement à travers les tunnels, des choses hors de prix, dans un endroit où plus de 50% de la population est au chômage. Tzipi Livni dit qu’il n’y a pas de problème humanitaire à Gaza. Je l’invite à regarder les photos de l’hôpital de Shifa.

Qui vous représente politiquement en Israël aujourd’hui ?

Je me sens très peu représenté. Le mouvement Gush Shalom (mouvement pour la paix et la fin de l’occupation fondé par Uri Avneri), le parti Hadash, parfois... Très peu de Juifs partagent mon point de vue. Je ne peux même pas dire que je suis un déçu de la gauche israélienne. Je sais pertinemment qu’elle est morte depuis longtemps. Elle est morte après Camp David, après que Ehud Barak a semé le mensonge qui veut qu’il n’y a pas un partenaire pour la paix. Il y a en Israël quelque chose qui ressemble à la gauche mais qui n’est pas la gauche. La vraie gauche est marginalisée à l’extrême, comme les opposants à la guerre qu’on n’entend presque pas.

Pourquoi est-ce si difficile d’entendre ceux qui sont contre l’opération à Gaza ?

D’abord parce que les médias s’auto-censurent, particulièrement pendant les premiers jours de la guerre. Après ils deviendront plus braves, comme pour la deuxième guerre du Liban. Mais pour l’instant, il n’y a qu’une voix, la tyrannie de l’audimat : ceux qui rompent le consensus non seulement ne font pas vendre, mais rendent les spectateurs furieux.

Est-ce que ça existe, une guerre juste ?

Bien sûr. La guerre juste, c’est la réponse à une attaque, la guerre juste, c’est une guerre qui ne peut pas être évitée. Les Quassam auraient pu être évités par la diplomatie. Et si le reste échoue, alors une attaque pareille n’est certainement pas juste. Pour chaque Israélien tué, il y a des centaines de morts palestiniens, en quoi est-ce proportionnel ?


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