Evo Morales en grève de la faim

dimanche 12 avril 2009.
 

Le président proteste contre l’opposition de droite qui bloque l’approbation de la nouvelle loi électorale censée convoquer des élections générales en décembre. Un scrutin dont Morales serait le grand favori...

C’était peu après l’heure du petit-déjeuner ce jeudi : « Face à la négligence d’un groupe de parlementaires néolibéraux, nous nous sommes sentis obligés de prendre cette mesure pour défendre le vote du peuple. » C’est ainsi qu’Evo Morales, président de la Bolivie, a lancé depuis une salle de son palais présidentiel sa grève de la faim. Avec un objectif : mettre la pression sur le Congrès où la loi électorale est en discussion.

Si le parti de Morales, le MAS (Mouvement vers le socialisme), est majoritaire au Parlement, l’opposition de droite contrôle en effet le Sénat et peut laisser le Congrès sans le quorum nécessaire à l’approbation de la loi. Or, le texte censé convoquer des élections générales pour le mois de décembre, la droite libérale et régionaliste ne le digère pas.

Les dirigeants de l’opposition contestent en vrac l’actuel fichier électoral qu’ils jugent obsolète, la validation annoncée par les autorités du vote des Boliviens vivant à l’étranger, et cherchent à réduire le nombre de sièges de députés destinés aux peuples indigènes.

Le Sénat a limité le nombre de sièges pour les indigènes La nouvelle Constitution adoptée en janvier par le pays aux 36 ethnies établit en effet pour la première fois des « circonscriptions spéciales » indigènes dans le cadre d’un « état plurinational ». De la trentaine de sièges réclamés par les organisations indigènes, le chiffre a été réduit à 14, sur un total de 130 députés, après négociations avec le gouvernement. Mais lors de la discussion sur la loi électorale, le Sénat a finalement limité la liste à sept circonscriptions.

Inacceptable pour le gouvernement, qualifié de « traître à la cause indigène » par certaines organisations sociales restées sur leur faim. Ces mêmes organisations réclament désormais une démission massive des députés du MAS et une convocation aux élections générales par décret présidentiel. Une mesure politiquement dangereuse pour Morales et pour l’instant considérée comme dernier recours par le pouvoir.

Un « cirque », un « show médiatique », selon l’opposition En attendant, la grève de la faim, un grand classique des combats sociaux en Bolivie, n’est évidemment pas du goût de l’opposition. Ses dirigeants ne se sont pas fait prier pour qualifier le geste de « cirque » et de « show médiatique », et pour dénoncer la préparation d’une « fraude électorale » de la part du gouvernement. Grand favori pour décrocher un second mandat, Evo Morales accuse de son côté une droite affaiblie électoralement de chercher à pourrir la situation.

Peu après avoir initié la grève de la faim, le président bolivien a été rejoint dans le jeûne par le préfet de La Paz et plusieurs dizaines de dirigeants et sympathisants appartenant aux mouvements sociaux. Morales n’est pas le premier président de l’histoire de la Bolivie à prendre une telle mesure. En 1984, le chef d’Etat d’alors, Hernan Siles Suazo, s’était déclaré en grève de la faim, suppliant les syndicats et les partis de le laisser gouverner en paix. Après quatre jours sans s’alimenter, il avait finalement démissionné. Et appelé à des élections générales anticipées.


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