Gaza : "Ce sera une guerre de nettoyage" par l’écrivain israélien Yehoshua (en 2004) et Réponse d’Yitzhak Laor

samedi 24 janvier 2009.
 

Il se peut qu’il y ait un jour une guerre contre les Palestiniens. Ce n’est pas certain mais ce n’est pas exclu. Mais si une telle guerre a lieu, elle sera très courte. Une guerre de six jours, peut-être. Quand on aura évacué les colonies, quand on aura cessé d’être une armée d’occupation, les règles de la guerre seront différentes. Nous déploierons toute notre puissance. Nous n’aurons plus besoin d’aller chercher tel terroriste ou tel meneur, nous emploierons la force contre la population toute entière. Nous interviendrons de façon différente… Ce sera une guerre totale…

Elle sera beaucoup plus dure pour les Palestiniens. S’ils tirent des roquettes Qassam sur Ashkelon, nous couperons l’électricité à Gaza. Nous couperons les communications hertziennes à Gaza. Nous priverons Gaza d’essence. Nous déploierons toute notre puissance comme nous l’avons fait avec l’Egypte, contre les villes du canal en 1969, et là, quand la souffrance des Palestiniens sera tout autre, beaucoup plus intense, ils mettront d’eux-mêmes fin au terrorisme. Le peuple palestinien neutralisera lui-même le terrorisme. Il n’aura pas d’autre choix que de faire cesser les tirs. Peu importe qu’il s’agisse de l’Autorité palestinienne ou du Hamas.

Quand les responsables de l’essence, de l’électricité et des hôpitaux verront que plus rien ne fonctionne, ils interviendront en quelques jours pour faire cesser les tirs de Qassam. La nouvelle donne changera complètement les règles du jeu. On ne le souhaite pas, mais ce sera une guerre de nettoyage. Une guerre qui montrera aux Palestiniens qu’ils sont souverains. La souffrance qu’ils subiront, quand l’occupation aura pris fin, leur montrera qu’ils doivent en finir avec la violence puisqu’ils sont désormais souverains. A partir du moment où nous nous serons retirés, je ne veux plus connaître leur nom. Je ne veux plus entendre parler d’eux. J’en aurai fini avec le régime de l’occupation, les opérations policières et les associations de défense des droits de l’homme. Ce sera peuple contre peuple. Etat contre Etat. Je ne vais pas commettre de crimes de guerre contre eux, mais je vais leur montrer toute ma puissance. S’il y a des tirs sur Ashkelon, il n’y a plus d’électricité à Gaza.

Cette traduction figure dans Le nouveau philosémitisme européen et le ‘camp de la paix’ en Israël (La Fabrique, 2007, p. 97-99), un livre d’un autre écrivain israélien, Yitzhak Laor dont nous citons également les commentaires :

Remarquez la phrase : « Nous n’aurons plus besoin d’aller chercher tel terroriste ou tel meneur. » En mars 2004, date de l’interview, « les assassinats ciblés de militants de l’Intifada dans les territoires occupés avaient pris l’allure de chasses à l’homme quotidiennes. Les maisons d’arrêt et les prisons étaient pleines, les camps de détention bondés, les Palestiniens bloqués aux barrages faisaient la queue pendant des heures, l’armée tuait sans distinction ceux qu’elle qualifiait de « terroristes préparant un attentant en Israël. » C’était une généralisation systématique des opérations des escadrons de la mort de l’armée. Analysons la logique terroriste du stratège A.B. Yehoshua : « Ils » tirent des Qassam. Que désigne ce « ils » ? Nous leur coupons l’électricité. Que désigne ce « leur » ? Comme il est facile de priver d’électricité les bébés de Gaza, comme il est facile de priver les hôpitaux de Gaza d’essence et d’eau, et ce, « parce qu’ils tirent des Qassam ». C’est la logique du terrorisme par excellence. [...] Pourtant, dans le genre, A.B. Yehoshua atteint un summum dans son interview de 2004 : « On ne le souhaite pas, mais ce sera une guerre de nettoyage. Une guerre qui montrera aux Palestiniens qu’ils sont souverains. » C’est un discours fasciste ou je me trompe ?


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