Intronisation d’Obama : Obabéats

jeudi 22 janvier 2009.
 

Dans cette note je parle du sujet qui va écraser tous les autres : l’intronisation d’Obama et le déluge de béatitudes qui s’abat à ce sujet. L’épectase générale qui commence ne durera pas, bien sûr. Mais pendant plusieurs dizaines d’heures le système médiatique va carburer à plein régime dans le même sens pour nous faire notre petit gavage d’oie cathodique.

Mais Barack Obama n’est qu’un président des USA et rien de moins. Donc un dominateur du monde, flanqué d’une équipe de libéraux, de militaires et d’hommes des « services » qui sont les vrais patrons des USA depuis déjà un bail. Le maintien du ministre de la défense de Bush au même poste est à soi seul la signature de ce qui se passe réellement. C’est-à-dire que dorénavant ce sera comme auparavant.

Mais le président est noir ! Ca change ! Mais ca change quoi ? Un noir est un être humain comme un autre non ? De droite ou de gauche. La politique n’a pas de couleur en démocratie. Obama n’a pas été élu parce qu’il est noir mais parce que ses idées ont convaincu une majorité d’étasuniens. Et à peine a-t-il commencé que reste-t-il déjà de ces idées ? Les équipes constituées sont de mauvais augures.

BONJOUR LES MÊMES !

Inutile d’attendre l’investiture de Barack Obama pour comprendre que les choses ne vont pas changer sur le plan international. L’administration qu’il a mise en place révèle une lamentable continuité avec celle de Georges Bush. Le changement, thème de sa campagne, ne devrait pas trop se faire sentir dans les choix stratégiques de la puissance américaine. La militarisation et la doctrine de guerres défensives ont de beaux jours devant elles. Pour preuve, le Secrétaire d’Etat à la Défense, celui qui a envoyé 30000 soldats américains supplémentaires en Irak, républicain, conserve la confiance d’Obama. Il est reconduit. Qui peut croire qu’il se dédiera dans les mois qui viennent et renoncera à poursuivre sa politique ? La militarisation de l’administration Obama surtout est très inquiétante : les généraux sont les gagnants des élections. Ils tiennent les postes clefs comme la Direction du renseignement ou encore la direction du Conseil à la sécurité nationale. La CIA, reprise en main par l’armée sous Bush ne changera pas de couleur d’uniforme : son Général de chef a de fortes chances de rester en place. Tous les supporters non-américains d’Obama, qui l’imaginaient en pacifiste et en « moins pire » que Bush, vont déchanter. Encore un doute ? Voici une déclaration du nouveau président de la première puissance militaire du monde (et qui compte bien le rester) : « nous partageons tous la conviction qu’il faut que nous continuions à détenir les forces armées les plus fortes de la planète », et que « nous continuerons à réaliser les investissements nécessaires pour renforcer nos forces armées et augmenter nos forces terrestres ».

Obama promettait durant sa campagne le retrait des troupes américaines d’Irak. Rien n’est précisé à ce jour…ce qui n’est pas étonnant quand Joe Biden (vice-président), Hillary Clinton (Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères), Emmanuel Rahm (Directeur de cabinet), l’entourage direct d’Obama, a en commun d’avoir voté et soutenu l’intervention en Irak. En revanche, 20.000 soldats de plus vont partir pour l’Afghanistan et les prochaines interventions américaines pourraient très bien avoir lieu au Pakistan comme l’évoquait Obama durant sa campagne. A propos de l’intervention israélienne à Gaza, Obama envisage bien de s’en occuper…Pas sûr que ce soit une bonne nouvelle. Sa vision de la paix à Gaza passerait selon les déclarations de son futur conseiller pour la sécurité nationale - un Général - par un mandat de l’OTAN aux troupes américaines pour sécuriser la bande de Gaza. On n’ose même pas imaginer ce que la présence américaine là-bas provoquerait comme réactions ! Quant à substituer l’OTAN à l’ONU …. On connaît la musique !

UN CLUB DE CARICATURES LIBERALES

Pour Obama, la rupture en matière économique et sociale passe par des allégements fiscaux. Comme c’est nouveau ! L’essentiel de son Plan de relance consisterait en un gigantesque programme (310 milliards) d’allègements fiscaux pour les entreprises et les classes dites « moyennes ». Cette idée c’est du copié collé des programmes de Reagan pour « rendre leur argent aux américains ». Au point d’ailleurs que l’équipe Obama espère obtenir le soutien des Républicains à ce plan. Pour nous, Français, elle nous rappelle Sarkozy et son bouclier fiscal qui, comme chacun le sait, nous a mis à l’abri de la crise… Cette orientation économique est brutalement affichée par le nouveau président. Il a choisi parmi les libéraux les plus emblématiques pour mener sa future politique économique. Ron Kirk, un des plus fervents partisans du libre échange est nommé au commerce. Timothy Geithner, jusque là président de la réserve fédérale pour l’Etat de New York et très proche de Wall Street est nommé au Trésor. Est-ce par cohérence avec le soutien massif qu’avait apporté le secteur financier et bancaire à la campagne d’Obama ? Robert Rubin, pourtant compromis dans la banqueroute du géant bancaire Citigroup dont il est un des principaux dirigeants, sera son conseiller économique particulier. Et cerise sur le gâteau, l’ultra-libéral Lawrence Summers est nommé à la tête du Conseil économique national. Il s’était illustré comme économiste en chef de la banque mondiale. Puis il s’est rendu célèbre pour avoir déclaré : « les pays sous-peuplés d’Afrique sont largement sous-pollués. La qualité de l’air y est d’un niveau inutilement élevé par rapport à Los Angeles ou Mexico […] Il faut encourager une migration plus importante des industries polluantes vers les pays les moins avancés ». Tout un programme ! Mais je parie que ce ne sera pas le sujet. On devra s’émerveiller sans broncher de voir un président jurer sur la bible comme un vulgaire fondamentaliste. Mais qu’attendre de plus d’un pays qui écrit comme devise sur ses billets de banques « en dieu nous croyons » ? Deux valeurs non prouvées sur le même bout de papier.


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