Investiture socialiste pour les présidentielles " Je suis un socialiste qui a tiré les leçons du passé" ( Jean Luc Mélenchon à France Inter)

lundi 4 septembre 2006.
 

-Monsieur Mélenchon, vous êtes un des soutiens de Laurent Fabius pour l’investiture socialiste à la présidentielle...

-Attention, ne simplifions pas. J’ai toujours milité à la gauche du PS. Aujourd’hui, oui, je défends l’idée d’un rassemblement autour de Laurent Fabius, dans et hors du PS.

Mais pour en venir à Ségolène Royal, il n’y a pas de choix, les médias ne parlent que d’elle ! Je comprends que Strauss-Kahn ou Lang se sentent trahis, ils appartiennent à la même majorité.

- Vous vous montrez très critique ce matin dans le Figaro, vous parlez d’un discours "creux" à Frangy.

- Oui, je suis un socialiste qui a tiré les leçons du passé, et je ne marche plus avec les vieilles méthodes : un beau sourire et puis un chèque en blanc ! Non, le sérieux en politique, c’est le renouveau des méthodes qui consiste à dire noir sur blanc ce qu’on propose, sans se cacher derrière des formules creuses et vagues, surtout sur des questions eesentielles comme la "valeur-travail" (vocabulaire qu’on trouve plutôt chez Sarkozy, d’ordinaire !) .

Lorsque nous, à Gauche, nous parlons de travail, nous évoquons plutôt :

- la qualification

- la rémunération, les salaires. C’est là la vraie récompense du travail. Or, le PS a pris position sur le SMIC à 1500 euros. Pourquoi Ségolène Royal n’en parle-t-elle jamais ?

- la qualité du travail, le rapport au chef, au boulot, aux cadences. Là aussi elle est silencieuse.

Il faut REFLECHIR, DISCUTER. Nous n’avons pas une mentalité de turfistes. Sinon, on écoute les journalistes : les sondages ont dit, donc en route pour la machine à encenser et tout le monde à genoux. Or, être républicain, c’est garder un esprit critique.

- Les discussions vont être musclées ?!

- J’espère bien ! Parce que les dernières fois, on n’a pas discuté et on s’est retrouvés avec le Front National au deuxième tour ! On est dans la dernière ligne droite. Je ne reproche pas aux différents candidats d’interpréter le projet, d’aileurs. Ségolène Royal n’est pas un robot. On ne lui demande pas de réciter le texte. On parle d’une affaire sérieuse : le sort de la France, dans un moment où les périls montent. J’écoute le discours de Frangy et je n’y entends rien sur l’échec de l’OMC, ou sur le Liban, par exemple... Alors, je dis Oui, il FAUT dire du mal des copains quand on veut garder les yeux ouverts... Ses soutiens sont animés de bons sentiments, mais ils sont aussi soumis à l’effet boule de neige lié aux sondages. Ces camarades se disent, elle est la mieux placée, suivons-la, votons pour elle...

- Arnaud Montebourg estime que le discours de Ségolène Royal est altermondialiste, un vrai discours de gauche...

- Eh bien, Arnaud Montebourg se trompe, comme souvent depuis quelque temps. Il a beaucoup changé d’avis. Moi, je ne change pas. Je n’ai rien personnellement contre Ségolène Royal. C’est une personne de qualité, mais nous avons le même devoir de rigueur à son égard qu’avec les autres. Est-ce bien une pratique républicaine que de passer de louange en louange ? Et si Mélenchon ne critique pas, qui va le faire ?

- Si les socialistes la désignent comme candidate...

- Je serai déçu, mais rien n’est joué. Laurent Fabius, lui, est clair sur la refondation républicaine du pays : le social, les salaires, la laïcité. Chez lui, aucune ambiguïté, pas d’à peu près.

Il ne faut pas chercher à contenter tout le monde, il faut y aller franchement, à la loyale pour gagner l’opinion A GAUCHE.


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