Avec le PG : Christophe Ventura, militant associatif, co-auteur de "En finir avec l’eurolibéralisme" (Editions des 1001 Nuits, Paris, 2008)

lundi 16 février 2009.
 

« Nous allons porter publiquement notre conception du combat républicain et socialiste, sans concession face à la droite, au capitalisme et leur irresponsabilité destructrice contre la société humaine et l’écosystème » et « nous décidons d’engager avec tous ceux qui partagent ces orientations la constitution d’un front de forces de gauche pour les élections européennes » (Extrait de la déclaration de Marc Dolez et de Jean-Luc Mélenchon, novembre 2008).

Ce projet, présenté par les initiateurs du Parti de gauche (PG) (1), doit être salué. Il peut permettre d’engager en France une dynamique politique unitaire de rupture avec le néolibéralisme qui, malgré sa banqueroute, vient d’être remis en selle par les dirigeants du G 20 à Washington. A l’issue du Sommet du 15 novembre, ces gouvernants viennent en effet de déclarer que leurs « réformes ne porteront leurs fruits que si elles s’appuient sur des économies fondées sur les principes du libre marché (…), l’ouverture des échanges et des investissements, la concurrence entre les marchés ».

S’appuyant sur une analyse dynamique des relations entre les mouvements sociaux et les partis politiques, et attentif aux évolutions en cours - notamment aux innovations politiques en Europe (comme en Allemagne avec la montée de Die Linke) et aux processus de transformation en Amérique latine -, le Parti de gauche peut constituer une "offre" crédible pour qui veut voir naître en France une gauche de gauche, mais aspirant à gouverner.

C’est, au fond, cette perspective qui confère à l’initiative son principal intérêt. Quel est le paysage de la gauche politique et sociale aujourd’hui ? Le Parti socialiste, largement converti au social-libéralisme et à l’euro-libéralisme, paraît bien incapable de renouer un contact sociologique et politique avec les classes populaires et de porter leurs aspirations. De son côté, « l’autre gauche », dispersée, est soit prisonnière de contraintes électorales soit cantonnée dans une stratégie protestataire. Enfin, les mouvements sociaux et citoyens, notamment ceux issus de 10 années d’altermondialisme, commencent seulement à se poser la question des prolongements politiques de leurs mobilisations. Ce que certains d’entre nous avons désigné comme le post-altermondialisme. C’est parce que le projet du Parti de gauche se fixe cet objectif de bâtir une gauche radicale de gouvernement, et qu’il en tire comme conséquence l’obligation de construire une union stratégique entre les différents acteurs de la gauche politique et sociale non social-libérale, qu’il se révèle pertinent. On peut aussi penser qu’il permettra de renouveler les formes et les contenus des politiques publiques et de l’action politique, notamment sur la question environnementale qui ne doit plus être un supplément d’âme.

Sans préjuger ses futurs scores électoraux, c’est par sa capacité à se constituer en un espace politique pluraliste et collégial, avec une pratique militante renouvelée, que le Parti de gauche pourra être un instrument utile pour mener le combat d’idées et contribuer à construire une nouvelle hégémonie politique. De ce point de vue, son engagement en faveur des valeurs républicaines, socialistes, écologiques et internationalistes, et la réhabilitation des clivages fondamentaux que sont le rapport capital/travail et la nature de la construction européenne, est une très bonne nouvelle. Pour toutes ces raisons, il faut souhaiter que cette nouvelle force accueille le plus grand nombre possible de citoyens.

Christophe Ventura, militant associatif, co-auteur de "En finir avec l’eurolibéralisme" (Editions des 1001 Nuits, Paris, 2008).


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