Le Parti de Gauche demande l’abandon du projet de construction d’EPR à Penly (Communiqué du Parti de Gauche)

lundi 9 février 2009.
 

Le gouvernement persiste dans la surenchère nucléaire pour promouvoir des intérêts industriels au détriment de l’urgence écologique et sans tenir compte de l’expérience des impasses du « tout nucléaire ».

L’annonce par Nicolas Sarkozy de la construction d’un nouvel EPR confirme le refus du gouvernement actuel de prendre en compte la gravité de la question énergétique. Ce n’est pas une décision écologiquement responsable. Elle ignore volontairement tout ce que l’on sait des problèmes irréversibles que génère le nucléaire. Ce n’est pas une décision qui sert l’intérêt général. Elle est prise pour favoriser des intérêts d’entreprises à courte vue, dans une logique étroitement productiviste.

On était en droit d’attendre qu’avec le nouveau siècle on commence à tirer les leçons des erreurs du précédent et à les réparer. Le tout nucléaire est une de ces erreurs dont les conséquences à long terme sont les plus rationnellement démontrées.

Il n’est pas vrai qu’il s’agisse d’une énergie propre et sûre : les déchets générés restent polluants pour des millénaires sans qu’aucune solution absolument fiable ne soit connue. Et en cas d’accident les conséquences meurtrières s’étendent sur plusieurs générations et sur tout l’écosystème.

Il n’est pas vrai que le nucléaire garantisse une totale indépendance énergétique du pays. Le caractère limité des stocks d’uranium a d’ailleurs conduit la commission européenne, pourtant très amie du nucléaire, à reconnaître le caractère non renouvelable de cette énergie. En outre, la production d’énergie nucléaire fonctionne en continu. Cela signifie qu’en période de pic, le besoin d’importation reste entier, alors que le reste du temps les excédents de production poussent à l’exportation en dumping et à la surconsommation domestique.

Il n’est pas vrai que ce soit une production peu coûteuse car les calculs ne prennent en compte ni les coûts de démantèlement, ni les coûts de long terme du stockage des déchets, ni les coûts environnementaux.

Aux dommages graves que cette réalité impose s’ajoutent deux motifs d’inquiétude supplémentaires.

Le premier : la sécurité et la défense du pays sont fragilisées par l’existence de cibles dont la destruction détruirait aussitôt et pour toujours des fractions vitales du territoire national.

Le second : l’économie du projet ne tient aucun compte de l’expérience en la matière sur le plan financier. L’exemple des EPR Finlandais et de Flamanville est pourtant édifiant : chantier en retard de 38 mois, 2.4 milliards de pénalités réclamées à AREVA, surcoût de 700 millions d’euros... La liste est longue du gâchis financier que représentent jusqu’à ce jour ces opérations.

En plein contexte de crise économique et sociale, il est temps de réorienter ces dépenses vers des secteurs socialement utiles et écologiquement responsables !

Il est urgent d’ouvrir une alternative politique globale au modèle productiviste dont l’EPR est un symbole absurde qui mise sur la surconsommation de l’énergie et des ressources.

Le Parti de Gauche demande en conséquence :

* Un moratoire sur la construction de toute nouvelle centrale nucléaire et l’abandon du projet de construction de l’EPR de Penly.

* La réaffectation des budgets de long terme qui devaient y être consacrés vers trois autres directions : la recherche en matière d’efficacité énergétique, le développement des énergies renouvelables, l’encouragement volontariste à la sobriété énergétique.

* Le maintien et la réorientation des crédits et des emplois annoncés pour le site vers la construction d’un site de production d’énergies renouvelables propres qui permette de combiner intérêt général, utilité sociale et responsabilité écologique.

* La tenue d’un véritable débat public national impliquant largement les citoyens et les scientifiques sur la question des choix énergétiques et du nucléaire. Les insuffisances lourdes des débats publics engagés sur ce type d’opération ont été dénoncées par les Commissions en charge de les mener ! Sur des sujets aussi graves, le fait du prince et le secret qui prévalent en la matière depuis plus de trente ans doivent céder la place à un processus démocratique.

Enfin, face aux défis de la mutation écologique à engager, le Parti de Gauche défend la mise en œuvre d’une planification écologique.

Cela signifie l’organisation d’une transition politique, économique et culturelle de long terme. Il s’agit d’organiser de façon démocratique, concertée et délibérée la transition du modèle productiviste actuel vers un autre modèle compatible avec la préservation de l’écosystème et la réponse aux besoins sociaux. Cette perspective offre une alternative stimulante pour la recherche et l’industrie.

En prenant appui sur le triptyque sobriété de consommation - efficacité énergétique - énergies renouvelables et sur la diversification des sources d’énergie pour garantir la sécurité des approvisionnement du pays, cette planification écologique permettra d’envisager la sortie progressive et maitrisée du nucléaire comme des énergies polluantes et productrices de gaz à effet de serre.


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