Hommage à Georges Labica (par Denis Collin, site La Sociale)

mercredi 18 février 2009.
 

Notre ami Georges Labica nous a quittés jeudi 12 février, victime d’une hémorragie cérébrale. Né en 1930, il fut une des grandes figures intellectuelles du marxisme. Longtemps professeur à l’université de Nanterre, il avait contribué à en faire un lieu vivant de la philosophie. Outre ses très nombreux travaux sur Marx et le marxisme - dont l’indispensable Dictionnaire critique du marxisme (co-dirigé avec Bensussan, republié en PUF-Quadrige), il était un connaisseur érudit du monde arabe, de son histoire, de la politique, et de sa culture (il est l’auteur, par exemple, de Politique et religion chez Ibn Khaldoun. Essai sur l’idéologie musulmane, Alger, Société nationale d’édition et de diffusion, 1968). Son dernier ouvrage, Théorie de la violence mettait une fois de plus sa vaste érudition au service d’un appel à la résistance et à une stratégie combinant révolution et démocratie en vue d’une « paix libératrice en lieu et place de la violence systémique. »

J’ai connu Georges en passant ma thèse doctorat dont il présidait le jury. Nous nous sommes ensuite un peu fréquentés dans divers lieux de recherche et séminaires autour de l’oeuvre de Marx. Nous nous sommes retrouvés autour de la revue Utopie Critique où il continuait de tenir régulièrement les "Brèves". Dans le numéro 47 de cette revue (à paraître le 15 février), on trouvera la première partie de son étude "Le carrefour de mai 1968". À "La Sociale", il avait confié encore récemment une petite nouvelle, La Supérette, qui se terminait par un appel à l’insurrection contre cette société capitaliste insupportable. Georges Labica est resté jusqu’au fidèle à l’esprit de révolte, fidèle à ses idéaux... Un exemple à suivre.

Pour retrouver les travaux de Georges Labica, on peut consulter son site WEB. Il avait aussi enregistré des cours qu’on peut retrouver sur le site de l’Encyclopédie Sonore : sur "la République" de Platon, sur les classes sociales chez Marx, sur le concept d’égalité, sur le concept de révolution, sur le marxisme, sur Marx et Engels, sur philosophie et politique, sur "les Lois" de Platon.

Denis Collin

Parmi ses oeuvres je retiendrais :

Politique et religion chez Ibn Khaldoun. Essai sur l’idéologie musulmane, Alger, Société nationale d’édition et de diffusion, 1968.

Le Statut marxiste de la philosophie, Bruxelles, Éditions Complexe ; Paris, Presses universitaires de France, « Dialectique », 1976.

avec Gérard Bensussan (dir.), Dictionnaire critique du marxisme, en collaboration avec la revue Dialectiques, Paris, Presses universitaires de France, 1982 ; 3e éd., 1999, coll. « Quadrige ».

Karl Marx : les « Thèses sur Feuerbach », Paris, Presses universitaires de France, 1987.

Le Paradigme du Grand-Hornu. Essai sur l’idéologie, Montreuil-sous-Bois, PEC-la Brèche, 1987

Robespierre : une politique de la philosophie, Paris, Presses universitaires de France, « Philosophie », 1990.

avec Jean Robelin, (dir.), Politique et religion, Paris, Éditions l’Harmattan, 1994.

(dir.), Friedrich Engels, savant et révolutionnaire, actes du colloque international de Nanterre, 17-21 octobre 1995, organisé par le Centre de philosophie politique, économique et sociale du CNRS, publié par Mireille Delbraccio, Paris, PUF, « Actuel Marx confrontation », 1997.

Théorie de la violence, Naples, la Città del sole ; Paris, J. Vrin, « La pensée et l’histoire », 2007.


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