Quand Angela Merkel vire au bolchevisme... (Par Denis Collin )

lundi 23 février 2009.
 

Selon le journal le Monde daté du 19 février, il se passe en Allemagne un événement majeur :

Le gouvernement allemand a approuvé, mercredi 18 février, un projet de loi autorisant "en dernier ressort" des nationalisations bancaires pour consolider le système financier.

Cette loi, qui doit encore être examinée par le Parlement, ouvre la voie à une expropriation des actionnaires de la banque Hypo Real Estate. Il a précisé qu’aucune autre banque allemande ne semblait s’orienter vers des problèmes comparables à ceux d’Hypo, dont 25 % du capital est détenu par le fonds d’investissement américain JC Flowers.

Le mois dernier, le gouvernement d’Angela Merkel avait jugé nécessaire une prise de contrôle de l’établissement de crédit basé à Munich, qui a bénéficié sur l’année écoulée de 102 milliards d’euros de garanties apportés par les pouvoirs publics ou d’autres établissements financiers, sans pour autant que sa situation financière s’améliore. Berlin se refuse à laisser Hypo Real Estate faire faillite étant donné le rôle-clé joué par la banque sur le marché des obligations sécurisées allemandes.

L’honorable quotidien vespéral, spécialisé dans la propagande des classes dominantes, évite de souligner le plus important : il ne s’agit pas d’apporter des fonds (à fonds perdus comme l’ont fait tous les gouvernements) mais d’exproprier une partie des actionnaires, nommément un fonds d’investissement américain. Le Monde qui est parfaitement au courant se garde bien de rapporter les réactions du patronat allemand qui parle d’un "tabou essentiel brisé" ou de la CDU, le parti de Mme Merkel qui crie à la trahison. Mme Merkel vient en effet de dire à haute et intelligible voix ce que devrait clamer tous les prétendus "gens de gauche" : il est impossible de sauver l’économie même capitaliste sans porter la hache dans les rapports de propriété capitalistes. Ou encore, la même chose dite autrement : la cause de la crise, c’est le capital lui-même. En refusant de renflouer une banque dans laquelle un fonds américain disposerait d’une minorité de blocage, Mme Merkel souligne également que le capitalisme allemand n’a aucune intention de continuer de subir la tutelle d’un capitalisme US en perte de vitesse et que son but, en tant que dirigeante de l’Allemagne ce sont d’abord les intérêts nationaux allemands.

Angela Merkel ramène tout le monde les pieds sur terre. À côté d’elle la plupart des autres dirigeants européens apparaissent comme des fantoches, surtout aptes à faire des discours creux. Sa fermété souligne également par contraste la nullité radicale de toute la gauche européenne dont la disparition complète est d’ores et déjà programmée.


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