Aux Etats-Unis, afin d’éliminer certaines bactéries présentes sur les carcasses de volailles, on lave les poulets, une fois plumés, dans des solutions dont la composition est similaire à l’eau de Javel.

Ce sujet sensible fait l’objet de nombreuses discussions à la Commission Européenne. Cette pratique visant à éliminer les bactéries responsables de toxi-infections alimentaires collectives provoquées majoritairement par Salmonella subsp. et Campylobacter spp serait en plus d’après l’étude menée par « Consumer Reports », inefficace contre l’élimination des bactéries ciblées.

Depuis 1997, l’Union Européenne interdisait pourtant ces importations. Alors pourquoi un tel changement ? Raison politique qui finira par entraîner une distorsion de concurrence au détriment des producteurs européens.

En effet, dans les pays européens la filière avicole privilégie et investit les moyens nécessaires à l’application des bons contrôles tout au long de la chaîne de production en insistant sur les bonnes pratiques d’hygiènes et d’informations auprès des éleveurs. Cependant outre-atlantique, ils préfèrent employer une méthode moins coûteuse et applicable uniquement en fin de chaîne. De ce fait, comment sera-t-il possible pour tous les acteurs de la filière avicole de continuer à appliquer des mesures contraignantes aux éleveurs européens, tout en laissant aux éleveurs américains la possibilité d’élever leurs volailles dans des conditions sanitaires insuffisantes, négligeant toutes bonnes pratiques d’hygiène ? Ne serait-on pas avec ce genre d’initiatives en train de déresponsabiliser les éleveurs qui n’auront que faire des exigences. sanitaires ? Pourquoi bouleverser toute la politique de sécurité alimentaire mise en œuvre durant ces dernières années avec pour seul objectif de répondre aux pressions commerciales des USA via l’OMC d’autant plus que l’on ne connaît ni les risques sur la santé publique, ni les caractères de résistance potentiels de ces bactéries pathogènes vis-à-vis de ces produits chlorés ?

Le 19 juin 2008, le vote quasi unanime du Parlement à l’interdiction de l’importation des poulets chlorés est un message fort à la Commission et il revient maintenant au conseil de rejeter cette proposition de la Commission, lors de la réunion des ministres de l’Agriculture prévue mi-juillet, et de ne pas autoriser le poulet décontaminé à l’eau de javel.