12 mai 1588 à Paris Journée des barricades

vendredi 5 mai 2023.
 

1) Contexte général

En 1588, le royaume de France subit les affres des terribles guerres de religions depuis 1562. Presque tous les territoires ont connu les ravages des gens de guerre. Presque toutes les villes ont connu des règlements de compte sanglants.

Henri III règne depuis 14 ans. Sa faiblesse l’a conduit à soutenir le massacre des protestants lors de la Saint Barthélémy puis à se rapprocher d’eux face aux ultra-catholiques dirigés par Henri de Guise et soutenus par le roi d’Espagne.

L’Etat royal se décompose créant de nombreuses récriminations dans les professions qui dépendent de son bon fonctionnement comme la Justice.

L’économie souffre de plus en plus de l’état de guerre, suscitant un fort mécontentement parmi les négociants, marchands et artisans marchands.

2) La Sainte Ligue

Fondée par des ultra-catholiques en réaction à l’édit conciliateur de Beaulieu, elle s’est développée ensuite comme réseau insurrectionnel face au roi et face aux protestants.

Nous pouvons valider l’analyse d’Ernest Lavisse quant à la composition du premier noyau de cette Ligue : « des prêtres, un gentilhomme de province, des avocats, des procureurs, des marchands. »

D’après un rapport de Nicolas Poulain, lieutenant à la prévôté de Paris (police), le projet ligueur d’insurrection a commencé à être discuté en 1585. Le principal problème des religieux, notables et nobles dirigeant cette Ligue va être de maîtriser le "menu peuple" pour qu’il ne profite pas de l’occasion pour piller.

Les lieux stratégiques à occuper en priorité et les personnalités à mettre hors d’état de nuire ont été vite définis.

3) Les barricades du 12 mai 1588

Informé de ces préparatifs le roi fait venir près de lui des troupes de Gardes françaises et Gardes suisses.

Conscients de cette menace, les ligueurs sèment la peur en répandant la rumeur d’une prochaine Saint Barthélémy des catholiques par l’armée royale. Puis ils déclenchent l’insurrection.

Elle commence sur la place Maubert où les chaînes sont tendues à l’entrée des rues, renforcées de barricades (barriques remplies de pavés, de sable et de terre). Les rues voisines jusqu’au parvis de la cathédrale Notre Dame sont rapidement équipées de la même façon à raison d’une barricade tous les 50 pas environ.

Des arquebusiers et mousquetaires se postent aux fenêtres pour protéger ces barricades.

Les combats contre les troupes et soutiens du roi vont être importants sur la rive gauche, significatifs dans la Cité, rares dans la ville (rive droite).

La victoire des Ligueurs oblige le roi à quitter la capitale pour se réfugier à Blois. Leur succès provoque le même type de journée ligueuse à Lyon (25 février 1589) puis à Marseille. Cependant, les divisions des Ligueurs, leur lien évident avec le roi d’Espagne et le duc de Savoie suscite de forts mécontentements d’où en particulier le soulèvement anti-ligueurs victorieux de Marseille en février 1591 et l’affaiblissement permanent de la Saint Ligue dans la population parisienne.

A long terme, cette journée des barricades crée un précédent qui connaîtra des répliques différentes sur le fond mais proches dans la forme, en particulier 1648, 1789, 1794, 1871, 1968.


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