Les Verts votent Balladur

lundi 6 avril 2009.
 

Les écolos posant avec l’ancien Premier ministre : ce n’était pas un poisson d’avril, mais la preuve du soutien que les amis de Cécile Duflot apportent à la réforme des territoires.

"QUAND on a a n n o n c é qu’Edouard Balladur venait à notre siège, tout le monde a cru à un poisson d’avril ! » s’amuse Cécile Duflot, secrétaire na- tionale des Verts. L’ancien Premier ministre chez les écolos un 1er avril, l’affiche est effectivement inatten- due. Mais c’était vrai : Balladur a bien passé hier une heure au siège des Verts, rue du Faubourg-Saint-Martin (Paris Xe). Loin de la défense des abeilles ou du rejet du nucléaire, la discussion a porté sur la réforme des territoires, qui devrait faire l’objet à l’automne d’un projet de loi inspiré des propositions du comité Balladur.

C’est dans une salle de leur sous-sol, autour de chouquettes et de café, que les écolos ont déclaré leur flamme à l’auteur du rapport remis à Nicolas Sarkozy début mars. « Nous avons été très choqués par ce qui a été dit sur ce texte, explique Duflot, et nous tenions à dire per- sonnellement à M. Balladur que nous étions favorables à beaucoup de ses propositions. » Auditionnés, comme tous les autres partis, en jan- vier par le comité Balladur, les Verts sont enthousiastes. La généralisa- tion des intercommunalités, la sup- pression des cantons, l’unification des conseils généraux et régio- naux… autant de propositions que Duflot et les siens approuvent. « Il faut faire bouger les choses pour simplifier le mille-feuille territorial », assure-t-elle.

« On lui a rappelé qu’on avait neuf parlementaires »

Et tant pis si leurs traditionnels alliés socialistes sont, eux, défavorables au rapport. « La gauche n’a rien à gagner à sombrer dans un antisarkozysme pavlovien, défend François de Rugy, député de Loire-Atlantique. Claude Bartolone a déclaré que tout était à jeter dans ce rapport, c’est grossier et c’est le comble du conservatisme. »

Le président socialiste du conseil gé- néral de Seine-Saint-Denis essuie également les critiques de Jean-Vin- cent Placé, conseiller régional vert d’Ile-de-France. « C’est lui le plus ca- ricatural, assène-t-il, il refuse l’idée du Grand Paris alors qu’il se plaint sans cesse de ne pas avoir assez de moyens pour son département. »

Les Verts, comme Edouard Balla- dur, espèrent que le projet de loi sera bien examiné à l’automne par le Par- lement, avant les prochaines échéances électorales. Hier, l’ancien Premier ministre, parti après avoir dédicacé un exemplaire de son rap- port à Duflot, a pu s’assurer du sou- tien de ces alliés inattendus. « On lui a rappelé qu’on avait neuf parlemen- taires (NDLR : quatre députés et cinq sénateurs), il était content car il sait que, dans ces réformes, chaque voix compte. » Sans cautionner tout le rapport et vigilants notamment sur le sujet des modes de scrutin, les Verts devraient appuyer le projet de loi.

« Cela ne veut pas dire évidem- ment qu’on est dans le camp de l’UMP et deNicolas Sarkozy, précise Rugy, cela veut juste dire qu’on est du côté des réformateurs. » Les éco- los sont même prêts à rencontrer le président et le Premier ministre sur la question. « On peut, comme pour Balladur, inviter Nicolas Sarkozy à notre siège », s’amusent-ils, décidé- ment fiers de leur coup.

Rosalie Lucas


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