93% des Français comprennent ou approuvent les séquestrations de patrons (4 articles, avril 2009)

jeudi 2 juin 2016.
 

1) Deux sondages montrent que les Français comprennent les séquestrations de patrons

Les Français se montrent assez largement compréhensifs envers les séquestrations de dirigeants d’entreprise par des salariés en colère, montrent deux sondages publiés mardi.

Selon une étude Ifop pour Paris Match à paraître jeudi 9 avril, 30% des Français approuvent les séquestrations de dirigeants et 63% les comprennent sans toutefois les approuver. Ils ne sont que 7% à les condamner fermement.

Un autre sondage, réalisé par CSA pour Le Parisien/Aujourd’hui en France, montre que 45% des Français trouvent cette méthode de contestation sociale acceptable, contre 50% qui la jugent inacceptable.

Les cas de dirigeants d’entreprise retenus contre leur gré par des salariés qui s’opposent à la fermeture de leur usine ou à un plan de licenciements se sont multipliés ces dernières semaines en France, signe d’une radicalisation de la contestation sociale.

Le sondage Ifop pour Paris Match a été réalisé les 2 et 3 avril par téléphone ou à domicile auprès d’un échantillon de 1.010 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

L’enquête CSA pour le Parisien a été réalisée par téléphone les 1er et 2 avril auprès d’un échantillon national représentatif de 1.012 personnes âgées de 18 ans et plus.

2)Article du Matin (journal suisse)

Nicolas Sarkozy a affirmé mardi 7 avril qu’il ne « laissera pas faire » les salariés qui séquestrent les dirigeants d’entreprises pour protester contre les suppressions d’emploi, ajoutant que la loi « doit être respectée », lors d’un déplacement dans les Bouches-du-Rhône.

« Qu’est ce que c’est que cette histoire d’aller séquestrer les gens ? On est dans un Etat de droit, je ne laisserai pas faire les choses comme ça », a déclaré M. Sarkozy lors d’une table-ronde sur la recherche à Venelles.

« Dans un Etat de droit, la loi doit être respectée. On peut comprendre la colère des gens, mais la colère des gens, elle sera apaisée par des réponses et par des résultats, pas en aggravant les choses en faisant des choses qui sont contraires à la loi », a-t-il ajouté.

« Il y a des comportements d’un certain nombre de patrons qui sont inadmissibles, mais l’immense majorité des chefs d’entreprise souffre de la crise et se comporte formidablement bien », a estimé le chef de l’Etat.

La condamnation de Nicolas Sarkozy intervient après la séquestration la semaine dernière pendant plus de 24 heures de quatre cadres du site du constructeur américain d’engins de chantier Caterpillar à Grenoble, par des salariés qui dénonçaient la décision de leur direction de supprimer le site.

Elle suit également une polémique sur des propos de Ségolène Royal, accusée par la majorité de justifier, voire d’encourager ces pratiques.

3) Les patrons font profil bas face à la vague de séquestrations Article du journal Le Temps (suisse)

Excédés par les licenciements, les ouvriers multiplient les prises d’otage pour obtenir de meilleures indemnités. Une méthode radicale, et couronnée de succès jusqu’ici.

L’air contrit, la mine fatiguée, la cravate débraillée, le chef d’entreprise séquestré par ses employés est devenu l’emblème du vent de révolte qui souffle sur les usines françaises. Depuis début mars, les dirigeants de quatre sociétés différentes ont été retenus, pour des périodes allant d’une heure à deux jours. Non violentes, mais parfois ponctuées d’insultes et d’intimidations, ces actions marquent une dégradation du climat social dans un pays adepte de la culture du conflit.

De Grenoble à Pithiviers en passant par Auxerre, le scénario est bien rodé : un groupe annonce des licenciements massifs ou la fermeture d’un site, les employés concernés ripostent en envahissant le bureau de la direction.

Au bout de quelques heures, le patron ressort sous les huées, souvent après avoir fait des concessions substantielles : paiement des jours de grève chez Caterpillar à Grenoble, dédommagements « significativement majorés » chez 3M à Pithiviers, maintien de 30 emplois et versement de 13 millions d’euros supplémentaires par Sony dans les Landes.

En principe, une séquestration, même brève, peut valoir 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende à ses auteurs. Mais pas une seule des entreprises concernées n’a porté plainte. Le siège américain de Caterpillar s’est borné à se dire « préoccupé » par la santé de ses cadres, avant d’appeler à la reprise des négociations.

Le directeur français du chimiste 3M a déclaré : « Nous comprenons tout à fait l’émotion exprimée par les salariés de Pithiviers. » Après le blocage dans son taxi du PDG François-Henri Pinault, le groupe de luxe PPR considère que « l’incident est clos ». Quant au gouvernement et au Medef, l’organe représentatif du patronat, ils n’ont strictement rien dit sur ces incidents.

Comment expliquer cette attitude accommodante ? La police a indiqué qu’elle n’interviendrait pas tant qu’il n’y aurait ni violences, ni dégradations. Et les entreprises préfèrent calmer le jeu au moment où le grand capital a mauvaise presse. Dans ce contexte, réagir trop vivement « n’arrangerait pas les choses », admet-on chez 3M.

D’autant que les grévistes ont déjà les nerfs à fleur de peau. « Les gens ont beaucoup travaillé, l’entreprise a fait des bénéfices considérables pendant cinq ans, explique Michel Laboisseret de Caterpillar à Grenoble. D’un seul coup, on leur dit « on n’a plus besoin de vous, on vous licencie », alors que le dividende versé en 2008 était en hausse de 17%. »

Selon ce syndicaliste, James Owens, le patron du groupe, aurait mis le feu aux poudres en expliquant que le licenciement de 22 000 personnes (dont plus de 700 à Grenoble) serait nécessaire pour maintenir le cours de l’action. Lorsque les dirigeants de l’usine grenobloise ont refusé de se rendre à une réunion avec leurs employés, la réaction a été immédiate : « On monte les chercher ! »

La crise financière a radicalisé les esprits de deux façons. Certains ouvriers travaillent au ralenti depuis l’automne, et le chômage partiel a sévèrement entamé leurs revenus. Chez Caterpillar, un débutant payé 1000 euros par mois en temps normal n’en gagne plus que 750. Pour les licenciés, l’espoir de retrouver rapidement du travail est presque nul.

Ensuite, le lien entre direction et salariés semble s’être rompu. « Les gens comprennent que leur direction n’a plus aucun pouvoir, que les décisions sont financières, boursières, estime le syndicaliste Christian Duputel, de la CFDT. Ils se rendent compte que le type qui est en face d’eux est une espèce de Polichinelle. » Une marionnette dont la détention est aussi leur dernier moyen de pression.

L’impact politique de ces mouvements est déjà sensible. Nicolas Sarkozy a promis de « sauver » l’usine Caterpillar de Grenoble (qui n’est pas menacée, seuls des emplois le sont) et envisage une loi sur le « partage des profits ». Mais pour l’instant, le seul politicien à s’être fait acclamer par des grévistes est le leader de l’extrême gauche, Olivier Besancenot.

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/0f9...

de Sylvain Besson

4) L’Elysée préoccupé par une radicalisation des mouvements sociaux Article du Monde

L’Elysée se dit préoccupé par la radicalisation de la contestation sociale en France qui se manifeste depuis plusieurs semaines par une multiplication des séquestrations de dirigeants d’entreprise.

Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, estime qu’il faut faire "très attention".

"Nous sommes dans une crise très profonde, très grave qui, fatalement, va nourrir des pulsions violentes, des révoltes, des rancoeurs, parce qu’il y a beaucoup de souffrance dans tout cela", a-t-il expliqué sur France 24. "On a le souvenir de grandes crises économiques et sociales dans l’histoire qui ont eu des conséquences politiques extrêmement graves."

Prié de dire si la situation inquiétait l’Elysée, il a répondu : "Le mot n’est pas l’inquiétude, mais cela préoccupe."

"Tous les hommes politiques, tous les dirigeants doivent avoir ce problème en tête (...) parce que, précisément, tout peut déraper, le risque politique est très fort, le risque de violence, de révolte est très grand et il peut dégénérer."

Les cas de séquestration de dirigeants d’entreprises promises à la fermeture ou qui licencient se sont multipliés ces derniers temps en France .

Quatre membres de la direction de Caterpillar à Grenoble (Isère) ont été retenus pendant 24 heures cette semaine par des salariés qui protestaient contre la suppression de 733 postes.

Mardi à Paris, François-Henri Pinault, PD-G de PPR a été bloqué pendant plusieurs minutes dans son taxi par des représentants de la Fnac et de Conforama.

Interrogé sur la promesse formulée mercredi par Nicolas Sarkozy de sauver le site Caterpillar de Grenoble, Henri Guaino a déclaré qu’il ne s’agissait pas de "paroles en l’air", tout en reconnaissant que l’Etat ne pourrait pas "tout sauver".

"On n’empêchera pas Continental de fermer, on le sait", a-t-il dit en référence à la fermeture annoncée du site du fabricant allemand de pneumatiques de Clairoix (Oise), qui emploie 1.120 personnes.

Clément Dossin


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