UN PRINTEMPS DES LUTTES pour les services publics (Convergence nationale pour les Services publics)

samedi 18 avril 2009.
 

La crise grave que traverse le capitalisme conforte la nécessité de mettre la reconquête, l’extension et la rénovation des Biens communs et des Services Publics au coeur du mouvement social et politique ayant pour objectif une véritable alternative au système.

Poursuivre dans les logiques néo-libérales mises en oeuvre depuis une trentaine d’années à l’échelle mondiale conduirait tout droit l’humanité à sa perte. Chaque jour nous démontre en effet que la course aux profits, totalement cynique et irresponsable, à laquelle se livre une infime minorité de possédants à travers la marchandisation et l’appropriation privée de toutes les activités humaines est catastrophique, au regard de l’écologie comme de la justice sociale.

Le monde est malade, incertain, agité de soubresauts violents et inquiétants et c’est bien la rapacité radicale des multinationales ainsi que les politiques menées par les gouvernants à leur service qui en portent la responsabilité première.

Partout aujourd’hui se pose avec une urgence véhémente la question du rapport de force à construire pour que les choses changent de logique. Au-delà des effets d’annonce et des leurres, des pseudo-réformes qui dans les faits aggravent encore l’exploitation des peuples, il faut que puissent voir le jour d’autres orientations choisissant l’intérêt général, des politiques publiques ayant pour objectif la satisfaction des besoins démocratiquement définis plutôt que celle d’intérêts privés et plus globalement, l’organisation d’une société solidaire fondée sur la liberté, l’égalité, la fraternité.

Séparer la question de la construction du rapport de forces et celle des contenus n’est pas une bonne démarche : il y a là un enjeu considérable de crédibilité ! Nous sommes certes conscients à La Convergence qu’il reste encore beaucoup à travailler, moins d’ailleurs sur le rôle même des services publics que sur la définition de leurs missions et leur champ d’intervention ainsi que sur la façon dont concrètement doit s’effectuer leur démocratisation ( y compris la problématique du niveau de gestion le plus pertinent selon le service public concerné).

MAIS EN MEME TEMPS nous sommes convaincus que d’ores et déjà existe un fond commun profondément partagé d’analyses et d’exigences sur ces sujets et que ne pas porter publiquement et avec fermeté cette réalité freine la volonté politique de construire « du tous ensemble » et la convergence possible des forces à partir de ce socle.

Très clairement le mouvement en faveur des biens communs et des services publics n’argumente pas sur une ligne défensive et figée mais bien en termes de reconquête et de rénovation de services publics privatisés, de création de nouveaux services publics, et en termes de démocratisation de leur fonctionnement ( entendre par là aussi bien la définition des objectifs que la qualité d’exécution des missions et le contrôle de la gestion).

De même nous affirmons que ce combat est à mener sous le signe de la lutte pour le libre et plein exercice, dans l’égalité, des Droits Fondamentaux .Il s’inscrit donc dans celui pour un développement de la démocratie et d’une citoyenneté effective pour toutes et tous. Enfin, les biens communs et services publics sont à considérer comme créateurs de richesses, indispensables à un aménagement du territoire fondé sur les besoins des populations et écologiquement responsable.

Il s’agit là de principes qui sont actuellement autant d’acquis auxquels viennent s’ajouter tout un ensemble de mesures d’urgence « incontournables » sur lesquelles existe un large accord de forces syndicales, associatives et politiques.

Ceci nous amène à considérer que la tâche première aujourd’hui est bien d’organiser concrètement la convergence de mobilisations qui se multiplient et se massifient, tout en poursuivant au quotidien et au plus près des gens le débat sur les besoins et sur les choix de société que la satisfaction de ces derniers implique.

La crise actuelle et les paradoxes scandaleux qu’elle fait ressortir entre par exemple les profits de certains groupes, les parachutes et autres retraites dorées de dirigeants d’entreprises et d’autre part la casse frénétique des emplois, les pertes des salaires et la précarité, le discours à la fois défensif et mystificateur de Sarkozy sur la moralisation du capitalisme, le besoin de régulation et d’intervention de l’état , tout cela offre des conditions nouvelles pour une meilleure prise de conscience que laisser se perpétuer une « gouvernance » conçue avant tout pour le plus grand profit des intérêts privés dominant le marché, n’est plus possible.

La convergence des mouvements revendicatifs dans le secteur privé et public sur le thème des droits fondamentaux comme l’éducation, la santé, et sociaux avec en premier lieu des salaires décents, l’ emploi, la protection sociale, est UN IMPERATIF ABSOLU.

Il faut en outre, l’ articuler avec l’exigence de pouvoirs nouveaux aux travailleurs , usagers, élus , pour une démocratisation des décisions, une meilleure prise en compte des besoins et de l’intérêt général, tant au niveau de l’entreprise que dans les quartiers et lieux de vie.

Notons d’ailleurs, et c’est loin d’être anodin vis-à-vis des convergences, que la contradiction entre les politiques de management et la qualité du travail, le sens du métier, devient insupportable.

Une telle approche : droits fondamentaux, démocratisation de la vie sociale ( y compris bien sûr au plan des institutions de la République) nous ramène forcément à la nécessité de regagner un vaste ensemble de services publics refondés, avec un fonctionnement démocratisé articulant mieux la responsabilité de l’Etat et l’appropriation citoyenne.

Regagner le Service Public, avec l’ensemble de ce que cela implique en matière de réforme fiscale et au-delà, d’orientations budgétaires radicalement différentes de celles d’aujourd’hui, pour financer des politiques publiques d’intérêt général, donner aux collectivités territoriales les moyens matériels et les compétences pour s’inscrire, voire impulser, avec la garantie de l’Etat, ces politiques, constitue un élément-clé et structurant de toute alternative progressiste au marasme actuel.

Nous nous félicitons, à La Convergence, qu’un texte, à bien des égards historique, comme la plateforme syndicale de janvier 2009, qui à nos yeux constitue aujourd’hui l’assise essentielle du mouvement social, soit fortement imprégné de cette démarche sociétale qui lui confère une vertu rassembleuse exceptionnelle, vérifiée le 29 janvier puis le 19 mars et sans aucun doute le 1er mai.

Cette plateforme ne tire pas son efficacité d’être ressortie à intervalles réguliers comme un emblème mais au contraire de représenter un point d’appui pour permettre que grandisse tous les jours dans les mobilisations la revendication qu’IL FAUT REPONDRE AUX BESOINS qu’elle énumère, abandonner des réformes porteuses de régressions sociales catastrophiques et choisir d’autres orientations à partir de négociations prenant en compte les exigences avancées par le mouvement social.

Construire le rapport de forces aujourd’hui c’est démontrer que dans la multiplicité des mobilisations s’affichent de façon forte et lisible les convergences entre elles, en matière de salaires, d’emploi, de démocratie sociale et de service public.

C’est ce à quoi nous entendons modestement contribuer en proposant aux Collectifs de prendre une série d’initiatives aux formes diverses sur le thème du « Printemps des Luttes Pour le Service Public », en l’ articulant dans cette approche avec toutes les actions sectorielles déjà engagées comme celles réclamant le retrait des projets de loi Bachelot, de la privatisation de La Poste, de Darcos et Pécresse.

On voit bien qu’obliger le gouvernement à entamer des négociations dans une logique de changement de politique suppose encore dans les jours à venir une hausse important du niveau de mobilisation mais de plus en plus les termes de l’enjeu sont posés avec clarté. Dans la célèbre série de Sempé le moment est venu d’entamer un nouvel épisode « IL FAUT REORIENTER LE PETIT NICOLAS » !

Et pour le bien de tous , si possible avant 2012 ! Après tout, ça s’est déjà vu qu’on rattrape des orientations erronées mais on sait qu’il faut le faire vite pour que ça réussisse, alors, n’attendons pas !

Bernard Defaix (président de Convergence) Le 11 avril 2009


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