Madame Berlusconi divorce ; "je ne peux rester aux côtés d’un homme qui fréquente des jeunes filles mineures" (Libération)

mercredi 6 mai 2009.
 

Notre site ne rend jamais compte des mariages et divorces de la "belle société". Alors, pourquoi reprendre ce papier de Libération ? parce que Berlusconi nous apparaît comme le symbole du personnel politique "libéral" pour qui seulement compte la communication et non la réalité. En particulier, Berlusconi comme les autres privilégient la communication sur les "valeurs" traditionnelles conservatrices pour garder l’électorat clérical de droite mais cela ne correspond ni à ce qu’ils pensent ni à leur mode de vie.

Samedi encore, il pensait que « Madame » allait rentrer dans le rang. Après les déclarations de son épouse Veronica Lario dénonçant publiquement, mardi, son intention de présenter des « soubrettes » de la télévision aux prochaines élections européennes (« un bric-à-brac sans pudeur qui porte atteinte à la crédibilité des femmes »), Silvio Berlusconi avait ironisé sur « la Signora embobinée par les journaux de gauche ».

Alors que les critiques provenaient aussi d’une partie de son camp politique, il avait tout de même renoncé à mettre sur les listes de son parti du Peuple de la liberté (Pdl) la plupart des showgirls préalablement sélectionnées. Il pensait ainsi avoir clos la polémique. Avec une opposition de gauche dans les cordes, Silvio Berlusconi se laissait même aller samedi après-midi à l’euphorie : « Ma popularité atteint 75,1 %. Je fais mieux qu’Obama. » C’était sans compter la colère froide de Veronica.

« Papounet »

Après dix-neuf ans de mariage, trente ans de vie commune et trois enfants ensemble, l’ancienne comédienne, âgée de 53 ans, qui a abandonné le théâtre pour se consacrer à la vie de famille, a décidé de mettre à l’épreuve l’état de grâce du numéro un italien en demandant le divorce. « J’ai été contrainte de le faire, a-t-elle confirmé à deux quotidiens, je ne peux rester aux côtés d’un homme qui fréquente des jeunes filles mineures. »

Parallèlement à la liste des « soubrettes » parrainées par son mari, le journal la Repubblica avait en effet révélé que le chef du gouvernement s’était rendu la semaine dernière à l’anniversaire d’une jolie blonde napolitaine, Noemi Letizia, qui fêtait ses 18 ans. Cette dernière a expliqué, ingénue, qu’elle l’appelait « papounet », qu’elle lui rendait souvent visite à Milan ou Rome, et que « papounet » lui avait offert un collier en or avec des brillants. « Cela m’a surprise car, bien qu’invité, il n’est jamais venu au dix-huitième anniversaire d’aucun de ses enfants », a tonné Veronica. Silvio Berlusconi s’est empêtré dans les explications. « Si, au moins, ça pouvait être sa fille », a pour sa part commenté, indignée, Veronica Lario, devenue, par ses prises de position des derniers jours, l’opposante la plus féroce à l’univers berlusconien de la politique spectacle.

Plutôt effacée, elle acceptait jusqu’à présent dans les grandes lignes le rôle d’épouse et de mère modèle, refusant celui de first lady. Depuis l’entrée en politique de Silvio Berlusconi en 1994, celle qui interdisait à ses enfants de regarder le petit écran évitait les apparitions publiques, préférant rester dans la somptueuse villa d’Arcore à cultiver son jardin et à lire Proust. Pour le patron de la droite, Veronica Lario avait ainsi pour fonction d’alimenter son image de père de famille, conformément au modèle traditionnel d’une partie de son électorat catholique, malgré un divorce d’un premier mariage et des escapades supposées. Quand, il y a deux ans, le Cavaliere avait fait la cour à la ravissante show girl Maria Carfagna (aujourd’hui ministre de l’Egalité des chances), Veronica avait, dans une lettre ouverte à la Repubblica, exigé des excuses. Silvio Berlusconi avait retourné l’affaire à son avantage en écrivant à son tour : « Je conserve ta dignité dans mon coeur comme un bien précieux, même lorsque de ma bouche sort un compliment galant, la bagatelle d’un instant. »

Indépendance

A plusieurs reprises, au cours des dernières années, Veronica Lario a toutefois manifesté des positions politiques nettement plus progressistes que son mari. Dans un livre, elle a d’ailleurs révélé qu’elle n’avait pas toujours voté pour Forza Italia. En 2003, elle fait l’éloge du mouvement pacifiste au moment même de l’intervention en Irak soutenue par le gouvernement de son mari. Plus tard , elle se prononcera en faveur de la recherche sur les cellules souches, contre l’avis de l’Eglise et de la majorité de droite. Il y a quelques années, les rumeurs allèrent même jusqu’à lui prêter une aventure sentimentale avec le philosophe et maire centre-gauche de Venise, Massimo Cacciari. Silvio Berlusconi avait réagi et ironisé au cours d’une conférence de presse avec son homologue danois, expliquant qu’il présenterait ce dernier à Veronica « parce qu’il est plus beau que Cacciari ».

De manière générale, Silvio Berlusconi s’est toujours accommodé de l’indépendance de son épouse, laquelle est actionnaire principale du quotidien de droite iconoclaste il Foglio. Ces prises de positions sans rupture définitive de Veronica lui étaient même d’une certaine façon utiles pour démontrer qu’il n’était pas le tyran décrié et qu’il acceptait la contradiction, y compris sous son toit. Hier, Veronica Lario a laissé entendre qu’elle n’avait pas divorcé plus tôt pour tenir la famille unie et a repoussé les soupçons selon lesquels des questions d’héritage seraient à l’origine de sa décision. Les sondages indiquent que les déclarations de Veronica Lario n’ont eu, avant l’annonce du divorce, aucune incidence sur l’électorat.

La séparation changera-t-elle la donne ?

D’ordinaire loquace, le Cavaliere s’est pour l’heure contenté de faire savoir que « c’est une affaire personnelle douloureuse qui rentre dans la sphère du privé et dont il me semble bon de ne pas parler ».


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